Ca s'est passé hier, devant ma télé. J'avais enfin acheté Super Mario Galaxy 2. Tout impatient, je lance le jeu et commence à jouer. Nintendo Fan Boy dans l'âme depuis longtemps, j'ai toujours adoré les Marios, et je me retrouve tout de suite bien à l'aise avec le jeu. Pourtant, au bout de quelques instants mon sourire se crispe, l'envie de jouer disparait. A cause d'une simple petite chose : la wiimote. Comment ça me soule de devoir viser mon écran ! Hey mec, je suis fatigué, j'ai terminé ma journée de boulot, il fait chaud, j'ai fait 58 heures de sport, j'ai pas envie de m'amuser à secouer ma wiimote ou à tirer des ptites étoiles toutes pourritos.

Et là, tout me revient. La poussière sur le rebord de ma Wii en est la preuve : je n'y joue plus. Et pourtant, quelques mois avant que la console de Big N ne sorte, j'étais un vrai gosse. Je m'imaginais moult jeux, des simulations de samouraï improbables, des parties de tennis, un Zelda ultra bien foutu... Et j'ai même saigné Wii Sport dans tous les sens. Tu m'entends ? Tous les sens.

Que s'est-il passé depuis ? Les jeux n'ont pas suivi, les consoles concurrentes ont imposé la HD, le online n'est pas la spécificité de Nintendo... mais même si ces éléments ont fait pencher la balance, il y en a un autre, bien plus important, qui a joué en défaveur de la Wii. Ce qui en fait sa force auprès des autres a été fatal chez moi : sa manette. Et quand je vois les Kinect et autre Playstation Move, je ne peux que ricaner, d'autant plus que je ne suis pas le seul à préparer un accueil glacial à ces nouveaux périphériques. Pourquoi ? Je vais te le dire mec.

Selon moi, l'immersion totale passe par la manette classique. Ca peut paraître, au premier abord, très paradoxal. En effet, le but de ces périphériques, c'est de nous faire bouger, de nous faire mimer les gestes reproduits à l'identique dans le jeu. Une manière de nous jeter à 100 % dans le jeu, d'être le héros. Et pourtant, le moindre de ces mouvements, fait dans le vide, et sans réelle sensation, nous ramène bien au contraire, à la froide réalité. Réalité physique, réalité de l'environnement, car on va forcément un peu plus observer autour de soi plutôt qu'à l'écran. En agitant ma wiimote ou tout autre appareil dans le genre, le jeu me refait prendre conscience de mon corps et éventuellement de ma fatigue, et du coup, je décroche. L'outil prévu à la base pour m'intégrer directement à l'univers vidéoludique devient obstacle.

La manette, elle, n'implique qu'une pression minime. Elle fait oublier le corps, le doigt n'effectue que des petites pressions et laisse l'esprit pénétrer au plus profond de l'ambiance du jeu. Chez moi, d'autres artifices me permettent de rentrer dans l'atmosphère, le son en 5.1 (bouuuurgeois), la télé HD, éteindre la lumière, se rapprocher un peu de l'écran, fermer les fenêtres... C'est lorsque le corps n'est plus sollicité que l'esprit peut enfin s'aventurer derrière l'écran. Je me souviens de ces heures passé simplement devant un écran de PC, un casque sur les oreilles, le combo ultime clavier + manette... Des softs comme Deus Ex m'ont montré toute leur saveur avec cette configuration, et pourtant, je suis plutôt un joueur console. J'avais l'impression d'être dans le jeu, tout simplement.

Et ça, Kinect et consorts ne le permettent pas. Au contraire, ils vous replongent dans la réalité. Certes, je suis un peu extrême dans mes propos, puisque je prends encore un peu de plaisir à jouer à Wii Tennis. C'est plus simple à mettre en place qu'un vrai tennis, mais le fait d'être à mi chemin entre un vrai jeu et un vrai sport ne lui donne ni la simplicité de l'un, ni le défoulement de l'autre. Et puis, si je joue aux jeux vidéo, ce n'est pas pour m'agiter devant mon écran. Au contraire, j'ai toujours considéré ça comme un moment de détente. Tu vois le topo ? Genre je viens de finir la vaisselle et/ou le ménage, et je vais m'accorder quelques instants à sauver le monde sur 360 où à jouer au cowboy homosexuel sur Brokeback Montain HD.

Quid des autres procédés interractifs, comme la 3D ? Pour l'avoir testé au cinéma, je n'en suis pas fan. Je pense que ce n'est pas au jeu vidéo de sortir de l'écran, mais à nous d'y rentrer. Il est loin le temps où quelques pixels nous faisaient rêver. Parce que l'absence de décor et de détails stimulait l'imagination. Un peu comme un livre, où l'écriture seule ne parvient pas à tout nous transmettre, et où notre cerveau fait le reste. Je serai plus intéressé par un éventuel monde interractif à la Virtual Boy, malgré l'échec de la console. La fake-rumeur du Nintendo On m'avait séduit... mais j'imagine que ce genre de procédé a aussi des limites auxquelles je ne pense pas.

Ce que je constate, cependant, c'est que le jeu vidéo prend deux voies. Tandis que certains tentent d'inventer moults idées pour artificialiser l'impact du jeu, par la 3D, les périphériques sans manettes ou avec perception de mouvement, les caméras etc... d'autres nous font juste rêver avec de bons jeux.

Rêver, c'est peut-être finalement la seule chose que j'attends de la part d'un jeu vidéo.