Un design (trop) épuré ?

Une chose est certaine, la ligne
graphique du titre tient en un mot : épuré. Le menu en témoigne, mais pas
seulement.  Les premières secondes du
titre nous évoquent sans le moindre doute un lointain cousin du nom d'Okami,
mais la comparaison en restera là, puisque rien parmi le gameplay ou la
narration ne reliera les deux titres, si ce n'est cette première impression
dégagée par la patte graphique.

La démo commence donc dans un environnement sombre et épuré,
pour ne pas dire sans relief. Si le style artistique est appréciable, on en
vient très vite à le regretter, tant son intégration avec le level design tend
à compliquer un peu les choses. En effet sans contour, ni relief,
ni texture, il est souvent difficile d'évaluer les distances, et même d'interpréter
le décor ! Une tâche un peu plus sombre au sol peut s'avérer être un banal
trou, tandis qu'une autre sera bel et bien une surface solide sur laquelle s'appuyer.  De quoi devenir dingue lors des quelques
phases de plateformes 3D offertes par le titre. 

Failed ou pas ? Tout dépend de votre
notion de perspective...
 

Au bout de quelques chutes, l'œil
devient vigilant, mais il faudra se faire à cette idée : dans El Shaddai,
il faudra prêter une réelle attention aux décors pour appréhender les distances
et comprendre le design du niveau, au-delà de la simple appréciation graphique.

 

 

« Tout bien réfléchit,  vous me
mettrez un allez simple pour l'Enfer »

Cotés couleurs, le tout reste très sombre, dépouillé et
légèrement glauque. Un contraste étonnant avec la lumière éclatante
quasi-paradisiaque du menu (A ce sujet ne restez pas sur le menu dans une pièce
trop sombre, vous pourriez avoir l'impression de vivre une « expérience de
mort imminente »).  La modélisation des personnages semble quant à elle d'un
autre âge. Maintenant que le miracle photoshop n'est plus, on ne peut que s'en
rendre particulièrement compte... 

Rigolez, moquez-vous tant que vous le pouvez, mais cette chose
disproportionnée se vengera bien assez tôt en vous collant une branlée.


Enfin, l'ambiance musicale à consonance biblique légère et sombre
n'est pas sans rappeler les trips les plus LCDiques de notre ami pilote de l'Eva
01 au cours des derniers épisodes de la célèbre série Evangelion.  

Cette image n'est pas tirée de la démo, mais quand je vous parle de la
musique d'Evangelion, c'est parce que la musique n'est pas la seule à m'évoquer
la célèbre série... ^^

 

Gameplay

 

Premier point important, El
Shaddai nous propose tantôt d'explorer des niveaux en 3D, tantôt d'évoluer en
plateforme 2D brute. Si cela présente pour certains l'avantage de cumuler 2
plaisirs, et qu'avouons-le, la phase 2D est plutôt bien foutue, j'avoue ne pas
avoir saisi le rapport entre les 2. Un peu comme si vous alliez au resto et qu'après
avoir commandé un menu gastronomique, on vous balançait une assiette de frites à
la gueule sous prétexte que vous adorez ça d'habitude...

Du point de vue jouabilité 3D, on retrouve donc un héros évoluant
dans un univers un peu macabre, capable de sauter, donner des coups, en parer,
charger et...c'est à peu près tout pour l'instant. Fait important, il peut s'approprier
l'arme des adversaires vaincus. Si dans la démo, le nombre d'armes ainsi
obtenues se limite à 2, on se doute que dans la version finale il faudra
choisir avec parcimonie son outil de bataille, car chaque ennemi semble
disposer d'une sensibilité différente. Cependant chaque acquisition d'arme semble
se faire au détriment de l'ancienne, la stratégie est donc de mise.

 

On relèvera aussi le changement de couleur des armes, tantôt
vertes, tantôt rougeâtres, en fonction de la manière dont vous les utilisez. A
tout moment vous pouvez rendre à votre arme sa loupiotte verte d'entant, mais
il vous faudra pour cela vous maintenir suffisamment éloigné de ces saletés de
démons qui vous assaillent, car la manipulation est un peu longue.  Quant à l'influence de ces couleurs...excellente
question ! Les explications ne fourmillent pas dans cette démo, qui plus
est 100% japonaise.  

Coté gestion de la vie, El Shaddai opte pour un système
visuel qui a déjà fait ses preuves : le strip-tease. Plus vous êtes mal en
point, plus votre héros se retrouve à poil. Alors pour les âmes sensibles qui
ne souhaitent pas voir apparaitre soudainement une grosse paire de testicules
moulées dans un reste de jean sur leur écran, essayez de ne pas trop vous faire
déboiter.  Lorsque vous êtes sur le point
d'y rester, les contours de l'écran prennent une teinte sanguinolente :
bref du classique.

Pas de soucis, les ennemis ne se retrouvent pas totalement à poil une
fois vaincus...


Difficile pour moi de vous parler du système de combat de
manière plus poussée : Il est apparemment question de rythme ici, mais le
manque d'explications et de combos parlant visuellement rend toute distinction
difficile. Notons toutefois que la difficulté est belle et bien présente
(difficile de finir la démo sans casser sa pipe!) , et que la garde n'est pas
fait pour les chiens, ce qui pourrait poser problème dans un jeu aux coups
basés sur le rythme...

En 2D, le jeu s'avère bien plus classique. Une jolie 2D, la
possibilité de courir sur des vagues de sables, un environnement qui change au
fil de votre progression. Du joli, mais quand est-il de l'intêret de ces phases
en 2D ? Mystère et boule de poil...

Des phases 2D destinées à montrer que notre héros est un peu moins
branque pour sauter quand il est en défilement horizontal ? 

 

Conclusion

Des impressions en demi-teinte. Certes, l'univers est
original... Mais le gameplay manque cruellement de relief, et faire de l'originalité
pour l'originalité n'apporte jamais rien de bon. El Shaddai, c'est un peu la
choucroute du jeu-vidéo : des ingrédients qu'on n'imagine pas forcément ensemble,
qui dans quelques semaines formeront un plat. Et comme chacun le sait, tout le
monde n'aime pas forcément la choucroute... Wait and See, l'avenir parlera pour
nous (et les testeurs Gameblog aussi, on l'espère !).