Préambule

Devant la levée de bouclier et le lynchage médiatique du dernier volet de la saga on pouvait s'attendre à une nullité sans nom, titillant le fond de l'abime vidéo-ludique.

A la sortie de la démo il m'avait même été pénible de jouer à cette dernière tant j'avais d'appréhension...

A la sortie du jeu en Octobre dernier un énorme doute m'a frappé : « Et si pour une fois je n'achetais pas un Resident Evil ?».  C'était décidé : j'attendrai une baisse de prix et plusieurs mois avant de me plonger dans l'horreur à tout point de vue... Attente pas si facile que ça et c'est en assumant ma volonté de brin d'herbe que je me suis rendu au Micromania le plus proche pour y quérir Resident Evil 6 dès le lendemain.

Je pose le jeu sur la caisse et fait preuve d'auto dérision semi contrôlée pour éviter les railleries du vendeur :

« Ouais je sais qu'il est nul, mais je le prends car je suis fan... Et pigeon aussi !»

« Vous verrez il n'est pas si mal que ça si on évite de lire les critiques ».

 Fort de cette dernière phrase je rentre à brides abattues à la maison pour tester la bête. Paf le jeu se lance et l'affreux logo de RE6 (l'homme girafe) apparait devant moi. Je sélectionne rapidement la campagne de Léon et me plonge dans la première campagne... 5 ou 6 heures plus tard le générique tombe avec la fin de ce premier scénario.

« Ouais c'est vrai c'est pas mal, y'a même de sérieux bons moments ! » me dis-je en me décapsulant une bière. Et avant même que la mousse ne retombe, je lance la campagne de Chris que l'on m'a tantôt comptée comme naze tantôt comme best one. Mais cette campagne s'avère complètement différente et du coup me donne l'impression de jouer à un autre jeu : « cool c'est le coté James Cameron avec plus d'explosion ! ».

6h et 3 bières plus tard, toujours le même sentiment : « A part quelque longueur et 2 ou 3 moments WTF, ça se laisse jouer sans soucis ! Et la fin est même géniale, racontais-je à mon chat complètement blasé à mes cotés ».

Par contre pour la suite j'ai un peu pesté je l'avoue. La campagne de Jake commence bien mais le début du chapitre 2 a failli me dégouter définitivement, la faute à une jouabilité archaïque.  Heureusement que j'ai terminé le scénario qui finalement n'est pas si mal !

« Il ne me reste plus que celui d'Ada et j'en aurai fini du jeu... Et Heureusement car cela fait bientôt 15h que je joue et mon canapé en cuir commence à avoir la forme de mes fesses ».

Le scénario d'Ada terminé, le constat est sans appel : j'ai aimé.

 

Oui mais pourquoi ?

Ais-je été influencé par le vendeur/gourou de Micromania ? Mon niveau d'exigence est-il descendu avec le niveau des productions de Capcom ?

 Et bien rien de tout ça en fait. Tout simplement Resident Evil 6 est un bon jeu qui en donne, certes qui se loupe par moment, mais qui a le mérite de proposer 4 campagnes distinctes avec entrecroisements scénaristiques.

« OK  voir un T-Rex faire des salto pour détruire un hélicoptère, sauter du haut d'un gratte ciel avec une moto ou piloter un avion de chasse ne fait pas très Resident Evil et on est très loin de l'intimisme des premiers opus mais est-ce un mal ? » argumentais-je à mon chat en lui servant ses croquettes.

Ben oui car voyez vous le virus a évolué donc maintenant on ne peut plus se contenter de parcourir de long en large un vieux manoir aussi accueillant et chaleureux soit-il : Maintenant il faut un Hummer, un hélico et une escouade...

 

Technique

Techniquement RE6 est loin d'être à la ramasse, les graphismes sont même bons mais c'est rigide et loin de la maniabilité de Gears of War. Les bugs de collisions sont cependant assez rares et une fois bien assimilé le cover système n'est plus aussi abominable qu'il n'y parait !

 Personnages

Le character design et le principe du duo (déjà présent dans RE5 et Revelation) est bien réussi même si Piers et Jake surclassent complètement Sherry et la pauvre Helena (on est loin de Jill Valentine ou Claire Redfield...).

 Multi

Le jeu est donc entièrement faisable en coopération mais  je l'ai fait en solo du coup difficile de se prononcer là dessus. Il y a aussi un mode Mercenaries que je n'ai pas testé faute de temps.

 Level Design

Coté level design il y a une belle modélisation de la Chine, du pays de l'est visité par Chris et la base sous marine (ainsi que le sous marin) rappelle les bons souvenirs de l'excellent Revelation sur 3DS. Certaines répétitions auraient certes pu être évitées (trouver 3 clés, trouver 3 codes, trouver 3 cartes mémoire : une fois ça va !) ainsi que les passages qui n'apportent clairement pas grand-chose à part des défauts (Moto neige, porte avion...)...

 

« On est quand même loin de la bouse cosmique décrite sur l'internet tu vois » tentais-je d'expliquer à mon chat pendant que je pliais mon linge.

 

C'était mieux avant ou pas ?

Mais voilà RE6 déçoit les fans de survival horror, ceux là même qui auraient crié au manque de nouveauté si l'on avait retrouvé Chris et Léon dans un château perdu avec des Dobermans et des Lickers.

 

Resident Evil devait évoluer pour répondre aux nouvelles attentes du genre TPS, genre que la saga a elle-même fait évoluer grandement avec RE4 (qui lui aussi avait eu des détracteurs). On peut maintenant tirer en se déplaçant, faire des pas sur le coté et recharger en courant sans passer par un menu, le changement d'arme est également plus intuitif et rapide. L'inventaire est également repensé avec la possibilité de trimbaler un arsenal militaire très conséquent à l'ancienne.

 

BREF

 

Après avoir inspiré de nombreux jeux, Resident Evil s'inspire des jeux actuels, certes pas toujours avec brio mais il en faudrait beaucoup plus pour le qualifier de daube de l'année, critique négative arrivée même avant sa sortie (en fait depuis les premières images de l'E3 2011).

Mis à part quelques passages (en gros 2 ou 3 chapitres sur les 20 et encore) Resident Evil 6 assume son statut de blockbuster. Il n'est certes plus un survival horror mais le genre a évolué lui aussi et on pourrait le qualifier de TPS post apocalyptique. Comme un AlienS (de James Cameron) l'action a pris le dessus sans pour autant hotter l'aspect identitaire du jeu. Dead Space 3 semble lui aussi prendre ce chemin qui est peut être tout simplement la destinée de ce type de licence...

Pourquoi bouder son plaisir en se réfugiant dans un passé révolu ? Quel aurait été l'accueil si le jeu avait été « comme avant » ? Telles sont les questions qu'il faut maintenant se poser...