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Ma voisine a finalement craqué pour la Wii. Ses enfants de huit et dix ans, m'a-t-elle raconté, avec des étincelles de joie dans les yeux, ont pleuré de joie en ouvrant leur cadeau, à Noël. Si seulement elle savait ce qui l'attend, dans quelques semaines...

Je l'avais pourtant prévenue. J'ai vécu la même chose, il y a trois ans. Après avoir résisté aux consoles de jeux vidéos pendant des années, j'ai fini par céder, moi aussi.

Mes deux plus vieux ont passé leurs années du primaire sans Nintendo ou PlayStation. Ils n'en sont pas morts, même qu'ils ont fini par en retirer une certaine fierté. Pourtant, un jour, est arrivée la Wii. Cette console, me disais-je, avait ce petit quelque chose de différent: elle leur permettait de bouger un tout petit peu plus.

Évidemment, nous avions pris soin de choisir des jeux «actifs», tels que la Wii Sport. Pour ma fille (et un peu pour moi, je l'avoue), nous avons acheté Dance Dance Revolution. Mes enfants aussi ont pleuré de joie, en ouvrant leur cadeau. Ils n'en revenaient tout simplement pas. Comment avions-nous pu changer d'avis après tout ce temps?

Les semaines qui ont suivi l'acquisition de cette nouvelle bébelle ont été fort joyeuses, pour eux comme pour nous, mais, avec le temps, voyant que l'engouement pour la nouveauté ne passait pas, je me suis demandé si je n'avais pas commis une erreur monumentale. Une console de jeux vidéo demeure ce qu'elle est, peu importe les vertus qu'on tente de lui donner. Ce que je ne savais pas, en achetant la Wii, c'est qu'elle permet aussi d'utiliser une foule de jeux électroniques plus passifs, qui font rapidement tomber certains enfants dans une sorte de dépendance chronique.

On a beau interdire l'entrée de ces jeux dans la maison, il est difficile d'empêcher les oncles et les tantes d'en acheter, pour les anniversaires, encore plus difficile d'empêcher les amis de les faire entrer dans la maison et, pire encore, de les oublier, par la suite.

Morale de cette histoire: mon plus vieux est rapidement devenu accro. Lui, d'ordinaire si créatif, passait maintenant des heures accroché à l'écran. Adieu lecture, dessin et folles escapades avec ses amis. L'expérience a été encore plus décevante avec le plus jeune, qui n'avait que sept ans, à l'époque. Mon Picasso (le plus vieux) a fini par décrocher et a maintenant repris ses activités créatives et sociales, mais j'ai encore du mal à limiter les ardeurs de mon petit Futé. Il n'arrive tout simplement pas à s'arrêter de lui-même. Si je ne suis pas derrière lui pour le contrôler, il peut passer des journées entières à se promener entre l'ordinateur et la Wii.

CONTRÔLE PARENTAL

Nous avons réglé le problème de l'ordinateur en installant un logiciel de contrôle parental. Une heure par jour (deux pour les grands), et hop!, l'ordinateur s'éteint. Fini les interminables engueulades qui me transformaient systématiquement en monstre maternel et se soldaient, presque toujours, par des claquements de portes. Restait le problème de la Wii. Mon futé de fils a rapidement compris qu'il pouvait faire durer son plaisir en descendant au sous-sol. Il pouvait ainsi se soustraire à notre surveillance, pour jouer, sans limites, sur la Wii, avec tous ces «vilains» jeux prêtés par des amis. Comme il était heureux...

Un jour, pour son plus grand malheur, j'ai fini par comprendre son petit manège. Les hostilités ont recommencé de plus belle, et les crises de frustration se sont succédé, jusqu'à ce que je débranche carrément la console pour la cacher dans ma penderie.

Ainsi privé de sa dépendance, mon fiston a recommencé à lire et à reconstruire ses vieux Bionicles, dans le but de les vendre, cet été. Il a ressorti de vieux jeux de société, et nous avons joué avec lui. Curieusement, il est devenu moins agressif et s'est mis à mieux dormir, la nuit.

J'ai longtemps eu l'impression que je m'en faisais beaucoup trop avec ces foutus jeux électroniques, qu'ils soient sur Internet ou sur console. Aujourd'hui, il m'arrive de penser que tous ces écrans et jeux électroniques sont devenus la drogue du 21e siècle. Certains enfants arrivent à en faire un usage modéré par eux-mêmes, d'autres sombrent dans l'excès. Selon Sylvie Bourcier, auteure du livre L'Enfant et les écrans, «il est nécessaire de devenir des parents avisés pour protéger nos enfants des risques potentiels d'un mauvais usage des médias et, aussi, pour en tirer le plus d'avantages possible» Je suis tout à fait d'accord avec elle. Interdire complètement est une mauvaise idée, mais laisser nos enfants se servir de ces jeux vidéos et écrans de toutes sortes, sans jamais imposer de limites, n'est guère mieux.