Ma génération a eu la chance d'assister au début d'une nouvelle
histoire. D'une nouvelle culture. Cette culture a aujourd'hui l'âge de
ses pionniers, qu'ils soient joueurs ou créateurs. Or, il est une
caractéristique commune aux journalistes et au joueurs. Elle est
logique, puisque ce sont les seconds qui se sont improvisés
journalistes aux débuts du jeu vidéo et de la micro informatique. Un
joueur a l'habitude de s'identifier vis à vis de ses contemporains à
l'aide d'un pseudonyme. Les journalistes jusqu'à aujourd'hui font donc
de même.

Un peu d'histoire

En fait j'ai commencé par un mensonge. Car si l'on s'en tient au tout premier magazine du genre, Tilt,
les rédacteurs ont toujours tous utilisé leurs vrais noms. Et cela
jusqu'au dernier numéro ! Certains ont tout de même été contractés ou
adaptés de temps en temps, mais cela relevait plus de la boutade de
rédaction que d'une signature. AHL est hors concours, il a juste un nom
bien trop long pour une signature ;-). Gen 4,
le principal concurrent de Tilt et lui ayant survécu jusqu'en 2004 n'a
jamais non plus succombé à la mode des pseudonymes. Il me semble bien
que c'est Joystick qui
ouvre les hostilités à ce sujet. Peut être que ceux qui ont survécu
jusqu'à GameBlog (RaHan, Caf, Faskil, Fumble...) pourront le confirmer
ou l'infirmer. L'utilisation des pseudos faisant bon ménage avec le ton
potache de la plupart des écrits du mag. Vous pouvez d'ailleurs
retrouver les plus irréductibles PCistes de Joy (qui ont gardé leurs
pseudos...) dans Canard PC et son itération Hardware. Excellentes lectures au demeurant.

Depuis, tous les magazines papier ou web français ont des rédacteurs
à pseudos. Pourquoi faire ? Coller au publique ? S'identifier à la
bande de copains que sont les autres joueurs ? On reprend le slogan de
la Dreamcast : 6 milliards de joueurs ?

Pourquoi un pseudo ?

Le pseudonyme a plusieurs usages. Au départ, il s'agit d'un nom d'emprunt pour exercer une activité autre que celle connue sous l'identité officielle.
Il est donc garant d'un certain anonymat. Les raisons peuvent être
multiples : Parler sur un ton libre, ne faire reconnaitre que ses
qualités artistiques (certains noms connus écrivaient sous pseudo pour
que seul le nom ne fasse pas vendre), développer une renommée (certains
noms de guerre par exemple)... Des pseudonymes célèbres sont d'ailleurs
à tort considérés comme les véritables noms de ceux qui les portent.
Trotsky par exemple s'appelle en réalité Lev Davidovitch Bronstein. Ce
dernier exemple relève plus de la communication. On retiendra plus le
pseudo Trotsky qu'un nom à rallonge (n'insistez pas, AHL n'est pas un
pseudo, c'est une abréviation :-)). Pour coller plus au sujet, on peut
citer David Cage s'appele en réalité David de Gruttola. Il n'est pas américain ou anglais comme son nom pourrait le laisser penser, mais alsacien...

La pratique est à ce point admise qu'il est même possible de faire apparaitre son pseudonyme sur sa carte d'identité (même s'il faut s'affranchir de certaines formalités).
Nom et prénom sont ainsi suivis de la mention "alias". Imaginons que
Julo assume son pseudo dans on état civil, on aurait alors Julien
Hubert alias Julo sur sa carte d'identité.

Dans le domaine du jeu vidéo avoir un pseudo, c'est d'abord s'identifier dans un autre monde.
Celui du virtuel. On devient ainsi partie intégrante d'une communauté.
Savoir qu'une connaissance possède un pseudo, c'est donc faire partie de la communauté (pas
de l'anneau, mais du pseudo pour le coup). Le lien se crée plus
facilement grâce à ce signe distinctif. De fait, nos critiques préférés
continuent d'utiliser des pseudos. Forcément, ce sont des joueurs qui parlent aux joueurs, ils n'en sont donc que plus crédibles.

Bof.

Coming out !

Je ne vois pas pourquoi les critiques de jeux vidéos continuent de
garder des pseudo en signature. Ils ont assez de talent et sont assez
mature je crois pour afficher fièrement leur patronyme. Le jeu vidéo a évolué, il est sorti de son adolescence.
Il a perdu certaines de ses illusions, gagné en professionnalisme, il
est devenu plus mercantile dans son ensemble. Bref, il est devenu
adulte. Sauf à viser une cible peut être plus jeune, j'ai envie que le
rédacteur soit comme son homologue critique de cinéma (puisqu'on parle
de convergence entre ces deux médias très souvent assis l'un à côté de
l'autre). Je ne l'en trouverai pas moins crédible, bien au contraire. Il aura décidé lui aussi de sortir de son adolescence. Que cela ne l'empêche pas de garder son âme d'enfant, mais qu'il assume pleinement son rôle de professionnel du jeu vidéo. Lorsqu'un
ouvrage papier cite un journaliste, il ne le fait pas par son pseudo.
Il utilise son nom, son prénom et ajoute le pseudo entre parenthèses.
Faites de même messieurs ! Edge y arrive et il parait que les anglophones ont souvent une longueur d'avance...

Ok, c'est un peu l'hôpital qui se fout de la charité... J'utilise moi mêmeun pseudonyme pour vous écrire et vous n'auriez pas manqué de me le
faire remarquer. Sauf que la critique et le journalisme jeux vidéos ne
sont pas mes activités principales et mon gagne pain. Je botte en
touche (avec le sourire).

Voici, donc comment dans un proche avenir tous les gens de GameBlog vont signer (je sais, je ne doute de rien :-)).

Julien Chièze (JulienC)

Julien Hubert (Julo)

Nourdine Nini (Trazom)

Kendy Ty (Kendy)

Gregory Szriftgiser (RaHaN)

Angel Davila (Angel)

Arnaud Chaudron (Caféine)

.................................................................... Je laisse les autres faire leur coming out :p.

 

Article tiré du Blog Parallaxe