Les deux derniers trailers qui m'ont plu, à moi personnellement, sont ceux concernant Max Payne 3 et Resident Evil 6. Je parle des trailers, pas forcément des jeux. Max Payne 3 nous montre ce qui nous attend dans le jeu, on nous explique les bases du gameplay, donc de ce qui va constituer l'essence de notre expérience. À travers on peut aussi admirer les graphismes et toutes sortes de détails, voir Max Payne avec des vêtements différents, mais c'est avant tout un trailer informatif, qui ne prend pas le joueur pour un débile. Resident Evil 6 pour sa part, en étant à son premier trailer, joue la formule classique du mélange entre cinématiques et gameplay. Dans les deux cas, on n'apprend rien sur le jeu, tout en se faisant une idée générale de ce qui nous attend, surtout pour Max Payne 3. En somme les jeux conservent leurs secrets pour le jour de sa sortie. Ce ne sera peut-être pas le cas pour Resident Evil 6, mais pour Rockstar, si on se fie aux dernières campagnes, on découvrira le jeu quand on y jouera.

On sait aujourd'hui que ces cas-là sont rares, et il me semble que ce n'est aucunement un hasard si, de la part de Rockstar, on ait droit à une communication de qualité, quand ce sont les seuls à faire également du DLC de qualité, et des jeux en prenant leur temps au lieu de nous refourguer des photocopies tous les ans.

Habituellement, comment ça fonctionne ? Une première annonce pour annoncer une annonce. C'est gonflant, mais on s'y intéresse. L'annonce annonce un trailer. De quel jeu ? On ne sait pas toujours, et on redoute le coup du "En fait c'est un jeu PS2 HD lol". Quand on a de la chance, ou pas, on a droit à un premier trailer en images de synthèse qui dure 15 secondes, et sur lesquelles on voit peut-être 5 secondes du jeu. Du jeu ? Pas forcément d'ailleurs. Batman Arkham City ne contient aucune images de synthèse, ce qu'on nous a montré ne se trouve pas dans le jeu final. Et là, en cinq secondes, on frappe fort ! Les forums s'enflamment. Pourquoi Batman tabasse-t-il des policiers ? Le buzz commence. En parallèle, Grand Theft Auto 5 nous gratifie d'un premier trailer plutôt long. On voit plus d'une minute du vrai jeu, ou du moins de ce que rockstar ambitionne. Batman lui, c'est grand maximum 5 secondes de... rien. Pareil pour Last of Us. Qu'avons-nous vu ? Réellement vu du jeu ? Rien. Pourtant il fait partie des jeux les plus attendus en 2012.

Ensuite, graduellement, c'est l'avalanche d'infos. On nous présente tous les personnages un à un pour entretenir le buzz, puis débarquent les séquences des quinze, vingt, trente, voire quarante premières minutes de gameplay. Ces séquences non-montées sont souvent désastreuses sur notre expérience future ; un jeu vidéo ça se joue. D'où l'intérêt de faire des trailers à la Max Payne 3, avec un montage qui synthétise les possibilités du gameplay en deux minutes. Au contraire aujourd'hui on ne voit rien du gameplay, mais trop du jeu, de ce qu'on aime découvrir tout seul. C'est débile, n'est-ce pas ? On en voit plus en deux minutes sur un trailer fait dans les règles de l'art qu'en quarante minutes chiantes et spoilantes dans un Silent Hill Downpour.

Uncharted 3 n'a montré qu'une seule séquence de gunfight, et encore fallait-il se manger cinq à dix minutes de vide pour nous faire admirer le désert. Le reste de sa communication a consisté à nous montrer quoi ? Les phases d'action les plus plates de cette gen. Visuellement c'est renversant, les joueurs pleurent devant le papier peint qui brûle, on détruit des avions en tapotant sur X c'est merveilleux. Y'avait-il un vrai jeu à l'horizon avec un vrai gameplay, derrière toute cette surenchère ? Au final, chacun se fera son avis, mais il en ressort que beaucoup ont été déçu.

Je ne pense pas personnellement que notre déception vient toujours de cette avalanche d'infos. Ce qui m'a déplu dans Uncharted 3, je le pressentais dans la communication sur le jeu, mais je ne l'ai pas vu en trailers, une traversée du désert qui n'en finit plus d'être chiante, et autres passages obligés, n'étant pas l'argument le plus vendeur. C'était déjà moins amusant de connaître absolument tous les boss qui m'attendaient dans Batman Arkham City.

Évidemment, plus on en voit, plus le jeu nous fait envie (ou pas). Après, quelle importance pour les éditeurs que vous ayez vu tout le jeu, si ça permet de le vendre plus efficacement ? Notre déception n'entre pas en ligne de compte. C'est notre achat qui détermine aujourd'hui le marketing autour du jeu vidéo, un marketing qui, selon moi, n'a absolument aucun respect du joueur. J'ai beau être souvent déçu par Rockstar, il fait partie des rares que je continue à acheter neuf, day one comme on dit. Ce n'est pas juste l'histoire que je me sente respecté, mais parce que ce studio sait me donner envie via de véritables trailers, et que le produit final, même quand il ne me plaît pas, ne sent pas le foutage de gueule à plein nez.

Avec un jeu vidéo qui prétend être un art, qui cherche à supplanter le cinéma (bon courage !), qui nous parle "d'expérience", et qui par derrière vend son cul au formatage action, nous entube avec les méthodes mercantiles les plus basses et les plus hypocrites, et les manipulations psychologiques digne des casinos (on ne joue plus, on nous entretient sur de la durée de vie artificielle), qui cherche à nous faire croire que "Oui c'est comme au bon vieux temps, mais mis au goût du jour, tout le monde va s'y retrouver même les vieux fans on vous oublie pas regardez 47 est toujours chauve !", il faut peut-être se demander une chose ; quand un jeu nous en montre autant, est-ce parce qu'il n'a rien à proposer ?

C'était un message du vieux con blasé B)