Attention, attention, cet article contient de très nombreux spoils.

Il n'est un secret pour personne que God of War 3 est un jeu violent, très violent. Le gore à outrance a toujours été l'une des marques de fabrique de la série. Marque qui atteint son paroxysme lors du troisième volet, véritable hymne à la boucherie.

Un (tout) petit peu d'histoire.

Alors bien entendu, God of War n'est pas le premier jeu à s'appuyer sur des hectolitres de sang pour émoustiller le joueur, loin de là. En effet, l'un des pionniers en la matière est bien sûr la saga des Doom. Le mythique bébé d'ID Software, en plus d'avoir contribué à créer le genre FPS, a également servi à démocratiser la surenchère d'hémoglobine. Tendance qui c'est peu à peu étendue à la quasi-totalité des styles de jeux : survival horror, action/aventure et bien évidemment les beat them all.                                                    Toutefois il faut bien remarquer que toute cette violence n'est pas gratuite, ou pas entièrement en tout cas. Elle tend généralement à renforcer l'immersion, afin de mieux nous faire flipper par exemple, ou, tout simplement pour rendre l'expérience de jeux plus crédible. Alors bien évidemment, tous les jeux n'ont pas la vocation d'être réaliste, heureusement d'ailleurs, et certains préfèrent allègrement jouer la carte du second degré. C'est notamment le cas de la série des Devil May Cry, plus précisément des épisodes 1 et 3. Le héros Dante, de part ses origines démoniaques, à l'immense privilège d'être pratiquement immortel. Les développeurs n'ont alors pas hésité à lui faire subir les pires supplices dans d'immenses giclées de sang, l'ensemble se voulant plus comique qu'autre chose. Ce coté décalé, très inspiré de l'humour du réalisateur Tarantino, semble avoir le vent en poupe. Notamment avec des productions plus actuelles, à l'instar de Mad World ou des No More Heroes, les mises à mort dans d'énormes gerbes de sang étant les vraies stars du jeu.                                                                                                                            On constate également, que grâce à des consoles toujours plus puissantes, les développeurs prennent un malin plaisir à faire des titres de plus en plus trash, avec une représentation graphique de la violence de plus en plus précise. C'est ainsi, qu'en 2008, nous nous sommes retrouvés avec l'un des jeux les plus trash, et les plus flippants de la création : le bien nommé Dead Space. Les petit gars de chez Visceral Games ont effectué un véritable travail d'orfèvre au niveau de l'ambiance. Non content de nous faire méchamment flipper devant notre console, le jeu se nourrit avec délectation des nombreuses mises à mort du héros, toutes plus abominables les unes que les autres. C'est dans ce contexte que débarque God of War 3, et il compte bien apporter sa pierre à l'édifice, en allant encore plus loin dans le macabre. Explications.

Beauté macabre.

Se déroulant à l'époque de la Grèce antique, la série des God of War a su largement s'inspirer de la violence, et de la barbarie mythologique enveloppant cette période. Le héros Kratos, en est d'ailleurs le parfait représentant. Un spartiate brutal et sanguinaire, pensant autant avec ses muscles que son entrejambe, capable des pires atrocités.
Les deux premiers volets étant devenus de véritables références, faire encore mieux n'était pas chose aisé. Toutefois, le titre s'en sort à merveille, en proposant une recette des plus classiques, mais diablement efficace : la surenchère à tous point de vu. Beaucoup plus beau (PS3 oblige), plus rapide, plus malsain, plus violent, plus fluide, plus jouissif, presque plus long. Les développeurs ont été pris d'une véritable folie des grandeurs, sans délaisser aucuns des aspects du jeu.
Logiquement, la première chose qui frappe est la réalisation graphique tout simplement époustouflante. De la modélisation des personnages d'un réalisme saisissant, à l'animation juste exempte de défauts, en passant par les décors qui caressent agréablement la rétine, le jeu n'en finira pas de vous en mettre plein la tronche. Toutefois, après seulement quelques minutes de jeu et la défaite de Poséidon, le premier boss à subir le courroux de Kratos, un nouvel élément vient me frapper en plein visage. Certes les graphismes sont renversants, mais d'un autre côté, ils sont tout simplement ignobles. Je m'explique. Le travail réalisé  au niveau des impacts, des blessures et des exécutions est si réaliste et précis que l'ensemble en devient presque dérangeant. Le charcutage de masse que nous propose le titre, et les hectolitres de sang versé, ne sont certainement pas là pour faire jouer la carte d'un quelconque second degré. Je pense plutôt qu'il s'agit de passer un cap au niveau de la violence graphique, de s'aventurer plus loin que quiconque, pour toujours plus choquer. Ce qui donne au passage une autre raison aux joueurs de piaffer d'impatience, devant ce qui est à ce jour l'un des jeux les plus violents et sanglant de l'histoire. C'est également l'occasion  d'orienter le soft de façon définitive, et on ne peut plus claire vers un public de plus en plus friand de violence gratuite, à l'image de ce que l'on peut voir dans des films tel que Saw ou Hostel.  Néanmoins, force est de constater, que même si le résultat ferait aisément ressortir le quatre heure des âmes les plus sensibles, l'accentuation  excessive de cet aspect du jeu colle parfaitement avec l'esprit de la saga, et surtout du monstre de spartiate qui nous sert de héros. C'est ainsi qu'après la phase de « malaise », par laquelle tout individu saint d'esprit devrai passer, le dégout laisse place à une sorte de jubilation et de plaisir  malsain, suivit d'un sentiment de puissance jusque-là inégalé. Par ailleurs,  malgré son côté barbare bien présent, le titre de Santa Monica ne manque pas d'un certain sens artistique. Les différents points de vu proposés se révèlent souvent ahurissants, et les énormes giclées de sang contrastent à merveille avec les somptueux décors dépeints en arrière-plan, pour un plaisir des yeux toujours renouvelé (eh ouai faut pas oublier qu'il crapahute sur le Mt Olympe l'autre zouave).                                             

Toujours plus fort, toujours plus gore.

Comme on pouvait s'en douter, la surenchère de violence ne s'est pas arrêtée aux graphismes, et la maniabilité a logiquement subi le même traitement. Alors si on n'assiste nullement à une révolution, on ne peut qu'être enchanté par les « subtils » ajouts apportés, d'autant plus qu'ils s'inscrivent parfaitement dans cette boucherie à très grande échelle, apte à véhiculer un tas d'émotions fortes. Ainsi, l'arrivée de nouvelles armes aux capacités et pouvoirs propres permet de grandement varier les plaisirs, en plus de réaliser des combinaisons parfaitement hallucinantes.  Les nouveaux coups disponibles ne font bien évidemment pas dans la dentelle. Entre un lancer de lames entre les omoplates, suivit d'un splendide coup d'épaule, et la faculté de se servir des monstres de bas étages à la fois comme bouclier humain et ballon de rugby, le moins qu'on puisse dire c'est qu'on s'éclate.

Et quand il s'agit de massacre, les Quick Time Event (QTE), autre marque de fabrique de la série, ne sont pas en reste non plus. A croire que leur nombre n'était  pas suffisant dans les anciens volets, car on assiste ici à un véritable raz de marée d'actions contextuelles. Bien plus longues et diversifiées qu'auparavant, elles se révèlent également sensiblement plus cruelles et sadiques. Au cœur du combat, Kratos nous dévoile toute l'étendue de sa rage et de sa bestialité, et on peut sérieusement se demander si ce type est encore humain. Après l'avoir vu lacérer, broyer, fracasser, démembrer, décapiter et éventrer ses ennemis, et dans les moindres détails s'il vous plaît, on s'attend presque à le voir sauter sur ses victimes et les bouffer toutes crues, c'est vous dire. Dans ces conditions, il ne faut pas s'étonner de régulièrement finir recouvert de sang de la tête aux pieds, vestige de la férocité de notre animal. Et dans le genre on fait plus trash que tout le monde, je vous présente Cronos. Enfin plutôt son ongle arraché et les tripes à l'air après une petite altercation avec le fantôme de Sparte. Véritable pot-pourri de ce que le jeu peut proposer, la rencontre avec le Titan parvient à atteindre des sommets à la fois au niveau du gore, mais également en terme de sensations manette en main.

Un hymne à la barbarie.

Si vous trouvez que le sort de Cronos est peu enviable, attendez de voir ce que notre cher spartiate a réservé pour les puissants Dieux de l'Olympe. Les développeurs n'ont encore une fois pas lésiné sur les moyens, tout en faisant preuve d'imagination. Les éléments qui vont suivre sont donc d'une extrême violence, âmes sensibles s'abstenir...Le premier à se faire démonter la tête, et c'est le cas de le dire, sera Poséidon. Le seigneur des abysses, connaitra  une fin bien tragique et indigne de son rang. On commencera donc par le tabasser jusqu'à plus soif, avant de gentiment lui crever les yeux. Pas ragoutant pour un sou. Certains de ses congénères connaitront une mort bien plus expéditive, mais non moins douloureuse. Je pense en particulier à Hélios qui se fait purement et simplement arracher la tête, et à main nue s'il vous plait! La seule à connaître un sort à peu près digne se trouve être Héra, l'autre barbare se contente de lui tordre purement et simplement le coup. Hadès n'aura pas autant de chance que sa belle-sœur, Kratos s'étant mis en tête de lui arracher les organes un à un, avant de littéralement lui fracasser la tête, pour finir par lui arracher son âme avec sa propre arme, rien que ça.                                                         Bien entendu le combat final contre Zeus se devait d'être grandiose, mission accomplie. Se déroulant en trois étapes, la dernière dans le cœur même de Gaia, vous pourrez enfin régler vos comptes. Ce sera également l'occasion de faire d'une pierre deux coups, et d'en profiter pour supprimer la mère de la Terre avant d'en finir avec Zeus. La mise à mort du Dieu des Dieux est sans conteste la plus longue de toutes, et certainement pas la plus douce, Kratos faisant preuve de toute la rage et de toute la barbarie dont il est capable, et Dieu sait qu'il en a à revendre. Après moult « caresses », il vous sera ainsi demandé de lui défoncer la tronche à grand coups de poings, en martelant la touche « rond » jusqu'à ce que l'écran soit entièrement recouvert de son sang!! Et si vous avez encore de quelconques griefs à son égard, après un combat particulièrement âpre par exemple, vous pouvez continuer à appuyer, la suite n'intervenant qu'une fois que vous avez fini de matraquer le bouton. Un barbare je vous dis.

Massaaaaacre!!!

Attention, attention, le paragraphe qui suit est un pur délire personnel, j'en appelle donc à votre indulgence... Merci !
 
Étant un grand amateur du découpage de monstres en tous genres, je dois avouer avoir pris un malin plaisir à longuement torturer mes multiples victimes. Celles-ci venant par packs de douze, de tailles et de races variables : des soldats squelettes, des minotaures, des légionnaires démoniaque, des gorgones, des gros cyclopes cuirassés, et que sais-je encore...

Qu'ils viennent, je les attends! J'ai déjà en tête plus de dix façons de les éclater, reste à savoir laquelle sera la plus drôle. Je vais commencer simplement. Avec les Lames de L'Exil, offertes par Athéna. Un premier combo, et VLAN, voila déjà les troufions de bases qui volent dans le décor. Ce n'est pas finit, je me propulse à toute vitesse sur les ennemis, grâces aux bottes arrachées des jambes d'Hermès, avant de faire un saut prodigieux entrainant mes ennemis dans les airs avec moi. Je tourne alors sur moi-même à toute vitesse, afin de les lacérer au maximum, avant de retomber dans une explosion, attestant de la puissance de l'attaque. Ça a fait le ménage, ne reste plus que les adversaires dignes de ce nom.                                                                                                                               

Un minotaure se résout à passer à l'attaque et me rush, amusant. Je lance mes lames qui vont se planter dans les épaules du monstre, et je me projette sur lui pour lui assener un prodigieux coup d'épaule, qui le fait voler à l'autre bout de la pièce. J'adore ce coup! Les légionnaires avec leurs boucliers en Onyx décident de venir en renfort. Temps de changer d'arme. Je m'équipe des Cestes de Némée, sorte d'énormes gants en forme de tête de lion, idéal pour faire de gros dégâts. Une petite magie qui va bien, et BOUM, la moitié des Légionnaires s'envolent, perdant leurs boucliers, soufflés par l'onde choc! A mon tour de charger. Je me jette en avant, envoyant les deux têtes de lion se fracasser sur la mâchoire des ennemis les plus proches. Puis, je martèle violemment le sol de mes poings, éliminant les monstres un à un, impuissants devant tant de rage. Le minotaure revient à la charge, prêt à en découdre. Ce coup ci, je décide de parer, et de le contrer par un autre coup d'épaule! Avant qu'il n'ait le temps d'atterrir, je le choppe au vol grâce au Fouet de Némésis, «cadeau» d'Héphaïstos. Incapable de réagir face à la vitesse destructrice de cette arme, le minotaure tombe à son tour, déchiqueté.

C'est au tour d'un énorme cyclope de faire son entré. Enfin un adversaire qu'il ne faut, presque, pas prendre à la légère. Ses attaques sont particulièrement destructrices, quand elles touchent... Une, ou deux esquives bien placées, et hop, je me retrouve dans le dos de la bête, prêt à lui en mettre plein la tronche. Après avoir mangé quelques unes de mes attaques les plus puissantes, le monstre flanche. Bon finit de rigoler, je vais en finir, mais ce ne sera pas indolore... Je lui monte dessus tout en le plantant, et pour l'achever : je lui arrache l'œil. Au moins comme ça, j'aurai pris une douche...

Toutes mes excuses pour ce bref pétage de plombs, mais je voulais juste donner un rapide aperçu de ce que l'on peut ressentir une fois le pad en main. Un sentiment de puissance hors du commun, servi par une mise en scène diabolique, pour des affrontements d'une intensité jamais vu!

 

Au final, notre génération de console aura vu l'apparition de softs de plus en plus mature, avec une représentation de la violence toujours plus précise, pour des sensations inédites. God of War 3 s'inscrit à merveille dans cette mouvance, en nous offrant un des beat them all les plus violents et le plus jubilatoire de la planète. Les hectolitres de sang versés contribuent ainsi à l'émergence de nombreux sentiments, certains plus logiques que d'autres. Il est en effet plus « normal » d'être dégouté par la vue d'un centaure en train de se faire éviscérer, que d'éclater de rire en voyant certains monstres se faire joyeusement défoncer. Le réalisme des graphismes y est aussi pour beaucoup, en allant dans ce que j'appelle de la « surenchère sérieuse ». En effet, la précision et le réalisme de la réalisation vous permet d'admirer dans les moindres détails l'étendu des supplices que Kratos fait subir à ses victimes, au point de mettre le joueur mal à l'aise, ce que je considère comme un exploit en soi. Exploit d'autant plus grand, que ce dégout se ressent également  à travers les choix du Tueur de Dieux, tous plus abominables les uns que les autres. Le système de combat bien bourrin n'y est pas pour rien non plus dans cette débauche de violence, les affrontements tournant vite au massacre à très grande échelle. Toutefois, je pense que la cruauté et le sadisme dont fait preuve Kratos sont à usage multiples. Elle sert bien évidemment, à nous offrir un sentiment de puissance inouï, mais également, j'espère, à déshumaniser un personnage qui, rappelons-le à complètement anéanti la Terre et tous ses habitants, pour une simple histoire de vengeance personnel.

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