Parlons d'un autre pan du jeu vidéo, toujours chez Lucasarts. En 1998, la 2D est morte et enterrée, la mode est à la 3D. Lucasarts, précurseur dans les jeux d'aventures se lance alors dans la nouvelle dimension. La tâche est confiée à Tim Shafer, responsable du succès de Day of the Tentacle (oui je vous en parlerais).
Notre homme décide de se lancer dans un jeu hommage au bon vieux film noir, en s'inspirant en même temps du folklore Mexicain, et plus précisément de la fête des morts (Fandango). Avec son style assez particulier, il va nous montrer un univers assez particulier, celui du monde des morts, en vérité d'un monde de transit vers l'au-delà. Ce monde possède des agents de voyages qui sont chargés d'emmener les nouveaux morts vers l'au-delà grâce à 4 moyens de transports. Le grand express, un train réservé aux clients les plus fortunés, le bateau, la voiture ou, pour ceux qui n'ont pas grand-chose, une canne pour marcher. Le voyage à pieds dure quatre années, quatre années pour rejoindre le neuvième palier, qui conduit les gens au ciel.

Nous suivons alors notre héros Manuel Canavera (dit « Manny ») agent de voyage, et qui se retrouve toujours avec des clients non fortunés, tandis que son collègue n'a que des clients de luxe. C'est alors qu'un jour, doublant son collègue, il se trouve en contact avec une cliente étrangement très fortunée. Cette cliente disparaitra du jour au lendemain, et Manny cherchera à la retrouver.
Son périple à travers le monde des morts le guidera vers une organisation résistante, qui pense qu'un grand trafic de billets vers l'au-delà est organisé par l'agence de Manny.
Ce voyage durera quatre années, pendant lesquelles Manny nous montrera tout son talent pour gérer des entreprises. Cela commence par un restaurant perdu au beau milieu des brumes qui deviendra le casino à la mode, ainsi qu'un vieux rafiot devenant un énorme paquebot. Chaque année qui passe s'effectue grâce à des ellipses très cinématographiques et nous en apprenons un peu plus sur notre personnage et ses motivations.

Le scénario fait donc référence au film noir, avec la femme fatale et les méchants ripoux ; tandis que l'ambiance fait très souvent penser à des grands succès comme Casablanca ou Le Faucon Maltais. Notons que les personnages ont souvent une cigarette à la bouche, mais comme dit le mode d'emploi « souvenez-vous que ces personnages sont déjà mort ». Manny sera assisté de son chauffeur personnel Glottis (aucun rapport avec les ascenseurs) qui a aussi ses défauts, mais un grand cœur.
Enfin, les musiques sont toutes génialissimes, composées par Peter McConnel déjà responsable des musiques de Monkey Island 2, d'Indiana Jones IV ou du chef d'œuvre de Shafer (si si) : Psychonauts. Restons dans l'audio pour dire que le doublage Français est, comme toujours chez Lucasarts, excellent, avec le regretté Mario Santini (Beetlejuice, Le Chuck) en Manny et Christian Pélissier en Glottis.

Dans les points négatifs, notons une difficulté pas très bien réglée où on bloque à un moment pour rien, puis on a des énigmes très faciles, de nouvelles très difficiles... Sans aucune progression. Un autre point négatif concerne la deuxième partie du jeu, où l'on refait le chemin à l'envers avec des énigmes pas très palpitantes (surtout dans les sous-sols). Puis la fin du jeu est pas très passionnante, comparé à ce que Lucasarts nous offrait précédemment (The Dig, Full Throttle).
Mais ce serait faire la fine bouche, et heureusement l'ambiance très bien distillée du soft nous aide à surmonter ces quelques inconvénients. Comptez donc quelques passages pas très joyeux (la forêt pétrifiée, les sous-sols, l'île...) et d'autres excellentissimes (la ville, le début, le neuvième palier, le casino...).

Ah oui, il faut aussi un temps d'adaptation à l'interface en 3 Dimensions, là où un bon vieux Point & Click était utile et notons que Tim Schafer avait mis à la disposition des internautes les artworks de l'époque pour le site mixnmojo.com... mais le site a fermé ses portes depuis...