J'achète rarement des jeux day one. A part pour quelques studios, comme Botanicula, ou le prochain Xenoblade, car je suis un fan absolu du boulot des studios qui sont à l'origine de ces jeux. Et Supergiantgames fait partie de ces studios. Après avoir pris une belle claque visuelle et narrative avec l'excellent Bastion (dont je parlerai peut être dans un papier à venir) , j'attendais énormément Transistor. Car les bandes annonces montraient qu'encore une fois, Jen Zee réalisait un travail de dingue. Que Daren Korb n'avait rien perdu de sa maîtrise sonore. Et qu'on retrouverai la narration permanente chère au studio. Les interrogations se posaient sur le gameplay. Bastion était un beau jeu, un bon jeu, mais un jeu un peu chiant. Transistor serait il alors le jeu de la confirmation, ou celui qui prouverait que Supergiant resterait bloqué dans ses erreurs?

 

TRAILER PAR ICI

 

Red est chanteuse, Red est belle, Red est endormie. Red se réveille, dans un univers dystopique, une ville nommée Cloudbank, ultra connecté, cette belle jeune femme aux cheveux rouges se réveille, et va arracher d'un rocher une énorme épée, sorte de clé USB 2.0. Une épée bleue qui lui parle, le Transistor, et qui semble la connaitre. On avance, donc. Et on découvre ce monde. Ce monde ou Red à été privée de sa voix, ce monde ou un homme à l'âme enfermée dans une arme, ce monde ou une sorte de virus, le process, vous menace en permanence. Et on remonte, pour aller affronter la Camerata, une organisation qui contrôle le process. A la manière de Bastion, dans Transistor, plus on avance, plus on découvre, plus on reconstruit l'histoire.

Premier constat, Jen Zee n'a rien perdu de son talent. Pire, elle à bien progressé. Transistor est un jeu d'une beauté rare, ou tous les assets sont extrêmement travaillé, ou l'on ressent cet aspect "fait main", à chaque instant. Ou les couleurs pètent, ou les lumières sont ultra présentes. Alors, au bout de quelques heures de jeux, cette saturation peut faire mal aux yeux, et le parti pris graphique ne sera pas du gout de tout le monde. Personnellement, c'est juste mon idéal graphique, donc si j'ai un jour l'opportunité et le talent (c'est un peu plus compliqué pour le deuxième) de pouvoir faire un jeu comme ça, je fonce.

Si toute l'aventure se passe dans cette citée vide qu'est Cloudbank, la variété des ambiances lumineuses et les nombreux détails sur les sols, les ennemis ou les bâtiments arrivent à véhiculer cet impression de dépaysement qu'on avait dans Bastion. De plus, des phases 2D sublimes viennent entrecouper l'aventure, pour nous prouver encore une fois la maitrise de Jen Zee. Les illustrations des cinématiques sont absolument splendides aussi, et le chara design touche juste à chaque fois. Si on ne rencontre presque jamais d'autres personnages dans le jeu, ils ont étés désignés avec un grand soin, ce qui permet de les rendre extrêmement charismatiques. Que ce soit pour la Camerata ou non d'ailleurs, car les personnes "dans" le transistor disposent elles aussi d'une illustration de toute beauté. Seul défaut, a mon sens, et c'est encore une fois dommage qu'il soit le même que dans Bastion, l'interface est trop chargé et relativement peu claire. Elle se perd trop en ornements et en couleurs et oublie une facilité de compréhension élémentaire, qui donne les premiers temps l'impression de ne pas comprendre les menus. Quelques exemples ci dessous.

La est la force, à mon sens, de ce jeu. Il arrive à créer des personnages extrêmement charismatique avec du vide. L'histoire de Transistor, on ne la connais finalement que par les voix off de jeu, celle de l'épée tout d'abord, qui comme dans bastion commente incessamment nos actions, ou celles des membres de la Camerata. Le doublage, excellent sur tous les points, participe évidemment à la puissance que dégagent ces nombreux personnages. Et puis il y a les nombreux terminaux de cloudbank, sorte d'ordinateur nous permettant de sauvegarder mais aussi d'apprendre de nombreuses choses sur le monde de Red. Et plus on lit, plus on découvre, forcément.

Maintenant, au niveau gameplay, qu'en est il?

Transistor, c’est un jeu linéaire, très linéaire, tout comme bastion l'était. L’inconvénient, c'est qu'une certaine lassitude ou répétitivité peut s'installer (que je n'ai pas ressentie de mon coté, tant le jeu m'a happé, mais certains amis m'ont fait la remarque). L'avantage, c'est que Supergiant contrôle parfaitement le rythme et les ambiances que le joueur rencontrera. On alterne donc entre déplacement et combat. La phase de combat est d'ailleurs assez particulière, mais vous vous en êtes certainement rendu compte sur le trailer. Quand on engage le combat, on peux, d'une pression de gâchette, actionner la fonction turn, qui nous permet de programmer nos actions pour ensuite les exécuter à une vitesse hallucinante. Lors de la fin de ce turn, vous vous faites généralement éclater la gueule, et il faudra vous planquer pour rechercher votre turn. Red a plusieurs capacités, au nombre de quatre équipables.

Ces capacités disposent d'une fonction passive, active et secondaire, et en fonction du slot ou vous le placez dans votre inventaire (principal, secondaire ou passive donc), elle aura des fonctions différentes. En sachant que chaque capacité réagit en fonction de ce à quoi elle est associé.  Bref, c'est la foire à combo. Bien sur, les ennemis seront variés et auront des comportement différents, il faudra choisir lequel éliminer en premier pour se faciliter la tâche, tenter de les attquer au maximum par derrière pour leur infliger encore plus de dégats, et surtout, ne pas oublier de vite ramasser les cellules obtenues lors de la destruction de ceux ci afin d'éviter leur repop. Comme les vidéos de gameplay expliqueront beaucoup mieux que moi le système de combat, je vais me contenter d'exprimer mon ressenti sur celui ci. Transistor m’inquiétait au niveau de son gameplay, et, je l'ai dit plus haut, j'avais peur de me retrouver avec un jeu beau, mais chiant. Au final, j'ai pris un plaisir dingue sur ces phases, tant elles sont dynamiques. Je me suis éclaté sur les défis de l'île déserte (l'équivalent des zones d'entrainement de Bastion).

J'ai trippé dans les phases de boss et à la fin du jeu, surtout après avoir rajouté des limiteurs. Car, encore une fois, comme dans Bastion, Transistor est assez facile (la mort n'a pour effet que d'interdire l'utilisation de votre arme principale pendant un certain nombre de checkpoint) et ne propose pas de modes de difficulté. C'est donc au joueur, via des limiteurs, de s'imposer, si il le souhaite, des problèmes, en augmentant par exemple le taux de repop des ennemis, leur résistance, en enlevant toute indication de dégâts ou en leur permettant de créer des zones dans lesquelles vous ne pouvez pas vous déplacer. Le new game plus m'a également donné l'occasion de pousser ce gameplay loin, et de vraiment m'éclater comme un dingue. Les boss, à défauts d'être incroyable au niveau du gameplay, le sont visuellement, et toujours accompagnés de thèmes incroyables. Le contrat est rempli.

Musicalement aussi, le contrat est rempli. Bien rempli. Très bien rempli même. Darren Korb, unanimement reconnu comme un grand compositeur après l'OST de bastion (putaing, ça défonce quand même) revient aux manettes en compagnie d'Ashley Barrett pour une BO de folie. J'aurais du mal à la décrire, car elle est très liée aux événements du jeu, mais rien qu'a son écoute vous serez convaincu qu'elle défonce. Niveau durée de vie, Transistor est assez cours, comptez entre 4 et 5h. Etant rentrée dans une logique de consommation différente depuis quelques années avec les soldes steam, ou j'achète un jeu au prix fort parcqu'il me fait envie sans me soucier de la durée de vie, car dans le cas contraire j'attend une réduction, ça ne m'a pas dérangé.

4h30 de jeu après le lancement de l'épopée de Red, donc, j'en terminait avec cette histoire. Alors oui, ce fut cours, mais tellement intense. Tellement rythmé. Tellement beau. Je termine Transistor sur un superbe générique illustré encore une fois par Jen Zee et tout son talent. Avec une musique de dingue. Si j'était déçu par le combat final, la fin du périple de Red m'a beaucoup touché, et en en discutant avec des amis, je me suis bien rendu compte que je n'étais pas le seul. Je n'en dit pas plus. Pour moi, Transistor est une référence. Une référence au niveau sonore, visuel, narratif. Et si il ne deviendra pas forcément un jeu culte pour tout le monde, il le sera pour moi. Et ce serait dommage, je pense, de passer à coté.

 

Des amis et moi s'étions lancé le défi de faire quelque chose pour la sortie de Transistor. Voici trois fanarts donc, le premier de Shuu, le deuxième de Zellk, le troisième de moi même.