de Bokurano

Mirror's Edge propose la vision urbaine, qui permet au joueur de
se repérer. En effet elle nous indique le chemin à suivre, cependant il
est possible de la désactiver dans les options.
Pour la petite histoire, lorsque j'ai débuté, je suivais sans
perdre de vue les fameuses balises rouges dans cette ville épurée où le
blanc est la couleur dominante. Je courrais... mais au fur et à mesure
que je traçais, je réalisai que j'aurais pu parcourir ce même chemin
d'une toute autre manière ! Non pas prendre à droite au lieu d'aller à
gauche, mais plutôt suivre la même voie tout en utilisant à meilleur
escient l'espace urbain à ma disposition.
Je me fis alors la réflexion suivante : et si en me laissant
guider par les balises je ratais tout ce qui fait l'intérêt du jeu ?

J'étais comme Luke se remémorant la voix d'Obi-Wan lorsqu'il lui
aboyait d'ôter son ordinateur de visée. A défaut de la Force, je décidai de me fier à mes yeux.
Je n'ai plus jamais emprunté d'escalier.

Au début, j'étais un peu perdu, le rouge salvateur n'était plus là pour me guider. J'empruntais des chemins qui tenaient plus du
cul-de-sac que du raccourci. Et pourtant, dès le second niveau, je
m'habituais à repérer les endroits susceptibles de faciliter mon
parcours. D'essai en essai, d'erreur en réussite, chaque trouvaille
était comme une prise de conscience du temps que je perdais auparavant . Je découvrais Mirror's Edge comme une véritable aire de jeu, fidèle à
son thème du parkour, j'arpentais les constructions urbaines avec un
regard toujours neuf. En ce sens, je n'ai jamais pu trouver le jeu
court, car j'avais déjà passé plus de 10 heures rien que dans le mode
parcours, appréciant que le chrono ne soit pas synonyme de compétition
mais de dépassement de soi. Pour le plaisir d'affiner sa perception et
sa technique. Tout est dans la subtilité, c'est dans des petits gestes
techniques, dans des rythmes bien anticipés que l'on comprend tout ce
que la jouabilité permet. Et puis à la fin, on court sans s'arrêter,
sans jamais s'essouffler.

Et si j'avais terminé le jeu avec la vision urbaine ? Peut-être
l'aurais-je plié en quelques heures, inconscient de tout ce que j'avais
raté. Lorsque j'essayai de prêcher ma bonne parole, je remarquai que
certains joueurs ne pouvaient se passer du rouge salutaire... sinon ils
étaient tout simplement perdu !

Manque d'investissement ou désintérêt ? Si vous voulez tout
simplement jouer sans vous "prendre la tête", optez pour la vision
urbaine mais je pense sincèrement que votre expérience en sera
simplifiée et finira par vous lasser.

Je dirais que l'une des facettes de Mirror's Edge est de
s'adresser à ceux qui aiment se perdre et se retrouver ou encore à ceux
qui aiment parfaire leur technique à la manière d'un jeu de combat où
l'on serait affranchi du besoin d'un adversaire.

Si ce texte vous parle mais que vous êtes réticent à vous offrir
le jeu à cause d'une durée de vie jugée "courte", je dirais que le
parcours n'est jamais terminé puisque sa limite c'est soi-même.

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