Je trouve qu'on se plaint beaucoup quand même. Il fait trop chaud, trop froid, ma maison est innondée, machin est mort, j'ai le soleil dans les yeux, la Wii U se vend pas, Florent Pagny s'est pas retourné, je crois qu'il est temps de relativiser un peu. En ce moment même, il y a peut-être une civilisation entière qui se fait aspirer par un trou noir, des gens qui ont deux soleils dans les yeux, qui vivent sur une planète à la Waterwold (et sans Kévin Costner), qui se tapent des pluies d'acide sulfurique (comme sur Vénus) ou des vents de 2200 km/h (comme sur Neptune). Mais ça on n'en parle jamais. On dirait que tout le monde s'en fout. Tenez, pas plus tard qu'hier, alors que j'explorais le centre de la voie lactée à la recherche d'un trou noir supermassif, je suis tombé sur des systèmes vraiment pourris. C'est bien simple, pas moyen de trouver une planète convenable. Quand c'est pas les 400 degrés à l'ombre, c'est la glace ; quand c'est pas les cyclones géants, c'est la pression atmosphèrique qui écrase les gens et quand enfin on trouve un coin un peu tempéré, pas moyen de trouver un Kebab. Nan vraiment, je vous assure qu'on a eu du bol il y a 4.6 milliards d'années. Attention, je ne dis pas que nous sommes les seuls à avoir une planète cool. Je peux même vous dire qu'il y a des bouts de cailloux sympa à quelques années lumières d'ici. Comment je le sais ? J'ai installé SpaceEngine sur mon PC.

A mi-chemin entre Wallpaper Simulator et les phases de gameplay intéressantes de Mass Effect (sonder les planètes et faire des backflip en Mako), SpaceEngine est en train de prendre forme sous l'impulsion d'un Russe (Vladimir Romanyuk) qui, sous l'effet de l'alcool, s'est certainement exclamé : "moi je vais simuler l'univers de manière procédurale et même qu'on pourra jouer en multi, piloter des vaisseaux, explorer la surface de toutes les planètes, mener des expéditions scientifiques et toussa toussa." L'histoire aurait pu s'arrêter là, mais une armée d'êtres humains au nom imprononçable a visiblement pris le bonhomme au mot. Si bien qu'après plusieurs mois à essayer de faire rentrer l'univers dans 800 Mo, nous voici avec une version bêta "jouable", jolie, relativement riche, mais surtout très excitante.

Mako : The Video Game

Pris comme un simple univers interactif, SpaceEngine est déjà assez complet et passionnant pour vous occuper quelques heures. Après, si vous n'êtes pas trop branché astronomie, ça risque de vous gonfler assez rapidement, mais si comme moi vous pouvez passer deux ou trois heures à chercher un putain de trou noir et qu'une naine blanche vous évoque autre chose que Mimy Mathy, je crois que vous pouvez y aller. Il manque bien sûr encore pas mal de choses (télescopes, satellites, sondes, multijoueurs, rover, modélisation convenable des planètes de notre système solaire, astronautes, colonisation, combats...), mais étant donné que c'est exactement ce que les développeurs prévoient au final, on se dit que Dieu existe, on commence à aller à la messe le dimanche, à aimer son prochain et puis on réalise qu'il est vachement swag en fait le pape François. Puis vient le dimanche de trop. Il est dix heures et on se met à peser le pour et le contre : rester écouter Cyril Hanouna sur Europe 1 et attendre l'histoire de Pierre Bellemare ou aller se les geler dans une église pendant une heure à écouter un mec en robe nous raconter le "Prince d'Egypte ou "La Passion du Christ" en vachement moins bien ? Il est 11:30 heures, l'histoire de Pierre Bellemare était pas top, mais je suis tombé sur une exoplanète bien classe dans SpaceEngine.

 

Russie/Espace : endroit très grand où il vaut mieux porter un pull pour sortir

Il est donc temps de prendre un screenshot et de remplacer cette colline verte un brin lassante. Pour cela, direction les options et la partie commandes où à peu près 256 raccourcis claviers vous attendent sagement. On essaye alors d'en retenir quelqu'un (rechercher, centrer, aller vers, afficher les astres...) et on se contente de l'interface pour le reste. Le tout reste relativement simple à prendre en main si on veut seulement se promener peinard à la vitesse de la lumière (quatre directions + souris), mais il est possible - en fouillant à peine - d'accéder à pas mal de données scientifiques (atmosphère, masse, taille, composition, température, cycle...), informations (histoire, anecdotes) et outils pour la plupart dispensables. Le commun des mortels s'amusera avec finalement peu de choses : accélérer le temps, atterrir et tourner autour. Il est également possible de piloter des vaisseaux moches, mais on sent clairement que ça a été intégré un peu à l'arrache pour l'instant. Je rappelle de toute façon qu'il s'agit d'une version bêta gratos (le jeu est "vendu" comme un free-to-play) donc difficile de râler. Ce n'est pas toujours fluide, ça plante parfois, mais je suppose que ce sont des choses qui arrivent lorsque des Russes décident de mettre tout plein de galaxies dans un PC.

Pour info, SpaceEngine arrivera un jour Steam (il vient d'être Greenlighté), mais vous pouvez vous rendre sur le site officiel pour télécharger la dernière version qui permet, entre-autre, de partir chasser le trou noir comme tout bon trappeur de la NASA qui se respecte. J'ai aussi pensé à tous ceux qui n'ont qu'une Game Boy Color ou qui veulent juste des fonds d'écrans capturés à la main par un artisan nomand agréé par l'Office National des Fonds d'Ecran de France (ONFEF). Oui je sais, la résolution n'a aucun sens (le mode fenêtré sûrement), mais je vous rappelle que des gens se font actuellement engloutir par leur soleil donc on... on re... on rela... on relativise putain.

BONUS : les titres auxquels vous avez échappé

SpaceEngine : ici la voie lactée
SpaceEngine : Super (Mamie) Nova
SpaceEngine : Faster Vannes Light
SpaceEngine : Haley plus haut
SpaceEngine : Super Mariole Galaxie
SpaceEngine : Star Trique
SpaceEngine : l'article sans gravité
SpaceEngine : Shift+F sa bonne étoile