Journal d’un ex-Nolife #1
(Retrouver cette article, et celui qui le précède sur mon blog)
Après avoir longtemps expérimenté les combats spatiaux à l'aide de ses Légos, un jeune écolier de 7 ans, découvrait la possibilité de piloter, pour de « vrai », un vaisseau dans l'espace ! Ceci pour lutter contre des ennemis au visage de chat ayant l'air sacrément énerver contre l'espèce humaine. Difficile d'expliquer les raisons qui les poussaient à vouloir nous trucider. Mon père m'expliquait qu'il parlait anglais, mais qu'il suffisait de connaître les raccourcis claviers pour facilement prendre les commandes et piloter le vaisseau. Et surtout, il avait tout nouvellement acheté un Joystick exprès pour le jeu. Une fois le manche pris en main, il était évident que j'étais fais pour ce job! Et quelque soit la cause que ces humains défendaient, je serais prêt à tout pour leur venir en aide.
Wing commander 2! Sans
doute le premier jeu vidéo sur lequel j'ai forgé mes premiers
souvenirs. Au-delà du fait de ne jamais rien avoir compris (à
l'époque) aux raisons de cette haine brutale des Kilrathi envers
l'espèce Humaine (apprendre à lire le français était déjà un
sacré challenge, alors l'anglais!). Le simple fait de voir,
matérialisé à l'écran, ce que je tentais vainement de reproduire
avec mes Légos... C'était une joie immense! Enfin mes ennemis
imaginaires pouvaient périr dans les flammes en mille et un
morceaux.
Pourtant, je n'avais rien d'un garçon violent. Au contraire, j'étais mu d'une grande timidité envers les autres, et me réfugiais facilement dans le mimétisme de mes semblables pour être accepté. « Manque de confiance en soit » avait diagnostiqué ma maîtresse de CE1. Aussi, mes batailles spatiales épiques imaginaires étaient elles le parfait exutoire pour lutter contre ce phénomène, même si les résultats ne furent pas spécialement probant. Mon père, dessinateur industriel de profession, s'était pris d'une nouvelle passion pour l'informatique. Et après avoir découvert les joies d'Autokad dans son métier et l'outil informatique, s'était mis en tête de disposer de son propre ordinateur personnel.
Ainsi, les jeux vidéos sur
le PC du salon devinrent très vite, l'un de mes principaux passes
temps (poussés aussi par les quelques mauvaises rencontres et
bagarres dans le quartier).
Mais les premiers temps furent
difficiles. En effet, à l'époque la Norme PEGI n'existait pas
encore. Et l'accompagnement des parents dans la définition des jeux
accessibles pour leur enfant en bas âge non plus.
Il y eût bien
des tentatives de mes parents d'exploiter mon temps passé sur
l'ordinateur, en y installant un petit extra-terrestre qui
s'imaginait pouvoir m'aider à réviser mes maths, mon orthographe,
ma grammaire.... Dans leur effort, mes parents réussirent presque à
me faire croire, que les matières qu'on nous enseignait à l'école
,pouvaient être amusantes, voir intéressantes. Malgré tout, le
sourire mesquin de cet être bizarroïde nommé Adibbou, réussit
surtout à me convaincre que j'apprendrais plus vite en relisant mes
cours... Ainsi, de 7 à 10 ans, je réussis à passer un pacte avec
mes parents, qui impliquait de travailler sérieusement à l'école
si je pouvais ne jamais revoir cette bestiole... Dès lors, je pus
disposer de tout mon temps pour jouer avec la machine.
Mais mes
premières parties furent surtout une succession de défaites et il
me fallut attendre quelques années, avant d'enfin terminer un jeu
dans son intégralité.
La norme PEGI et ses différents symboles. Et adibbou sous sa forme ET
Néanmoins! Que d'émotion en attendant cette première victoire finale... En effet, faute de réussir tout seul, j'avais vite compris qu'en s'y mettant à plusieurs, nos chances de réussites ne pouvaient qu'augmenter.
Aussi à 7 ans, je passais des heures à courir par alternance, dans des couloirs uniformes à la recherche d'une soit disant princesse du désert incapable de disposer de gardes pour la protéger des kidnappings d'un prétendant un peu possessif. Des heures, des journées entières même, à retenter les niveaux (faute de sauvegardes rapides), pour finalement voir mourir son personnage des plus atroces manières (démembrement, décapitation, empalement, écrasement j'en passe et des meilleurs). Cela avait beau être en 2D avec une planche de couleur de 16bit, c'était déjà très explicite... Ajoutez à cela, un jeu bourré d'énigmes, et autant dire qu'on avait le temps de mourir 4 fois avant de piger ce qu'il fallait faire. D'ailleurs, je me souviens avoir fini terrorisé par l'idée qu'un jour, je passerai dans un couloir et « SCHKLAC », une porte miroir cachée dans le plafond et le sol, viendrait me couper en deux.
Définitivement Prince of Persia 2, n'était pas vraiment fait pour les enfants... Tellement, que je ne vis réellement la fin du jeu qu'en vidéo... (mon pote de l'époque m'avait raconté l'avoir fini, mais qu'il avait pommé la sauvegarde... J'ai encore des doutes aujourd'hui)
À coté de ca, le sentiment
d'acquérir une certaine expérience dans les jeux vidéos se fit
sentir assez vite. L'appréhension des débuts, face à la
difficulté, commençait à se dissiper pour laisser place à une faim
insatiable de challenges. Et après, quelques temps de rodages à
tuer du Tigrou. À 8 ans, il était tant que je lutte pour une
cause plus grande encore! Sauver la galaxie des immondes pattes de
l'empereur Palpatine. Venir en aide à la Rébellion dans de ses
palpitantes batailles spatiales contre l'EMPIRE.
Nous sommes
plusieurs mois avant la destruction de l'étoile de la Mort, et avec
l'aide de la Princesse Leia, nous menons une lutte sans merci. De la
guérilla contre les transports de l'empire, aux attaques de centre
de réparation de croiseur stellaire, les missions sont multiples et
les risques de plus en plus important. Petite à petit, j'obtiens les
galons suffisant pour faire parti des forces qui détruiront l'Étoile
Noire!
X-wing fut ainsi mon premier coup de cœur. Car le sentiment d'appartenir à une quête plus grande était dés plus grisant. En outre, le pilotage demandait bien plus de dextérité que sur mes précédents vaisseaux. Il ne s'agissait plus seulement de tirer sur tout ce qui bouge.. Non! Il fallait gérer la puissance de ses réacteurs, boucliers et armes. C'était dans la capacité à basculer l'énergie des uns vers les autres qu'on parvenait à mener avec succès des batailles perdues d'avance. Et les objectifs étant multiples lors d'une opération, l'utilisation du radar était crucial, ainsi que pouvoir se repérer en 3 dimensions. Enfin, la réussite des innombrables missions d'entrainements ou de campagnes devenaient enfin visibles sur un beau gilet bariolé de médailles. Et je me rappelle avoir tenté la course avec mon père à obtenir toujours plus de trophées que son propre personnage.
Une telle adoration
ne pouvait que conduire qu'à mon premier traumatisme de joueur...
En effet, le jeu se voulait pseudo réaliste... Aussi, même si ce
n'était pas dit explicitement, chaque mission de campagne ou
d'entrainement en réel, pouvait être la dernière... Lorsque vous
sentiez le roussi, il vous fallait sauter en hyper Espace et ainsi
abandonner la mission. Dans le pire des cas, vous aviez la commande
éjection ultime possibilité, mais c'était prendre un risque
considérable... Imaginer mon horreur, lorsqu'après des centaines
d'heures de jeu, et une tentative un peu folle de vouloir détruire à
moi seul un croiseur Stellaire. Je vis partir mon vaisseau en fumée
dans une rafale, plus que meurtrière, de turbo-lasers Impériaux. Et
après quelques secondes de silence, je vis apparaître à l'écran,
l'image de mon pilote flottant dans l'espace dans sa combinaison
orange (ouf le jeu m'avait éjecté et je n'étais pas mort sur le
coup) , et une navette Impériale me récupérant, le tout agrémenté
d'une marche de l'empereur qui laissait peu de place à l'imagination
sur le devenir de mon pauvre pilote... Et finalement, je retombais
sur le menu de choix de personnage, et découvrit le nom de mon
pilote écrit en rouge, suivi de la mention « captured ».
Impossible de le réutiliser, le personnage était perdu …
Je crois que j'ai vais pas m'en sortir là...
Face à mon désarroi (plus que compréhensible), mon père s'enquit de découvrir comment sauver le personnage. Et après quelques jours de recherche, revint le sourire aux lèvres, quelques feuilles de papiers à la main, sur lesquelles étaient notées les explications manuscrites d'un ami. Il s'agissait de comment modifier, en Hexadécimal, les fichiers de sauvegardes des personnages, pour ainsi leur redonner vie... (Et plus encore, mais j'y reviendrais) Une fois la manipulation effectuée, ce fut par la même occasion, mon premier soulagement de voir réapparaître mon pilote à nouveau disponible en l'état, comme si cette mission fatidique n'avait jamais eu lieu...
Finalement, comme vous l'aurez compris, mes premiers pas de Gamer se firent exclusivement sur PC. Il y a 17 ans, ceux-ci coûtaient une véritable fortune... Aussi, mes parents avaient ils fait le choix de ne pas investir dans des consoles de salon ou portables (qui par la même occasion, auraient bloquées leur propre accès à la télévision) estimant que la gamme de jeu PC suffirait largement à nous convenir (mon petit frère (fan incontesté à 6 ans de Mortal Kombat II ^^) et à moi). Dommage pour Mario, je n'aurais finalement réellement vécu l'aventure Mario Bros que 16 ans plus tard sur ma Wii, à 2... Avec ma chérie qui avait jouée à la première version. Malheureusement, difficile de parler de jeux vidéos avec les autres, quand dans la cour de récrée, vous êtes le seul à jouer sur PC. Aussi, là où tous les autres passaient leur mercredi après midi sur la console, moi je tentais de dominer une machine qui allait m'en faire baver sous des formes de plus en plus diversifiées...Heureusement, dans le même temps, je découvrais la saine lecture des magazines de jeux vidéos.
Mais ceci est une autre histoires que je vous raconterais dans le prochain épisode ;)