Introduction :

De Se7en à Zodiac, le nom de Fincher reste associé avant tout au genre policier et plus spécifiquement aux thrillers. Si les récents Benjamin Button et The Social Network lui ont permis de s’attaquer à d’autres genres et par cela lui ont fait gagner en respectabilité (marquée par deux nominations à l’Oscar du meilleur réalisateur), c’est toujours lui que les studios viennent chercher dès qu’un projet de thriller prestigieux est en préparation. Ce qui semble logique car le réalisateur a consacré tout un pan de sa carrière à se placer dans une tradition du film noir, un Se7en évoquant tout autant les films du cinéma des années 50 avec ses inspecteurs en impers et ses lumières expressionnistes, que les reprises post modernes de William Friedkin (To Live and Die in LA), Alan  Parker (Angel Heart) ou même Ridley Scott. Fincher s’est ainsi forgé au début de sa carrière une image de styliste de talent à l’esthétique très marquée jusqu’à arriver à Zodiac, autre sommet maniériste, mais ramenant cette fois au film d’enquête des années 70, comme Les Hommes du Président de Pakula. Si on a beaucoup appuyé sur l'évolution stylistique de Fincher depuis ce film sur le tueur du Zodiaque, The Girl with the Dragon Tattoo et son générique sur fond de Trent Reznor ramenait directement à Se7en, comme pour prouver que le cinéaste était encore  là pour créer des imageries  « dark » et pour réactualiser le genre policier. Que les producteurs envisagent de recruter le réalisateur pour adapter ce Gone Girl semblait évident : le roman est lui même une sorte d’exercice de style maniériste sur le genre policier. Composé d’une alternance de point de vue entre un mari et sa femme, le livre joue avec les formes littéraires, du journal intime mielleux composé de souvenirs fantasmés au récit à la première personne du mari  pour renverser à tout moment le statut des écrits.  Les parties les plus à l’eau de rose se révélaient des pièges littéraires machiavéliques tendues par la femme, faisant du jeu avec les conventions une dynamique stylistique. Le récit nous faisait voyager au gré des conventions entre une femme disparue et un piège machiavélique tout droit sorti d’une Série Blême jusqu’à la « femme fatale » et l’enquête policière des romans noirs.

Cliquez-ici pour accéder à la suite du dossier.