Après la première partie consacrée aux débuts de la presse et à sa première décennie, intéressons-nous maintenant aux hits durant la 2ème décennie.


1990-1993 : Début de l'opposition entre micro-ordinateurs et consoles

En janvier 1990, Joystick arrive sur le marché. Ce magazine met en avant les consoles plus que les concurrents avec notamment le meilleur de l'année, Tetris sur NES, un grand succès populaire. La même année, on peut citer Battle Squadron sur Amiga, meilleure classement pour un jeu de Shoot them Up sur micro.

En septembre 1990, c'est la sortie du premier magazine 100% consoles, Player One. En réaction, Joystick lance Joypad et Tilt lance Consoles+ en octobre 1990. Avec Gen4, ça fait donc 6 magazines français et une scission s'y opère entre les mags micros et les mags consoles. L'heureux possesseur des 2 types de machines devra donc acheter 2 magazines s'il veut être au courant de tout.

En 1991, une grande saga naît même si elle a actuellement perdu de sa superbe, notamment car ses développeurs sont passés sur un petit jeu de « gansta » type bac à sable dont on devrait à peine entendre parler du 5ème épisode en 2012... mais je m'égare ! En 1991, donc, c'est Lemmings sur Amiga qui est en haut du classement. C'est d'ailleurs le meilleur jeu Amiga de toute la base de données.

Mais c'est surtout le début de la montée du PC notamment via Origin et son Wing Commander 2 en 1992 qui obtient d'excellentes notes et reste dans le Top3 des meilleurs jeux sur PC du corpus. L'année suivante, c'est Ultima Underworld à qui tous les magazines donnent leur meilleure note de l'année et l'élisent meilleur jeu. Le classement fait aussi ressortir Alone in the Dark, jeu français créé par Frédérick Raynal qui sera d'ailleurs qualifié de très beau et est le seul survival/horror sur micro du corpus.

Il faut donc se rendre à l'évidence, le PC domine largement et l'Atari ST et l'Amiga sont sur le déclin après une guerre fratricide (les 2 machines sont dotées du même type de processeur central) de plusieurs années. Sur le plan des classements, Yves note que l'Amiga sera légèrement supérieur à l'Atari (Ndsseb22 : Un jour l'Amiga vaincra !! ). À part le PC, il reste certes le Macintosh mais au début des années 90, les jeux y sont très très rares et il n'existe aucun magazine spécialisé dans les tests de jeux sur cette machine.

C'est également l'avènement du CD-ROM et de ses scènes cinématiques bientôt en FMV et des jeux exploitant cette technique. Les premiers jeux utilisant cette technologie sont d'ailleurs suffisamment  bluffants pour ressortir dans les notes avec Star Wars : Rebel Assault ou MegaRace en 1993. Mais les testeurs se rendront très vite compte que l'esbroufe technique ne fait pas tout et leur suite seront beaucoup moins bien notées, ce qui est caractéristique de l'évolution de la perception des jeux FMV.

Au niveau des consoles, le changement de génération s'est également opéré avec l'arrivée de la première 16 bits en France, la Megadrive de SEGA. Elle arrive en 1991 mais Nintendo l'attend de pied ferme avec son Super Mario Bros. 3 et c'est finalement ce dernier qui fait l'unanimité de la presse (Ndsseb22 : je l'attendais également avec impatience et réussir à l'avoir plusieurs jours avant sa sortie officielle a été une immense joie pour moi).  Pour les journalistes, SEGA et ses jeux d'arcade donnent trop une impression de « petits jeux » et leur avis se mesure dans les classements : alors que 8 jeux Nintendo en ressortent, 1 seul jeu SEGA y est présent.

En 1992, on retrouve bien évidemment Super Mario World et Zelda : A Link to the Past sur Super Nintendo (Ndsseb22 : pour moi, 1992 est l'une des meilleures années en terme de sorties). D'ailleurs, les Zelda ont « bien » vieilli car 11 ans plus tard, le remake de ce Zelda 3 sur GBA a également de très bonnes notes. L'année 1993 est marquée par l'arrivée sur Gameboy de... Zelda : Link's Awakening qui l'un des rares jeux sur portable. Là aussi, son portage coloré sur Gameboy Color sorti 6 ans plus tard cartonnera aussi. Cette même année, on notera Starwing sur SNES, le seul shoot them up sur consoles qui sort du lot et Street Fighter II. Etonnamment, ce ne sera ni la version Super Nintendo, assez bluffante pour l'époque pourtant ni la version Megadrive, moins bien faite mais sur une machine qui a eu du succès en Europe mais Street Fighter II' Championship Edition sur PC Engine, une console malheureusement mal distribuée dans nos contrées. Cependant, la presse spécialisée adore et c'est le seul jeu de VS fighting 2D qui sera aussi bien classé ici (pas de King of Fighters ou de Fatal Fury, par exemple).

1994-1997 : Apogée et déclin du jeu en 2D

Sur consoles, les jeux en 2 dimensions résistent dans la presse. En 1994, malgré l'arrivée de la Playstation et de la Saturn au Japon, Nintendo marque un grand coup avec Donkey Kong Country et ses graphismes calculés en 3D sur stations Silicon Graphics puis remis en sprites 2D sur Super Nintendo. À ce propos, Consoles + le notera carrément 150%. De même, la presse est plus sensibilisée à la Super Nintendo puisque, malgré la supériorité de la version Megadrive de Earthworm Jim (ndsseb22 : en tant que nintendosexuel, je dois préciser que ceci n'engage qu'Yves ! :D ), la presse parle surtout de la version SNES, sûrement due à son plus grand succès. En 1995, cette fois, ça y est, les 32 bits sont sorties en France et pourtant, le jeu de l'année dans les classements est Yoshi's Island, toujours sur Super Nintendo. Quelques jeux 3D feront bien leur apparition mais la Saturn est moins populaire que la concurrente de SONY. Et le seul jeu Saturn à satisfaire suffisamment la presse pour grimper dans les Hi-scores des classements sera SEGA Rally en 1996 (ndsseb22 : donc devant Shining Force III, Panzer Dragoon Saga, Nights  ou X-Men VS Street Fighter).

En 1996, c'est la PlayStation qui sort du lot avec Tekken 2. Les cinématiques de fin ont impressionné les journalistes (et les joueurs) et c'est le jeu de combat sur consoles qui a le plus fait l'unanimité dans les tests. L'année suivante, c'est bien évidemment Final Fantasy VII qui remporte les suffrages. La première itération de la saga de Squaresoft à sortir en France a un immense succès critique et commercial. Il est dans le Top10 du classement général de cette étude et sera mieux noté que ses 2 suites sur la même machine. La Nintendo64 sort la même année mais la PS1 domine dans les notes. Même Mario64 sera moins bien noté.

Dans la presse, un premier choc se fait sentir : le premier magazine traitant de jeux vidéo à naître est également le premier à mourir. Cependant, contrairement à ses futurs  confrères qui connaîtront le même destin funeste,  TILT aura le temps de s'y préparer et d'annoncer l'événement en couverture. À part Joypad, aucun autre magazine ne pourra ou ne voudra le faire.

Après avoir parlé des consoles, revenons un peu en arrière pour s'occuper des micro-ordinateurs et surtout du PC. En 1994, c'est la sortie de Magic Carpet de Peter Molyneux alors que la même année sort Doom (mais ce dernier prendra sa revanche sur consoles et il restera le seul FPS qui ressort dans ces classements sur console).

Sur PC, on notera que les jeux se séparent en 2 catégories : les jeux dits « classiques » et les jeux « originaux ». La première catégorie récompense Wing Commander 3 et Duke Nukem 3D, ce dernier fera l'unanimité dans Génération 4. La deuxième mettra en avant le genre STR (Stratégie en Temps Réel) avec Command & Conquer : Red Alert. Celui-ci n'est pas le premier du genre (position en général attribuée à Dune 2 de Westwood Studios) mais il restera le meilleur de sa catégorie d'après les notes du corpus. Un autre jeu de Peter Molyneux tire son épingle du jeu. Il s'agit de Dungeon Keeper en 1997. C'est peut-être une des rares fois où Molyneux tiendra ses promesses de gameplay. Il s'agit du meilleur God Game de la base de données mais il subsiste une polémique puisque EA, l'éditeur, aurait tenté d'influencer les notes afin d'obtenir un maximum de 100%.

1998-2001 : Développement de la presse sur internet et retour des critiques « multi-supports »

En 1997 naquit Jeuxvideo.com, en 2000 c'est la naissance de Gamekult. Les sites web n'ont pas besoin, à la base, de séparer les contenus, il n'y a pas de contraintes techniques ou logistiques à le faire ou beaucoup moins qu'avec des magazines papier. De l'autre côté de l'écran, Génération4 change 5 fois de maquette avant de s'arrêter en 2004.

Au niveau des jeux sur PC, c'est Quake 3 Arena sur PC qui se démarque en 1999 pour les FPS type « bourrin » (ou plus politiquement correct : FPS à réflexes) et Half-Life en 1998 pour le FPS « scénarisés ». Ce dernier est d'ailleurs dans le Top 15 des jeux PC ici mais certaines critiques sont vues çà et là à cause de sa répétitivité et la trop grande présence de phases de plates-formes. Mais en 2000, un « FPS » met tout le monde d'accord, il s'agit bien sûr de Deus Ex. Avec sa liberté d'action et de résolution des énigmes et obstacles, il fait l'unanimité et est toujours dans le Top 10 PC. Enfin, en 2001, c'est Baldur's Gate 2 qui fait honneur à son aîné.

Du côté des consoles, l'année 1998 est marquée par Gran Turismo, le premier jeu de voitures sur consoles à pouvoir se targuer d'avoir un côté simulation très prononcé ainsi qu'à parvenir à motiver le joueur grâce à ses permis et un petit côté RPG. Il s'agit de la meilleure vente sur PS1 (et 39e en tout) avec 10.85 millions d'unités. Celui-ci est le jeu de courses le mieux noté du corpus et la saga Gran Turismo est dans le Top 10 des licences de la présente étude. Mais en 1998, c'est surtout le succès incroyable de Zelda : Ocarina of Time sur Nintendo64 même si certains qualifient de défaut le fait d'être tant assisté (comme quoi, les temps ont bien changé). Sa sortie tardive dans l'année fait qu'il a été testé en 1999 mais c'est bien un jeu de 1998. Car en 1999, c'est Soul Reaver qui rafle la mise.

En 2000, deux ans après le premier épisode N64 sort Zelda : Majora's Mask. Il figure parmi le Top10 général ici et la presse a adoré le système de masques. On notera d'ailleurs que dans le corpus, la saga Zelda sera mieux notée que celle de Super Mario. S'il fallait une autre preuve du succès de Zelda, il suffira d'attendre 2001 avec la sortie des Zelda : Oracle of Ages et Oracle of Seasons dont les développements ont été confiés à Flagship Studios et Capcom.

Mais le plus étonnant à cette époque est tout de même le succès critique des jeux PS1. À tel point que certains genres plus confidentiels ressortent. C'est le cas de Bust-A-Groove en 1998, un jeu mélangeant combat et jeu de rythme ! (même si les experts vous diront que la filiation est palpable). Un autre genre de jeu sort également de ses cages, c'est le football. Avec ISS Pro Evolution Soccer, la série ISS assume son côté réaliste et parvient à dépasser les FIFA Soccer grâce, notamment, au fait qu'il faille construire son jeu. Il est enfin possible de faire un beau match même s'il se finit par un score vierge et nul (chose que les développeurs canadiens de FIFA ont eu du mal à intégrer).

Au début des années 2000, le public joueur a évolué. Il est plus vieux, en moyenne, et donc plus riche. Les magazines se multiplient, mais c'est également la fin de Player One, le premier magazine console et aussi celle de SEGA en tant que constructeur de machine. Et comme un chant du cygne, l'année 2001 mettra en avant Skies of Arcadia sur Dreamcast, la dernière console de SEGA, en tant que jeu de l'année.

Dans la troisième et dernière partie, nous nous intéresserons à la période 2002-2006 où Yves aborde les dernières machines... du moins jusqu'à la sixième génération (Xbox, PS2 et Gamecube) puisqu'il s'agit à la base d'une conférence sur le retrogaming.

https://www.gameblog.fr/article-lecteur_1444_compte-rendu-de-la-conference-hits-dans-la-presse-jeu-video-