I/ Les prémices d'une rencontre originale

Nous sommes le jeudi 21 juin, pile 6 mois avant la fin du monde annoncée par les Mayas. Mais c'est aussi le début de l'été. Il fait moche (normal, c'est la Fête de la Musique, ce soir) quand, soudain, mon téléphone sonne ! En même temps, un téléphone peut-il sonner autrement que soudainement ? Gameblog s'affiche sur l'écran de mon appareil de télécommunication nomade (que ne ferait-on pas pour éviter une répétition !).

Je dois avouer que, sur le coup, je ne comprends pas bien. En effet, les résultats du concours pour rencontrer Hironobu Sakaguchi ont déjà été publiés depuis 2 jours. J'avais donc sorti cette déception de ma tête afin de ne pas trop remuer le couteau dans la plaie (déjà que j'aurais dû aller voir Kojima le 9 mai et que je n'ai pas pu !!!!). Pourtant, c'est bien JulienC qui est au bout du « fil » et il m'annonce que, suite à un désistement, je suis le suivant sur la liste. Donc, qui que tu sois, ami gamebloggeur malheureux, sache que je te remercie officiellement ici et que tu as fait un heureux !

Le soir même, je rentre en Vélib' et passe devant le lieu du rendez-vous : le Dernier Bar avant la fin du Monde, nouveau bar geek 2.0, afin de repérer les lieux. Je remarque Yvan West Laurence, l'un des créateurs de Animeland, en terrasse en train de siroter une boisson dont je tairais le nom (non pas qu'elle soit alcoolisée - elle l'était probablement - mais parce que je ne me souviens plus ce que c'était !). Plus tard, il me dira qu'il n'a vu aucun gugusse à Vélib' devant lui. Soit.

Le Dernier Bar avant la Fin du Monde est un café à Châtelet qui a la particularité de vouloir plaire à nous, les Geeks. Il y a 3 niveaux (un seul est ouvert pour le moment) décorés avec des armes Klingons, des figurines Marvel, l'anneau du Seigneur des Anneaux,... Tout est pensé pour l'amateur de Science-Fiction, des comics, manga et/ou jeux vidéo. Le concept est venu à Cyril Grillon et Cédric Littardi (ancien président de Kazé) il y a 2 ans. Après avoir vendu son ancien bar juste avant l'interdiction de fumer, Cyril s'est aperçu que les fumeurs commençaient à être remplacés par une nouvelle catégorie de gens qui appréciaient se rencontrer dans des endroits cools et plus enfumés.

Le niveau au rez-de-chaussé est décoré de manière classe et confortable (les canapés sont bien moelleux), on peut jouer à des jeux de société (ils sont disponibles dans les étagères) et siroter son jus d'abricot tranquillement affalé dans un des larges fauteuils. L'équipe du DBALFM a une multitude d'idées pour faire de leur bar un lieu privilégié pour les geeks avec rencontres, events et expositions. Messieurs, ne manquez pas d'aller faire un tour aux toilettes afin de voir si vous parviendrez à battre le High Score à « On the Piste » de CaptiveGames, un jeu dans lequel on dirige un skieur avec son... urine afin de toucher des pingouins ! Mais l'idée qui me plaît le plus en tant qu'amateur de RPG et « trophy hunter » (qui a dit « trophywh**e » ? Je l'ai entendu !), ils ont même prévu un système d'XP et d'achievements permettant de débloquer des menus secrets et autres joyeusetés.

II/ La preview de Party Wave

Hironobu Sakaguchi est le créateur de Final Fantasy bien sûr mais aussi le réalisateur de The Last Story ou encore le concepteur du moins connu Rad Racer mais cher au traducteur officiel de M. Sakaguchi, Florent Gorges (co-fondateur de Pix'n Love et auteur, entre autres, de L'Histoire de Nintendo).

C'est accompagné de sa petite équipe parisienne qu'il arrive au bar. Là, on nous explique à nouveau qu'il y aura 2 sessions. Chaque session dure 1 heure environ. M. Sakaguchi présentera Party Wave pendant qu'une discussion pas très formelle pourra se dérouler simultanément. Le public est à chaque fois composé de quelques fans bloggeurs et de journalistes de sites spécialisés. Le fan étant une espèce par définition versatile et parfois imprévisible, une seule consigne nous a été proposée : essayer, si possible, de poser des questions sur le futur plutôt que le passé. En bref, pas de question sur Square et Final Fantasy. Mais j'insiste sur la manière aimable et presque gênée avec laquelle cette demande a été faite. Etant raisonnable et compréhensible, c'est avec diligence que les gens de ma session et moi-même avons obéi (j'avais même 2 questions que je me suis retenu de poser :-o).

Party Wave est un jeu de surf très typé arcade et très orienté fun pour iPhone et iPad prévu pour la mi-juillet (dès que le jeu sera validé par Apple) à 1,59€ dans une version « Universal » et garanti sans « in app purchase ». Par contre, Hironobu Sakaguchi conseille un iPas ou un iPhone plutôt récent car ils ont travaillé sur les derniers modèles. Il faudra voir des tests sur les autres modèles avant d'acheter. Un portage est prévu également pour Android et même pour le MacStore. Le jeu est prévu en anglais, français et allemand. Le jeu est compatible avec le Game Center. Sur cette version, seul les leaderboards étaient gérés mais j'ai demandé s'il y avait les succès étaient prévus. Il m'a dit que ce n'était pas le cas actuellement mais que c'était très simple à implémenter donc ils peuvent faire ça au dernier moment. À partir de là, s'il y a des achievements dans la version finale, je vais personnellement décréter que c'est grâce à moi ! Et laissez-moi rêver !

Chaque niveau se découpe en 2 phases. La première demande au joueur de guider le ou les surfeurs vers le point de ralliement. Il faut faire glisser son doigt du surfeur vers la direction qu'on veut lui donner. Plus les niveaux avancent et plus la configuration devient labyrinthique avec des rochers, des obstacles,... Il y a également de plus en plus de surfeurs et un temps limité avec la vague qui arrive ! Une fois les surfeurs réunis, la deuxième phase commence. Dans une jolie transition, l'écran passe d'une vue de dessus à une vue de côté identique à celle de l'épreuve de Surf dans California Games. Là, il s'agit de toucher les surfeurs afin qu'ils s'envolent. On peut leur faire faire des figures en les touchant durant leurs sauts mais attention à ne pas oublier un surfeur qui serait redescendu. S'il touche le bas de l'écran, c'est Game Over pour lui !

Et globalement, c'est tout. Certes, ça a l'air très simple comme ça mais grâce à la version Debug qu'il avait, Sakaguchi-sensei nous a montré le niveau 40 (sur 50 en tout plus 5 cachés avec probablement du contenu supplémentaire dans les futures mises à jour). Là, tout se complique. Des méduses électriques apparaissent, il y a presque 10 surfeurs à gérer et parfois, on a même le droit à des boss et des aliens qui sortent un peu de nulle part ! Pour nous aider à battre ces derniers, il y a heureusement des étoiles qui apparaissent. Avec elles, comme dans Super Mario, les surfeurs sont invincibles temporairement. Le vrai aspect sympa de Party Wave pour moi a été le moment où, apprenant que le jeu gérait le multi touch sur 3 points, j'ai commencé à aider Daniel (l'autre gamebloggeur de ma session) à réussir le niveau 40. C'était un vrai travail d'équipe, auquel s'est joint M. Sakaguchi, qui s'est terminé dans un beau fou rire collectif !

Le jeu en lui-même est certes clairement « petit budget » mais il n'en reste pas moins joli, avec un style graphique très réussi, une ambiance sonore très appropriée, que ce soit pour les bruitages kawaii ou les musiques hawaïennes. La maniabilité est simple mais réactive sur iPhone/iPad. Je n'ai pas eu de souci après un temps d'adaptation de quelques minutes. Je retiendrai surtout le fun à plusieurs et le concept mignon mais qui peut demander pas mal de dextérité dans les derniers niveaux. Il existe également un mode Arcade dans lequel, c'est la rapidité qui compte et qui demandera de changer un peu les tactiques en privilégiant le nombre de sauts et leur fréquence et non les figures pendant les sauts.

III/ Les questions

Comme je l'explique plus haut, c'était moins une session de Q&A qu'une discussion autour d'un café dans un bar.

Sakaguchi-sensei a commencé par nous expliquer qu'il habite à Hawaii depuis maintenant 15 ans et qu'il s'est mis au surf là-bas. Il a voulu s'amuser à reproduire le surf dans un petit jeu qu’il pourrait développer en 3 mois, très vite donc. Mais finalement, ça lui a tellement plu qu'il a consacré 2 mois de plus à Party Wave et a mis un collègue à lui aussi dessus. Le développement total s'est effectué sur 7 mois et TOUT a été fait en interne (M. Sakaguchi a composé les musiques et a même fait du lettrage !), même le « Party Wave » est issu d'un enregistrement de l'équipe elle-même (à la base, c'est Sakaguchi qui l'avait fait seul mais son équipe lui a dit que c'était trop nul ! J ).

Les inspirations techniques du jeu sont les autres jeux multi touch sur le support. Quant à l'inspiration du thème, c'est bien sûr sa passion pour le surf et surtout pour le paddling et l'attente de la vague. Je l'imagine bien allongé sur sa planche, quand le déclic arrive : pourquoi ne pas faire en sorte qu'un joueur me touche du doigt pour que j'avance jusqu'à la vague ?!! :D

M. Sakaguchi nous a aussi montré le 2ème de leurs 4 projets sur iPhone/iPad : Blade Gardian, un jeu universel sur iOS. Gameblog a publié une vidéo filmée lors de cette rencontre, d'ailleurs. Allez la regarder et revenez après. C'est bon, vous l'avez vue ? Blade Guardian devrait sortir quelques semaines après Party Wave. Dans ce Tower Defence, le joueur pose des barrières pour canaliser l'avancée des ennemis et des tourelles pour protéger la base, bien sûr. Il y a également un Blade, une sorte de Héros comme dans Warcraft III qu'on peut améliorer. Il est contrôlable via le gyroscope, c'est rigolo, et il aide comme ça les troupes contre les vagues d'ennemis. J'ai posé une question sur les autres projets sur iOS mais il n'a pas souhaité répondre.

Mistwalker est composé de 12 personnes avec les freelances. Ça lui change de The Last Story ou Lost Odyssey pour lesquels ils ont été obligés de faire appel à des sociétés externes. En effet, en termes de développement, avec les appareils nomades, M. Sakaguchi sent qu'il revient aux moyens et durées de développement des jeux sur NES et ça lui convient très bien actuellement. Il tient tout de même à nous rassurer : il n'a pas abandonné les « gros jeux ». Il fait juste une pause en ce moment avec les 4 projets iOS.

On lui pose une question sur l'E3 de cette année et sur le monde vidéoludique actuel. Il avoue n'avoir pas trop suivi l'E3 mais il enchaîne sur son expérience chez Square. Il pense que les jeux sont de plus en plus chers à développer à cause des moteurs. D'après lui, quand les moteurs 3D seront rentabilisés, les jeux devraient coûter moins chers à produire (Ndsseb22 : et d'après moi, quand les moteurs 3D seront rentabilisés, de nouveaux seront mis en chantier). Il est impressionné par les jeux actuels et, en tant que joueur, il a évidemment envie que ça continue à progresser.

Concernant le développement sur iOS, il trouve que c'est plus pratique car ça nécessite une équipe plus petite et que ça lui permet de redevenir un touche-à-tout. Il a notamment fait des éléments graphiques. Ca faisait longtemps qu'il n'avait pas mis les mains dans le cambouis comme ça et c'est un vrai plaisir pour lui !

Ayant vu qu'il a presque 10000 tweets à son actif et plus de 17000 « followers », je ne peux m'empêcher de lui demander ce qu'il aime dans Twitter. Outre la communication sur ses jeux, il relate une petite anecdote avec Inoue-san, le dessinateur de Slam Dunk ! et Vagabond avec qui il a travaillé sur Lost Odyssey. Il suit Inoue-san sur Twitter et il a découvert un pan de sa personnalité qu'il ne connaissait pas. Ça lui permet de découvrir des choses qu'il n'aurait peut-être jamais découvertes autrement. Et, plus pragmatiquement, il ajoute en rigolant qu'il aurait pu lui demander plus de dessins s'il avait vu qu'Inoue-san était en train de twitter !

La dernière question porte sur la valeur qu'il estime être juste concernant Party Wave. Sakaguchi-sensei a bien conscience que les business models sont bouleversés avec le marché iOS mais il estime son jeu à 10$. Cependant, grâce aux iPhone et autres, il peut directement toucher un marché mondial et il y a aussi la concurrence à regarder afin de voir quels jeux sont à quels prix. Donc le prix de 2$ (soit 1,59€ sur le store français) lui convient.

IV/ Conclusion : Sakaguchi et sa joie de vivre

Après cette session et en attendant la fin de la 2ème pour la séance de dédicace, Daniel et moi avons discuté avec JulienC et Cyril. Ce fut un moment très agréable pendant lequel on a discuté du bar, visité le niveau -1 et écouté la philosophie de Cyril concernant le futur du DBALFM (dont le compte à rebours n'est pas super bien réglé, mais chuuuuuuuut). Nous avons également palabré sur le milieu du jeu vidéo évidemment mais aussi sur le changement des comportements et de l'intelligence Humaine en ces temps d'information immédiate et accessible de n'importe où (un peu trop immédiate et rapide, d'ailleurs).

La séance de dédicace était super sympa malgré le retard pris par les sessions. Sakaguchi-sensei ne semblait pas s'en préoccuper beaucoup. Il était souriant pendant toute la séance ; souriant, accessible, gentil. JulienC nous dira même qu'il ne l'avait jamais vu ainsi. Il se souvient que pendant le tour promotionnel de Last Story, il était beaucoup plus fatigué.

En conclusion, c'était vraiment une rencontre super intéressante, bien organisée, avec un Sakaguchi qui a retrouvé la passion sans la pression et des organisateurs et hôtes qui se sont occupés de tout avec brio. Merci à Gameblog, Julien, Florent et à M. Sakaguchi bien sûr !

Et pour ceux qui le souhaitent, j'ai aussi mis à disposition mon enregistrement de la session. Je suis désolé de la qualité mais j'ai enregistré ça avec mon iPhone qui était à côté de l'iPad qui faisait tourner le jeu. Cependant, ça reste compréhensible en montant le son et dans un environnement sonore calme. On entend toute la discussion avec Hironobu Sakaguchi, Florent et JulienC, il y a des informations en plus et l'ambiance générée par Party Wave surtout !

(Lien vers l'enregistrement)