A l'origine, le Blitzball est le sport national des habitants de Spira, où tous les peuples s'affrontent dans des parties endiablées. C'est l'un des plus grands facteurs de joie et d'espérance dans le coeur des gens, le Blitzball permet en effet d'oublier Sin, d'oublier les monstres et les maux qui jonchent le continent le temps d'un match, le temps d'un tournoi.

Dérivé d'un étrange mélange entre le football, le water-polo et le handball, se déroulant dans une sphère aquatique complètement immergée, le Blitzball s'apparente dans Final Fantasy X à un sport tactique, qui n'est pas sans rappeler les jeux Captain Tsubasa de la vieille époque sur SNES. Ainsi, à chaque fois que deux adversaires se croisent, le jeu s'arrête et chacun choisit son action. Le porteur du ballon décide s'il dribble, passe ou tire, et le défenseur décide avec quel tacle il tente de s'opposer à la progression de l'adversaire. Evidemment, les fameuses statistiques correspondantes sont légions. Passes, Physique ou Tir pour l'attaque, auxquels s'opposent Attaque et Interception pour la défense - et Arrêt pour le gardien. L'équipe comprend 6 joueurs (1 gardien, 2 défenseurs, 1 milieu et 2 ailiers) et plusieurs formations sont disponible en cours de match, afin de varier le positionnement de ses hommes. Ajoutons à cela de nombreuses techniques qui viennent pimenter le jeu comme des tirs, techniques ou passes spéciales, qui peuvent endormir, diminuer les caractéristiques d'un joueur adverse ou encore permettre d'esquiver les tacles.

Le Blitzball s'apparente dans Final Fantasy X à un sport tactique, qui n'est pas sans rappeler les jeux Captain Tsubasa de la vieille époque sur SNES

Mais qui sont ces fameux joueurs de Blitzball que tout Spira adule ? Le héros de l'aventure, Tidus, en est un, et au départ il joue dans la modeste équipe des "Besaid Aurochs". Arrive un moment où l'on est en mesure de prendre en main le destin de l'équipe, et à la manière d'un Football Manager des grands soirs, le Blitzball nous offre la possiblité de recruter de très nombreux joueurs qu'il faudra dénicher dans tout Spira. Les 5 autres équipes feront de même, renforçant et/ou affaiblissant leur équipe à chaque fin de contrat, car il faut bien l'avouer, les joueurs de Blitzball sont peut-être égaux, mais ils sont loin de le rester. 99 niveaux de progression sont disponibles pour chacun d'entre eux, et pour arriver à un tel niveau il faudra pas moins de 100 heures consacrées uniquement à ce doux sport. Larbeit a l'air de tirer aussi fort qu'une mouche ? Nedus va aussi vite qu'un Flagadoss Discret ? Personne ne semble en mesure d'arrêter Frangin quand il a la balle ? Il suffit de jouer pour se rendre compte que les certitudes changent très vite dans le monde du Blitzball...

Ainsi, le début du championnat semble marqué par la présence de trois équipes qui se détachent clairement des trois autres : les "Guado Glories", sveltes et agiles membres de la tribu Guado dont est issu le renommé Seymour, les "Al Bhed Psyches", qui parlent une langue étrangère au reste et qui sont victimes de racisme dans Spira, et enfin les "Luca Goers", natifs de la ville de Luca, comme leur nom l'indique. Ces derniers sont les vainqueurs incontestés de la coupe depuis des années. L'équipe du héros les rencontre une fois dans l'aventure, c'est d'ailleurs le seul match de Blitzball obligatoire, mais c'est aussi l'un des plus durs, car qu'on se le dise : les Besaid Aurochs ne sont en tout et pour tout qu'un ramassis de bras cassés. Ils allient l'absence de talent au manque total de goût vestimentaire et capillaire. En témoignent leur uniforme jaune criard et leurs coupes de cheveux incertaines (Botta, si tu me lis...).

Un challenge de taille donc, qui peut traumatiser le néo-blitzeur en cas de quadruplé de Bickson, frappant du milieu de terrain avec son 14 en Tir, tétanisant le pauvre "gardien" Kippa, répondant présent avec son pathétique 5 en Arrêt et sa bedaine généreuse. Cependant, une fois les clés de la franchise Besaid Aurochs obtenues (le salaire des joueurs est payé avec l'argent que Tidus amasse au cours de l'aventure), un monde d'opportunités s'ouvre enfin. Fini les Botta, Kippa, Letty et autres joueurs tout juste passables et sans charisme, bienvenue les perles resplendissant de swagg et de finesse.

Comme mentionné plus tôt, le metagame évolue très souvent. Au niveau 15, les meilleurs ne sont pas les mêmes que ceux du niveau 40, et cela continue à changer jusqu'au niveau 99. Cela pose deux soucis évidents. Le premier est celui de l'information, car il faut connaître les courbes de progression si l'on veut garder une équipe toujours optimale. Le second, et c'est idiot à dire, mais on s'attache très vite à ses joueurs, et voir Eygaar (buteur star des Al Bhed Psyches) surnager (le mot prend tout son sens ici) du niveau 1 au niveau 50 en sortant des saisons à 25 buts (10 matchs par saison), pour ensuite le voir sombrer dans le banal voire le dessous de la moyenne, a été pour moi - et je n'ai pas peur des mots - l'un des plus grands déchirements vidéoludiques de ma vie.

Je ne comprends d'ailleurs toujours pas les développeurs dans certains choix. Non, non et non : les Kilika Beasts ne méritaient pas d'être aussi surcotés à très haut niveau. Ils sont si faibles au début que même un gosse de 6 ans leur mettrait 6-0 avec l'équipe de base... Alors pourquoi ?! Je veux dire, au niveau 99, parmi les 6 Kilika Beasts, 4 sont les meilleurs du jeu à leur poste. (Larbeit et Isken en buteurs, Vuroja en milieu et Kwarkan en défense). Sachant qu'il ya 60 joueurs dans tout Spira, dont 24 agents libres sans équipe au début, c'est un peu gros. Le pire, c'est qu'en plus d'avoir des stats de malade dans tous les sens, ils ont tous sans exception accès à l'eventail complet de techniques spéciales. Le message est clair et larmoyant à souhait, la ville de Porto Kilika étant détruite par Sin au début du jeu (pour les incultes, Sin est l'entité maléfique incarnant les péchés de l'humanité de Spira, et c'est un monstre marin gigantesque), les Kilika Beasts sont devenus super forts pour redonner espoir à leurs citoyens dévastés par la ruine, le chaos et la terreur. Oui, je rage un peu.

J'imagine d'ailleurs bien les types dans leur bureau "Ouais, alors celui-là on le fait tout nul au début, mais après il devient trop fort s'il est monté au lvl 99 !". En tout cas, ils ont glissé quelques clins d'oeil sympa, notamment les running gag Biggs et Wedge, références aux pilotes éponymes de Star Wars. Biggs est ici un patatouf qui a juste un gros physique, pour le reste il est sans plus, alors que Wedge est capable de tout faire et c'est un des joueurs les plus versatiles, il passe du meilleur attaquant au niveau 1 à second meilleur gardien au niveau 99.

Le Blitzball a pris tellement d'ampleur dans mon expérience de Final Fantasy X que j'y ai presque délaissé le reste du jeu. L'IA n'est par contre franchement pas terrible, bien vu Zaji (65 en Tir) face à mon gardien Kyo (46 en Arrêt), qui à bout portant préfère faire une passe en retrait au défenseur alors qu'il restait 20 secondes et qu'il y avait 0-0... C'est donc assez facile de gagner presque tous les matchs si l'on recrute les meilleurs joueurs et si l'on équipe ses vedettes des meilleures techniques. L'intérêt pour conserver la flamme du blitz est de pousser le vice plus loin en jouant sans certaines techniques archi-abusées comme la Passe "Tsé-Tsé", qui endort à chaque coup, mais surtout se composer une équipe bien plus en fonction des affinitiés que vous avez avec les tas de pixels que sont les joueurs que leur réelle efficacité sur le terrain. Voir une chèvre qu'on aime bien (Glaab pour ma part) esquiver toute la défense adverse grâce à "Esquive Tacle" et marquer grâce au "Tir Eclipsant" qui ne tient pas compte de l'Arrêt du gardien mais de sa position, ça n'a pas de prix.

Le Blitzball a pris tellement d'ampleur dans mon expérience de Final Fantasy X que j'y ai presque délaissé le reste du jeu

C'est le moment approprié pour rendre un ultime hommage à ces joueurs de Blitzball, qui m'ont accompagné des journées, des soirées et des nuits durant, jusqu'à cette limite fatidique du niveau 99. Ils n'ont pas tous été dans mon équipe, mais ils sont tous remarquables pour une raison ou une autre que je vais énoncer :

Juhda, défenseuse des Al Bhed Psyches, toi qui étais tellement forte jusqu'au niveau 60, toi qu'aucun de mes joueurs n'arrivait à passer en 1 contre 1, ni même à te reprendre la balle tant ta note en passe était digne d'un Zizou des grands soirs, je te salue.

Gazna, milieu des Ronso Fangs, si imposante stature, je ris encore de te voir foncer comme Kôjiro Hyuga tout droit dans ma défense en passant en revue tous mes défenseurs, car ton physique de Ronso le permettait. Maintenant tu es titulaire indiscutable dans ma défense et je rêve d'avoir une peluche à ton effigie. Je te salue.

Loumnik, gardien des Al Bhed Psyches, meilleur gardien du niveau 1 au 99, tu es la seule valeur sûre, la seule once de continuité dans ce monde si oscillant. J'ai un jour écrit "If anything goes wrong, Loumnik will be my constant". Je te salue.



Navara, milieu et capitaine des Guado Glories, ta faculté d'intercepter toutes les passes, ta distribution du jeu Riquelmesque, ta pointe de vitesse à faire pâlir Alain Bernard et ta crinière blonde qui participe à te donner un flegme particulier. Je te salue.

Lopp a beaucoup plus la classe que Ryan Gosling.



Lopp, défenseur libre, ton bandana est la définition même de l'awesome, du swagg et de la classe réunies. Sans parler de ce pantalon qui te sied si bien lorsque tu tends la jambe pour effectuer un high-kick dévastateur pour récupérer la balle en toute circonstance, tout en gardant l'allure et l'attitude. J'ai oublié de préciser que c'était le meilleur défenseur du jeu. "Ronso ou pas, m'en bats les couilles ! " Je te salue.

Bickson, buteur providentiel des Luca Goers, parce que tu m'as sauvé la vie en finale d'un tournoi contre les Al Bhed Psyches, ce tir à la dernière seconde qui arrive face à Loumnik (12 Tir vs. 21 Arrêt), je savais qu'il existait un facteur aléatoire, mais en dessous de 50% je n'y croyais pas, alors quand tu as marqué ce but en or, j'ai bondi. Et pour ça, je te salue.



Eygaar, le fameux Eygaar. Sans toi le Blitzball n'est pas vraiment du Blitzball. C'est le joueur parfait du niveau 1 au niveau 50, ensuite il prend le melon, les filles, la drogue, trop de gloire. Ou alors comme Ronaldo il se pète deux fois le genou, j'en sais rien, mais il est toujours aussi important à mes yeux. Eygaar, si tu n'avais pas un prénom de merde, je l'aurais donné à mon fils. Devant l'éternel, je te salue.



Spanda, cette joueuse est fantastique. Déjà elle est super douée au milieu, offensivement et défensivement elle brille dans les deux domaines. Mais surtout, elle pénètre sous l'eau avec une doudoune énorme. Et je trouve ça tout bonnement fascinant. Malheureusement, je n'ai pas trouvé d'image. En tout cas Spanda a réussi à s'imposer comme titulaire à la position clé de milieu de terrain, et pour ça, je la salue.

Je n'ai évidemment pas tout dit sur le Blitzball, tant il y aurait encore à dire, mais je souhaite que mon regard offre une nouvelle approche et une nouvelle perspective d'appréhension, de compréhension et d'immersion au sein du vaste univers de ce qui est pour moi le mini-jeu le plus riche et le plus complet de l'histoire des Final Fantasy, et peut-être même bien plus encore. Il ne manque qu'un mode multijoueurs pour sublimer encore ce qui mériterait sans doute d'être bien plus qu'une quête annexe, un jeu à part entière. Ceci est un appel du pied non dissimulé pour tous ceux qui s'occupent peu ou prou du remake de FFX sur PS3 et Vita. Je le répète, ceci est un appel du pied...