de Bokurano *PEGI : 18 ans, article qui parle de lapin embroché.

Inutile de vous dresser l'historique de la série car nous en connaissons tous les grandes lignes et pour ma part, je m'en contrefiche. Final Fantasy, pour moi, c'est une histoire de mots.

Les mots, inimaginable de vivre sans eux, essentiels pour          communiquer et indispensables pour mettre en forme nos pensées. Paradoxal, voilà ce qu'est le mot, il nous permet de concrétiser le monde qui nous entoure comme si lui accoler des définition nous donnait l'impression de saisir l'essence de chaque chose. La langue française en est un bel exemple, cependant à force d'utiliser un mot, de se l'approprier et de le redéfinir, le risque est que le mot lui-même prenne l'ascendant sur l'objet qu'il désigne au point que l'on oublie la sensation, l'idée qui en est à l'origine.

Je vais vous conter une histoire, celle d'un studio dont je tairais le nom... car le personnaliser donnerait l'impression que son parcours est unique alors qu'il se répète encore et encore, et pas seulement dans le monde fantastique du jeu vidéo.
Ainsi, notre protagoniste est un gentil studio. Il veut esquisser mille pixels colorés. Mais il doit répondre aux méchantes attentes financières. Il sait maintenant qu'il n'aura bientôt plus le sous pour continuer et peut-être s'est-il déjà résolu à vendre des allumettes dans les rues enneigées. Mais avant de disparaître, il décide d'achever son derniers projet et il le nommera en conséquence : Final Fantasy. Le jeu est un succès et le studio renaît, grâce à son bâtard fantaisiste. Ils vécurent heureux et eurent BEAUCOUP d'enfants : Happy End!

Mais cet heureux événement est en lui-même une contradiction, il ne devait pas avoir de suite. Le Studio se retrouve à devoir prolonger... la dernière fantaisie, continuer à faire vivre un jeu censé être une expérience unique et éphémère. Même si chaque Final Fantasy est un rêve inspiré de sa naissance première, les univers diffèrent ainsi que les systèmes de jeu qui se renouvellent dans les limites du genre. Un genre dans lequel le jeu s'est lui-même entravé : le RPG.

  Au fur à mesure que les volets se succèdent et s'écoulent dans les rayons... le temps et la fantaisie s'écoulent aussi. Il reste cependant le merveilleux qui devient la marque de fabrique du Studio maintenant hors du danger d'être oublié. Final Fantasy s'ouvre au monde mais, victime de sa propre gloire, il répond maintenant à de plus en plus d'attentes, la subjectivité propre à l'imaginaire se voit maintenant enfermée dans l'étau de la demande et de la critique.

Notre Studio se trouve alors bien en peine à produire une fantaisie qui comblerait un nombre incalculable de personnalités différentes. D'autant plus lorsque ces joueurs un peu trop sérieux ne veulent plus que leur série fétiche se permette des écarts trop fantaisiste.
Studio l'enchanteur pourra-t-il encore longtemps sortir de son chapeau de nouveaux univers et de nouveaux gameplays ? Ou devra-t-il se résoudre à ressusciter le même lapin magique qui aurait dû jouer sa prestation « finale » avant de passer à la broche.
Un film porte le nom de Final Fantasy mais il n'en est pas un à ce qu'il paraît. Puis un film d'animation sort mais cette fois, pour qu'il soit jugé digne d'être une Fantasy il met en scène un univers déjà connu et surtout n'y apporte rien de plus dans la crainte de déplaire aux fans (le 7 par exemple). Tout le monde devient spécialiste de Final Fantasy, et chacun beugle -voire disserte- sur ce qu'il doit être ou ne pas être, comble de la fantaisie qui est maintenant frileuse au changement.

La Fantasy ne se fait plus attendre, elle est morte du peu de règles qu'elle s'était imposée et d'un genre qu'elle à elle-même participé à créer. Le RPG et ses mécaniques deviennent plus importants que le sentiment originel, une histoire malheureuse et intemporelle qui veut que l'on sacralise les règles et qu'on en oublie l'essence. Juger, critiquer, être le premier à montrer du doigt les défauts de notre nouvelle fantaisie, ironiquement, un mot utilisé autant pour désigner l'imaginaire que les caprices.
Dans la musique classique, une fantaisie se démarque car elle s'écarte des règles et du cadre habituel pour mettre en avant la subjectivité et l'imagination de l'auteur. Alors qu'en est-il pour nous de ce mot, imaginaire ou caprice ?

Article vachement plus cool sur son site d'origine grâce à un superbe diaporama avec des lapins tristes : sociopads