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En 1996, Resident Evil premier du nom inventait l'expression
de Survival Horror par l'intermédiaire d'une phrase servant à occuper un loading : « Enter the world of survival horror... ». Si en des termes
historiques le véritable inventeur du genre reste et restera Frédéric
Raynal en 1992 avec son Alone in the Dark, Resident Evil en a fait un
genre à part entière. Qui n'a pas frissonné devant le premier zombie et
son regard glacial ? Qui n'a pas sursauté à l'arrivée du premier chien ? Toutefois, après une longue carrière et surtout de lourds changements,
que reste-t-il de Biohazard ?

Un Survival, qu'est-ce que c'est ? Je ne vous ferai pas de
définition académique mais plutôt personnelle. Je suis un froussard qui
ne joue que par très courtes sessions, de jour et accompagné si
possible. J'exagère sans doute mais c'est un peu ça, je ne suis pas un
adorateur du genre. Pour moi, le survival c'est la solitude, un
personnage abandonné ou à la recherche de quelqu'un de cher. C'est
surtout une sensation de faiblesse, l'impression d'être complètement
démuni et de ne pas pouvoir faire face à ce qui m'attend. Le manque de
moyens est d'ailleurs caractéristique entre une planche cloutée (si je
l'ai arrachée avec), un appareil photo ou tout simplement mes jambes
pour les prendre à mon cou... Sans être réducteur, j'inclurai les armes à feu mais en quantités limitées et surtout des munitions précieuses et
très rares. Voici ma vision du survival, le genre stressant et non une
histoire de zombies tout simplement.

Le genre a ses titres clé comme Silent Hill ou Resident Evil
qui sont toujours en activité, Alone in the Dark est revenu, Siren ou
Project Zero sont passés par là. Je pourrai même citer Alan Wake qui
débarque enfin après cinq ans de gestation. Les points communs ? Sombres et même souvent de nuit, un personnage solitaire et souvent même un
civil... sauf dans Resident Evil finalement qui avait opté dès le départ pour une formule mettant en scène des personnages rodés au gun
shooting. Heureusement, le gameplay rigide des années 90 faisait son
œuvre. Le genre se nourrissait de votre stress et qu'y a-t-il de mieux
pour cela qu'un personnage qui tourne sur lui même pour changer de
direction. Tellement de stress en somme que les salles de sauvegarde
jouaient réellement leur rôle de havre de paix. A l'époque, il y avait
des salles de sauvegarde... véridique...

Resident Evil 4... le
coup de pied dans la fourmilière... le coup de Desert Eagle dans le
Nemesis. Avec Biohazard 4, et après avoir abandonné le premier projet
fantomatique qui pour sa part foutait vraiment les boules, Capcom
reprend l'enveloppe, le nom, le background et efface tout le reste. Mais si l'on peut l'attaquer légitimement d'avoir chamboulé la licence,
c'est Shinji Mikami qui en est le responsable, réalisateur de chaque
épisode jusque là. Le résultat ? Un savant lifting donnant du punch à
une série qui en manquait cruellement face aux nouveautés des années
2000 tout en préservant les fondements de ce que l'on appelait
Biohazard.

 

 

Mais après le départ de l'ami Shinji de
chez Capcom, bien décidé à mettre fin à ses jours sur https://www.mikami-project.com/ depuis, c'est Jun Takeuchi qui reprend le flambeau. Producteur
notamment d'Onimusha 3 ou encore Lost Planet, c'est un membre familier
de la série horrifique qui décide de ramener Chris Redfield sur le
devant de la scène. Riche du succès de RE 4 et du retour gagnant de Leon S Kenedy plus vif que jamais, l'homme nous annonce un jeu en terre
Africaine avec un héros bourré aux hormones. Chris fait donc son retour, mais en terre inconnue, il lui faut une guide et c'est bien là que
démarre... le drame... Sheva, la partenaire de Chris, symbole d'une
époque où un jeu solo est un jeu raté. De nos jours nous ne pouvons
concevoir un jeu sans mode coopératif, sans mode en ligne. Pour cette
raison, le jeu se fait à deux, en ligne ou en local (une prouesse de nos jours) ou bien en solo, mais à quel prix.

Si à deux l'aventure est savoureuse même si l'on ne flippe
pas un seul instant, tout seul c'est une autre paire de manches. Sheva
est victime d'une programmation lamentable, capable de courir sur vos
pièges voire même de retirer une mine que vous veniez de positionner
pour la déposer dans son inventaire... un comble. Rarement efficace,
souvent au mauvais endroit, votre partenaire est la plus grande source
de stress dans l'aventure. D'ailleurs c'est bien simple, votre seule
préoccupation sera de trouver quelqu'un pour jouer avec vous et faire de cet élément instable un atout dans votre réussite. Pourtant, alors
qu'elle vous pèse en solo rendant le jeu particulièrement corsé, à deux
c'est trop facile. Nos colosses enchaînent les headshots, les grands
coup de pied retournés, les saltos... les troupes d'élite ça va un
moment mais à la fin ça écœure. En plus de cela, le jeu est découpé en
chapitres et à chaque fin de section, on sauvegarde, on booste nos armes pour pouvoir y mettre encore plus de balles que l'on trouve à profusion chez le boucher du coin entre deux horloges dorées et des pierres
précieuses. Si vous vous souvenez de ma définition du Survival un peu
plus haut, vous conviendrez que ça n'a rien à voir...

Finalement Resident Evil 5 n'a pour rapport avec ses aînés que son background.
Profondément changée, la recette s'est perdue au profit d'un nouveau jeu d'action venu alimenter un marché qui ne demande que ça. D'ailleurs, si les critiques n'ont pas toujours été tendres, le jeu s'est quand même
très bien vendu et poursuit sur sa lancée avec une Gold Edition sortie à prix réduit et regroupant tous les DLC. Seul point noir, les vieilles
sauvegardes ne sont pas compatibles et nécessitent le patch 2.0 mais les deux joueurs en ligne ne sont pas obligés de disposer des versions
gold. Est-ce que Capcom ira au bout en finissant par remettre encore le
soft sur le devant de la scène avec le PS Move comme annoncé l'an
dernier ? N'en doutons pas car la licence reste particulièrement juteuse et patientons jusqu'au 6 qui ne sera pas produit par Takeuchi,
probablement usé par les critiques, et qui s'annonce, encore une fois,
comme une révolution de la série.