Les jeux de sport fonctionnent beaucoup sur le recyclage. Les nouvelles moutures de FIFA, Tony Hawk ou Fight Night ajoutent (ou ont ajouté) quelques ingrédients supplémentaires à une formule de base. Mais ici on nous vend les jeux plein pot.

Cette pratique de recyclage, avec les DLCs payants, commence sur console à s'ouvrir à d'autres genres. Avec The Lost and Damned et The Ballad of Gay Tony, Rockstar allonge d'une vingtaine d'heures la durée de vie de Grand Theft Auto 4 à un prix très compétitif (10 euros chaque, et 30 pour les deux en version boîte). Si on compare ces DLCs avec des jeux comme The Saboteur, Mafia 2 ou The Godfather, qui ont une durée de vie équivalente pour un prix avoisinant les 70 euros, je pense qu'un joueur moyen (du moins c'est mon cas) préférerait de loin avoir d'autres DLCs de la part de Rockstar.

Surtout qu'avec des mondes ouverts de la qualité de Grand Theft Auto ou de Red Dead Redemption, il y a de quoi faire. Dans Grand Theft Auto, toute la ville n'a pu encore être explorée. Dans Red Dead Redemption, on pourrait encore incarner un Indien, un bandit, un shérif. 

Il y a donc de la marge. Grand Theft Auto pourrait avoir son Undead Nightmare, avec les véhicules qui viendraient changer la donne par rapport à Red Dead Redemption. En essayant des codes de triche, je suis tombé sur le SuperPunch dans Gay Tony, un coup de point explosif et dévastateur qui fonctionne aussi bien sur les PNJs que sur les véhicules ; avec un peu d'imagination, Rockstar pourrait pondre un jeu de superhéros parodique.

La base du jeu étant là, c'est un véritable avantage pour les développeurs. Ils peuvent plus facilement introduire des nouveautés permettant de varier les plaisirs. Certes, on conserve le même jeu, avec les mêmes décors. Pourtant, dans The Lost and The Damned, le filtre jaune permet de donner une personnalité différente à l'aventure. On reste à Liberty City, oui, mais cette variation purement cosmétique permet à peu de frais de ne pas proposer exactement la même chose. Pareil pour Undead Nightmare (quoique là je m'avance, car je n'y ai pas encore joué).

Imaginez un reskinnage hivernal de Liberty City, et toute la ville est à redécouvrir.

Mais allons plus loin. Imaginons que Naughty Dog décide de créer un TPS de guerre ou un survival-horror pour le vendre une trentaine d'euros dès sa sortie. Leur méthode ? Reprendre la recette des gunfights d'Uncharted 2, recycler certains décors d'Uncharted 1 et 2 en changeant la couleur de la lumière, ou le moment du jour, avec un peu de reskinnage par-ci par-là, des modifications du level-design et la création de nouveaux héros. Qui s'en plaindrait parmi les fans d'Uncharted ? Qui verrait d'un mauvais oeil qu'un des plus beaux jeux sur console nous soit servi avec une nouvelle sauce ?

Car notre soif de nouveauté et de graphismes toujours plus beaux repose en grande partie sur notre frustration. Combien de jeux sont beaux à leur sortie car ils ont un très bon moteur graphique, mais avec aucun talent de modélisation derrìère ? Combien y'a-t-il de jeux avec un gameplay vraiment solide ? Préférez-vous jouer, pour 10 euros, à un DLC de super-héros dans Liberty City, ou à un jeu comme Prototype pour 70 euros ?

Il y a des jeux qui s'épuisent au bout de deux heures ; on sait qu'on n'y reviendra pas pour une seconde partie, et parfois même on lutte pour venir à bout de la première. D'autres fois par contre, à force d'avoir retourné un jeu dans tous les sens, on ressent une petite tristesse ; on aimerait pouvoir revenir à zéro, tout redécouvrir. Pourquoi ? Parce que, dans une certaine mesure, si le jeu est forcément limité par l'aventure qu'il propose, son potentiel lui n'est pas encore épuisé.

Quand la base d'un jeu est solide, il n'y a aucune honte à exploiter un maximum son potentiel, surtout si l'industrie et les joueurs s'y retrouvent. C'est une politique qui me semble plus saine que les DLCs annoncés avant même la sortie d'un jeu, les packs de la honte rajoutant deux personnages et deux cartes mutijoueurs, le hype constant qui nous fait saliver 5 ans pour aboutir à des jeux vides et inconsistants. C'est évidemment, aussi, une politique de respect du joueur, et malheureusement cette notion commence à disparaître.