Personnalisation

Je me rends compte que la personnalisation cosmétique du personnage principal me sort du jeu. Dans Mass Effect 2, il arrive vite un moment où je me disais "Vivement une prochaine partie pour essayer avec un nouveau visage, voire un nouveau sexe". Donc je ne suis pas vraiment pris au jeu, le personnage ne m'intéresse que dans la mesure où je le vois dans les cinématiques en me disant "C'est ma création". Conserver le look initial du commandant Shepard du jeu n'y aurait rien changé, car la possibilité de le remodeler est toujours là.

En somme, le commandant Shepard n'existe pas en tant que personnage qui a son histoire à accomplir. C'est mon bonhomme qui parle dans des cinématiques, et en plus j'ai régulièrement envie de lui changer la face mais je ne peux pas, alors j'ai envie de recommencer du début. Dans Saints Rows 2 et The Third par contre, à n'importe quel moment, on peut changer radicalement de personnage, sexe, gabarit, voix, vêtements. Dans le 2 je crois même qu'on pouvait choisir sa façon de marcher. Autant dire que la tentation est grande d'essayer tout et n'importe quoi, et que le personnage existe encore moins que dans Mass Effect 2. C'est même le scénario qui disparaît au complet lorsque d'une scène à l'autre vous incarnez un biker, puis un gangster noir, puis un gars obèse en collant de super-héros.

Dans les jeux comme soul Calibur, j'ai eu aussi une grande tendance à délaisser les personnages originaux du jeu pour me perdre dans la création. Sauf qu'on se lasse un peu vite d'essayer de se créer un personnage à soi qui ne s'inscrit dans rien, donc commence le concours de sosies. On essaye de créer des Kratos, des Sephiroth, des Andy Bogart, des personnages de Marvel. On les essaye en combat pour le fun, puis après on passe à un autre personnage.

Personnaliser des personnages, j'y passe beaucoup de temps, mais ça me détourne du jeu, et même ça me le gâche car au bout de tout ça j'en retire une expérience assez médiocre. Ce n'est pas comme par exemple la possibilité de faire des photos. Dans Motorstorm PR, je pouvais passer 3 heures à faire de l'anti-jeu juste pour écrabouiller des motos avec un monstertruck et prendre des photos avec un super angle, mais ensuite je revenais aux courses. C'est comme le côté bac-à-sable dans Grand Theft Auto, on peut jouer au jeu, et on peut aussi passer du temps sur le jeu à faire n'importe quoi, mais y'a une limite.

Dans la personnalisation, il y a quand même Soul Calibur 3 qui se détachait du lot, car il y avait un mode de jeu dédié à nos créations, une sorte de RPG rudimentaire où on devait défendre et attaquer des donjons. Nos créations avaient en plus leurs propres éventails de coups, là où dans le 4 ce sont ceux des personnages originaux. De même dans les jeux de sport comme Fight Night, le problème est réglé si je peux créer un avatar à mon image. Comme ce genre de jeu n'est pas scénarisé, ça fonctionne plutôt bien, j'ai une extension virtuelle de moi-même et aucun dialogue pour me faire raconter n'importe quoi ou m'inclure dans une histoire dont je ne suis pas un personnage.

Donc au fond ce n'est pas tant la personnalisation d'un avatar qui me dérange, mais plutôt son utilisation que je trouve souvent inappropriée (même et surtout dans les jeux de rôle), ça a un impact assez négatif sur mon expérience.

Création

Là il s'agit des éditeurs de missions. J'ai pu essayer LittleBig Planet, ModNation Racers, et Infamous 2. Les trois m'ont très peu convaincu.

D'abord LittleBig Planet, on lisait souvent "Mon Dieu, on peut faire ça ! Incroyable quelqu'un a refait Flower et Limbo !" Donc on a comme pour Soul Calibur le réflexe de refaire des jeux qui existent déjà, ce qui, avouons-le, n'a pas grand intérêt à part pour le créateur. Mais surtout, tout ce qu'on pouvait faire par exemple avec le 2, du Street Fighter, du FPS, etc., ça avait toujours l'air nul à jouer. Donc où est l'intérêt du partage ?

Sur le premier j'ai trouvé les possibilités extrêmement limitées (pas joué au 2 du coup). Je ne parle pas des mécaniques de jeu, mais de l'impossibilité de s'affranchir de l'univers LittleBig Planet. On avait juste des nouveaux niveaux, avec le gameplay qu'on lui connaît et que je suis loin de trouver intéressant, et des trucs articulés ressemblant à des jouets pour bébés. Les niveaux de la communauté que j'avais essayé, et même ceux de Kojima (sur la version GOTY) qui étaient vraiment réussis par rapport au reste, ça restait du LittleBig Planet. Impossible d'avoir son univers visuel à soi, de sortir du lot, même un peu, juste suffisamment pour donner une identité propre (ou sale).

Dans ModNation Racers c'est encore pire car le jeu n'a aucune identité dès le départ. Les circuits proposés ayant été réalisés avec les outils fournis aux joueurs, on traverse un jeu graphiquement insipide, aux circuits qui ne nous étonnent jamais car les outils restent grossiers par souci d'accessibilité, donc tout se ressemble. Les personnages sont tous sur le même modèle, pas de gabarit différent, pas de Mario un peu gros, de Bowser super costaud, et Waluigi grand et maigre.

En somme on tombe dans des jeux où on ne peut pas faire la différence, où il est impossible de mettre sa marque, bien que ce soit paradoxalement la proposition du jeu.

Infamous 2 lui propose juste de rajouter du contenu. Grâce à un outil cinématique rudimentaire, il y a quand même de quoi créer une histoire dans le jeu, comme une sorte de quête secondaire. Donc Infamous 2 lui ne propose pas de sortir du jeu pour créer une toute autre aventure, mais de participer, de rallonger celle déjà en place. Je pense que ça aurait pu fonctionner s'il avait fourni de nouveaux skins d'ennemis ou au moins la possibilité de les modifier, et de nouveaux personnages qu'on ne rencontre pas dans l'histoire principale. Car là au fond, on ne peut faire que du Infamous 2 en moins bien. L'éditeur en lui-même est assez passionnant pour comprendre l'envers du décor d'un jeu vidéo, ou au moins pour s'en faire une idée, comme c'est le cas dans LittleBig Planet (pas dans ModNation Racers par contre). Malheureusement il échoue dans sa mission de fournir une rejouabilité si ce n'est infinie, du moins décuplée, car rien d'original n'en ressort, encore une fois.

Pourtant il me semble qu'Infamous a pris la bonne voie. L'éditeur est beaucoup moins libre que celui de LittleBig Planet et pour moi ce n'est pas forcément une mauvaise chose ; le décor est déjà en place, le héros est forcément Cole McGrath. On a une solide base de départ, pas de fausses promesses. On connaît le gameplay du jeu, on peut même modifier certains paramètres. Il manque la dose d'inédit, la possibilité d'apporter son truc à soi au niveau visuel, en modifiant l'aspect des ennemis et des PNJs pour créer ses personnages.

Voilà, c'est tout, y'a même pas de conclusion !