Souvenez-vous, dans le précédent article, nous vous présentions la Lynx d'Atari, de sa conception à sa sortie, en passant par ses inconvénients. Nous voici en route, toujours avec Simone, pour la suite.

 

Atari ou l'incapacité à se remettre en question

Techniquement, la console trainait son baluchon d'inconvénients, certes. Mais tâchons, tout de même, de les relativiser. On parle ici des mensurations indéniablement exagérées de la console ainsi que de sa consommation gargantuesque en piles. Mais, indubitablement, il s'agit de conditions sine qua none lorsqu'on désire avoir une machine portable aussi performante. En cette fin des années 1980, début 1990, vous ne pouviez raisonnablement pas exiger une console dopée comme une Lynx et compacte comme une Gameboy. Le seul bémol véritable à signaler vient du processeur sonore qui fait un peu « tâche » par rapport à ce qui l'entoure. Capiche, Simone ?

Atari s'appliquera donc à redesigner  la console (en la rendant plus douce à la rétine avec un aspect général plus arrondi) et se chargera, pour l'occasion, de réduire les dimensions excessives de la bête De plus, les joueurs pourront à présent apprécier un son stéréo, bien plus agréable à l'oreille qu'auparavant. Ensuite, c'est à la consommation d'énergie de subir des rectifications en étant quelque peu amoindrie. Il semblerait que l'autonomie gagne 15% entre les deux versions. Enfin, dans un souci d'économie d'énergie, il est dorénavant possible d'éteindre uniquement l'écran (LCD, rétroéclairé, couleur) qui mange des piles comme des pistaches, sans pour autant arrêter la console.

Mais, foncièrement, la société ne semble pas avoir été totalement honnête avec elle-même. Car, malgré ses défauts, la Lynx aurait dû jouir - en tout cas, elle le méritait - d'un accueil plus chaleureux du public si seulement Atari l'avait intelligemment accompagnée avant, pendant, et après sa sortie. La société aurait dû s'appliquer à établir un diagnostic approfondi pour mettre en perspective les forces et les faiblesses de sa stratégie commerciale. Ainsi, la compagnie aurait pu profiter du temps écoulé entre la Lynx et la Lynx II pour mieux analyser le marché sur lequel étaient venues s'ajouter deux nouvelles consoles portables couleurs, la Game Gear de SEGA et la PC Engine GT de NEC, comme nous le verrons un peu plus loin. Tout ça pour dire que les éditeurs et les distributeurs tournent une fois encore le dos à Atari, et en l'occurrence à la Lynx II. La société commet les mêmes erreurs qu'un an plus tôt. En témoigne la campagne publicitaire définitivement anecdotique, à l'instar de celle dont avait souffert la première Lynx.

 Malgré le manque de courage - non, je déconne  - de folie des éditeurs qui les tiendra loin d'Atari, la société réussit à réunir une certaine quantité de jeux à l'approche de la sortie de la Lynx 1.5 (on en profite puisqu'officiellement, la nouvelle version a le même nom que son aînée). Seulement, il fallait qu'il persiste un caillou - un rocher - dans la godasse.

Un catalogue de jeux aussi pauvre quantitativement que qualitativement

Et là, on touche au problème substantiel, organique même, relatif à la Lynx : son nombre absolument considérable de jeux minables. Pourquoi tant de déchets me direz-vous ?  Parce que, vous répondrai-je, Atari, lâchée par les éditeurs, a dû se résoudre à sortir elle-même ses jeux.  Mais, par pitié, sœur Simone priez pour eux, ne pensez pas que la compagnie a pris la peine de se lancer dans des développements interminables de softs. Non, car la firme dispose du « micro-ondes vidéo­-ludique » et l'a fait tourner bien méchamment, croyez-moi. Quelques mois seulement après la naissance de la Lynx, Atari choisit de faire de la réchauf'. Rééditions, adaptations de jeux d'arcade et de jeux sortis soit sur 2600, 5200, 7800 soit sur Atari ST. Tout est bon pour alimenter la console en cartouches. Néanmoins, ne soyons pas de mauvaise foi, Atari a adapté de très bon jeux et assez récents comme Toki, sorti en 1989 sur borne d'arcade. Seulement, quand on s'offre une console - 150$, qui plus est - on entend à voir débarquer bien plus de jeux inédits et d'exclusivités que la Lynx n'en aura finalement proposés durant toute sa laconique vie. Et par-dessus le marché, si peu de jeux utilisaient la technologie ComLynx et ne permettaient donc pas de jouer à plusieurs en réseau, beaucoup n'exploitaient même pas l'intégralité des capacités techniques de la console. N'est-ce pas affligeant, Simone ? Oh que oui  !

Sega et NEC entrent dans la danse, Atari fait du hors-piste

Comme nous l'avions évoqué dans la première partie, en 1989 la Lynx possédait un avantage concurrentiel de poids et sur lequel Atari aurait dû modeler sa communication : sa technologie avant-gardiste. Sauf qu'à présent, veille concurrentielle oblige, la société américaine n'est plus le seul constructeur à proposer une console arborant un écran couleur rétroéclairé qui était, un an auparavant, unique à la Lynx. SEGA et NEC sont, en 1990 et 1991, montés au créneau et proposent respectivement la Game Gear et la PC Engine GT (connue également sous le nom de TurboExpress ou Turbo GT). La console de Sega bénéficie elle aussi d'une palette de 4086 couleurs mais prends le dessus sur la Lynx  avec une résolution légèrement supérieure.

 Le catalogue de jeux de la console d'Atari plafonne éternellement sous la barre des 100 titres, alors que celui de la GameGear est bien plus fourni. Et que dire du catalogue interminable de la PC Engine GT qui répertorie plus de 600 jeux, grâce à sa compatibilité directe avec sa grande sœur de salon, la PC Engine !! En plus d'être dépassé en termes de quantité, le maigre catalogue de la Lynx prend une rouste en terme de qualité. La console de SEGA propose une ribambelle de titres attractifs comme Sonic (neuf jeux en tout), Aladin,  Castel of Illusion, Ecco the Dolphin, Megaman, NBA Jam, et j'en passe. Mais avec l'aide des adaptations des hits de la MegaDrive sur sa console portable 8 bits, SEGA parvient rapidement à rattraper les ventes de la Lynx. Même constat sur la portable de NEC dont le catalogue contient des jeux comme Castelvania : Rondo of Blood, PC Kid, Neutopia, Super Star Soldier , et ainsi de suite.

On en arriverait presque à oublier le principal concurrent, Nintendo...

Voilà qui anéantit toutes chances - si tant est qu'il en existait encore - de succès pour la Lynx. Si la première Lynx avait, contre toutes attentes, connu de bon chiffres de vente les premières semaines, sa petite sœur, la Lynx II, distribuée ci et là, subit un départ poussif et ventes toussotent allègrement.

A l'enterrement de la Lynx, il n'y avait personne... (sauf Simone)

Concurrence directe plus intense, avantage concurrentiel évaporé, prix élevé, jeux de qualité absents, boudée par les éditeurs et les distributeurs, mal-aimée de la communauté des gamers, méconnue du grand public, que reste-t-il  à la Lynx ? Si peu de chose... Pourtant, on ne le répètera jamais assez, la console portait sur son dos un bagage technique non négligeable. Est-il alors judicieux d'affirmer que le seul faux pas de la Lynx a été de passer entre les mains d'Atari ? Difficile de penser le contraire car ce n'est pas la console bodybuildée d'Epyx qu'il s'agit de blâmer mais bel et bien la démarche marketing boiteuse adoptée par Tramiel et sa bande.

En 1993, le processus de fabrication de la Lynx passe en mode « off », définitivement. Cependant, il reste des consoles à vendre, donc en 1995, à l'occasion de la sortie de la Jag... ah, c'est trop dur à dire... de la Jagu.... Ah, j'vais pas y arriver, c'est au-delà de mes forces... De la Jaguar, ouf, Atari sort deux softs sur une cartouche pour tenter de désespérément refourgué sa portable. Et là, soudainement, des millions de joueurs se ruent corps et âme sur les points de vente disposant de la Lynx, quitte à faire le tour du monde pour mettre la main sur la console. Une euphorie générale et mondiale naquit et s'empara des gens et.... Non, en fait, les jeux en question,  Asteroids et Missile Command seront les derniers jeux à être produit. Triste épilogue... Sur son lit de morts, la Lynx se sera donc écoulée à environ 6 millions d'exemplaires. C'est tout de même 4 fois supérieur à la PC Engine GT (plombée par un prix exorbitant mais l'objectif de NEC n'était clairement pas de concurrencer les autres sur le même marché). Ce n'est pas non plus ridicule face aux 11 millions de Game Gear. Malheureusement pour les trois seconds couteaux, Nintendo réussit à vendre plus de 118 millions d'exemplaires (en incluant les GameBoy Pocket et Color).

Les jeux Lynx que notre mémoire de gamer se doit de connaitre

Nous avons était particulièrement indélicat avec le catalogue de la Lynx, tant sur sa profondeur que sur sa qualité. Nuançons notre mépris et énumérons quelques-uns des titres respectables avec lesquels on peut prendre du plaisir :

-          - Batman Returns

-          - Bill and Ted Excellent Adventure

-          - Ninja Gaiden

-          - Rampage

-          - Rygar

-          - Shadow of the Beast

-          - Viking Child

 

Remerciements

Nous tenons à remercier :

La rédaction de Gameblog pour avoir sélectionné la première partie de cet article

Le site www.retroblog.fr à qui nous devons ses belles photos 

 

Bibliographie 

https://www.silicium.org/oldskool/console/atarax/lynx2.htm

https://www.grospixels.com/site/lynx.php

https://en.wikipedia.org/wiki/Atari_Lynx

www.retroblog.fr

 https://www.obsolete-tears.com/atari-lynx-machine-70.html

 

Lien vers la première partiehttps://www.gameblog.fr/article-lecteur_1336_un-oeil-sur-la-lynx-d-atari-premiere-partie