Débarquant sans crier gare un beau jour d'E3, Assassin's Creed
premier du nom se veut un jeu médiéval avec un assassin, des méchants et de la
classe à tous les niveaux. Plus tard, on apprend curieusement l'arrivée de
l'Animus, cette machine permettant à quiconque de revivre la vie de ses
ancêtres
. Ce sera l'histoire de Desmond qui se verra kidnappé par une
étrange société et obligé sous la menace de subir l'Animus et ses souvenirs
douloureux. On retrace la vie d'Altaïr, un assassin à Jérusalem, sans
trop s'intéresser à sa quête de gloire et on tombe sur une fin décevante à deux
niveaux : le premier parce qu'il met en scène un boss de fin qui parait
ridicule, abusée d'un point de vue scénaristique et que de la similimagie fait
une apparition ringarde dans une historie un peu somnolente. Ensuite parce que
dans le genre "fin qui laisse sur sa faim" on a pas du faire mieux
depuis. Bref, Assassin's Creed était le jeu qui nous faisait revoir
l'architecture de notre ville pour savoir si oui ou non, Altaïr aurait été
capable de grimper les immeubles qui nous entourent, mais il n'était pas le jeu
du "Oh putain c'est classe, j'en prends plein mes yeux, mon coeur bat la
chamade, quel scénario de fou !"
.

Assassin's Creed
II par contre... c'est tout cela et bien plus encore.

- Le super héros des
temps anciens -

Ezio Auditore
est l'un des seuls rescapés d'un massacre familial
ou tous les hommes de sa
famille ont été pendus pour trahison. Seules restent sa soeur et sa mère,
désormais muette, pour faire office de famille. Ezio se lance alors dans une
quête de vengeance assez classique
aux premiers abords, mais loin d'être
désuète, lui permettant de découvrir par la même occasion qui sont ces templiers
et ce qui se trame chez les hommes de pouvoirs. Pour Desmond, c'est la suite de
son histoire et Ezio est son second descendant dans l'Animus
. Le joueur découvre
la suite de l'histoire contemporaine tout en plongeant dans la vie d'un nouveau
personnage, d'une nouvelle période de l'Histoire (l'Italie de la Renaissance) et
d'une nouvelle architecture à maitriser. Assassin's Creed II est lancé et parait
tout à fait quelconque. Néanmoins, certains détails ne trompent pas : Assassin's
Creed II bénéficie d'une trame scénaristique beaucoup plus poussée et stylisée
,
qui permet aux développeurs de se faire plaisir en enchainant les références.
Ainsi, Ezio devient un Assassin et possède son mentor, son oncle, lui apprenant
l'art du combat. À côté de cela, Leonard de Vinci sera son "homme à gadget" lui
inventant toujours plus d'objets lui permettant de mieux se faufiler, de tuer
plus discrètement et plus efficacement. Enfin, comment ne pas penser aux super
héros des comics lorsque l'on assiste à la scène où Ezio trouve la parure
d'assassin de son père et l'enfile sur une musique enivrante
de Jesper Kyd ?
Ezio Auditore est un superhéros au sens figuré, malgré qu'il soit un antihéros
sur tous les plans au début de l'aventure. Décidé à se venger, enchainant les
meurtres de personnages de haut rang, Ezio n'a qu'un seul but : tuer ceux qui
ont commandité les meurtres de ces deux frères et de son père. Mais tout cela va
changer...

- Une évolution du
personnage en lieu et place d'un scénario -

L'évolution "superhéroïque" d'Ezio ne fait aucun doute au fil de l'histoire. Partant d'une
simple vengeance, il devient le sauveur des cités en proie aux assoiffés de
pouvoir et donc un véritable Zorro à l'italienne. Le clan des Assassins, présent
pour contre la conspiration historique des templiers qui s'étale sur toute
l'Histoire (et bien plus encore), va aller jusqu'à s'intéresser à ce jeune homme
plein de haine. Une haine facilement malléable et qui pourrait emplir de volonté
cette âme perdue et triste qu'est celle d'Ezio. Une volonté nécessaire à de
grands actes. En fin de jeu, aucun doute n'est permis : Ezio est un héros, sans
l'ombre d'un doute.
Machiavel lui-même fait une apparition dans l'histoire pour
confirmer cet état de fait. Assassin's Creed II comble donc le manque de trame
scénaristique du premier épisode par une double histoire qui passe d'une quête
personnelle à la volonté d'un homme d'empêcher une grande conspiration
planétaire de prendre le pouvoir. On passe tout en finesse et en chapitres d'un
point de vue égocentrique à une dévotion sans pareille. C'est finement joué de
la part des développeurs et cela fait de ce second chapitre un jeu que j'estime
bien au dessus du premier opus.

- Une conspiration
maladroite, mais passionnante -

Dans le style Da
Vinci Code, le traitement intelligent en plus
, Assassin's Creed II nous parle
d'une conspiration des templiers qui s'est fait depuis des siècles, depuis la
nuit des temps jusqu'à notre époque, sans que personne ne s'en rende compte.
Seuls les Assassins combattent cette organisation. Tout au long du jeu, il est
alors possible d'obtenir des bribes d'informations sur l'histoire des templiers

et c'est ainsi que l'on découvre que de grands hommes de l'Histoire sont mêlés à
cette affaire. Ainsi, Edison est un pourri, Tesla fut totalement discrédité pour
son manque de loyauté envers la confrérie des Templiers et même Ford, le
constructeur automobile, serait un vil gredin prêt à tout pour prendre le
pouvoir. Cela fait sourire, semble tellement improbable, que certaines
découvertes sont pratiquement grotesques
, mais comment ne pas vouloir TOUT
savoir sur cette conspiration ? C'est passionnant, amusant et assez bien monté
pour intéresser un très large public.
D'autant plus que cette idée (Attention ! Spoilers !) débouche sur
un concept très intéressant, même si maintes fois utilisé en littérature, d'une
espèce supérieure à la notre qui serait débarquée sur Terre avant nous et qui
nous aurait appris tout ce que l'on sait aujourd'hui. Une autre espèce,
annihilée par le soleil, est la clé de toute cette drôle d'histoire. C'est
cliché, c'est bancal, mais c'est encore et toujours passionnant. Ubisoft joue
bien la carte de l'accroche et fatalement, cela fonctionne. Rien n'est cependant
facile et si ce concept tient la route, c'est uniquement grâce à une réalisation
et un aspect "secondaire" très bien géré. Assassin's Creed II est l'histoire de
Desmond, l'histoire d'Ezio Auditore et seulement ensuite de la conspiration.
Trois niveaux d'histoire pour un seul récit : on dirait de l'Inception.

- On n'oublie pas la
poésie... -

Enfin, la quête la plus
quelconque, mais néanmoins mignonne de ce jeu, est celle des Plumes à collecter. 100 plumes blanches sont disséminées à travers toutes les villes italiennes du
jeu. Celles-ci font référence au plus jeune frère d'Ezio, pendu pour trahison,
qui aimait les collectionner. Sa mère, rescapée de cette rafle sanguinaire et
injuste, s'est plongée dans le silence le plus total.
Cette quête un peu lourde
à terminer vient exploser l'horrible quête des drapeaux du premier opus qui ne
demandait qu'à collecter des drapeaux sans autre intérêt que de finir le jeu à
100% Cette fois-ci, les plumes ont leur importance scénaristique et amène un
certain romantisme, une certaine poésie triste à un jeu fondamentalement très
bourrin et dynamique. En clair : les développeurs ont réussi à faire de la quête
la plus ennuyante du premier opus une vraie "plus-value" au scénario du second.
Pas de doute : que l'on aime ou non le Gameplay et l'esthétique des Assassin's
Creed, il est impossible de ne pas affirmer que cette saga risque de faire date
dans le monde du jeu vidéo "intelligent"
. Espérons juste que les prochains
titres de la série sauront se faire aussi intelligents et que le marketing ne
viendra pas pourrir un concept passionnant avec des idées à la con. Croisons les
doigts.

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