Petit retour en arrière. Le studio Rockstar sort en 1998 un jeu qui fait polémique : Grand Theft Auto. Le joueur incarne un gangster et jouit d'une liberté d'action qui crée rapidement la polémique, puisqu'il est possible de tuer de braves innocents qui ne font que se balader dans la rue. Malgré cela, une suite sort l'année suivante et ne fait aucune concession au niveau de la violence. Le choix d'une caméra placée au-dessus du joueur a sans doute aidé à faire passer la pilule.
Ce n'est qu'avec la sortie de GTA III en 2002 que la saga de Rockstar va connaître son premier grand succès public. Les développeurs ont cette fois-ci opté pour une modélisation de la carte entièrement en 3D, et une caméra placée derrière le joueur, offrant ainsi une sensation de liberté encore jamais atteinte dans un jeu d'action.
GTA III vient de créer un nouveau genre, logiquement nommé le GTA like. Une longue série de jeux créés sur le même modèle vont sortir au fil des années (Mafia, True crime, Scarface, The saboteur,...) mais aucun ne réussira vraiment à surpasser l'original.
Malgré la révolution qui vient d'être initiée par Rockstar, GTA III souffre de nombreux défauts. Tout d'abord, et c'est un comble pour un jeu qui privilégie l'action, les séquences de fusillades sont très approximatives et deviennent vite crispantes lorsque l'on ne parvient pas à locker l'adversaire que l'on souhaite descendre. Le plaisir de jeu en pâtit sérieusement.
De même, la réalisation laisse à désirer. Les décors sont dans l'ensemble assez moches, et les personnages bougent plus comme des robots que comme des êtres humains.
Ces lacunes n'empêchent toutefois pas le jeu de séduire les gamers du monde entier.
Un an plus tard sort GTA Vice city. Le jeu est légèrement mieux réalisé, mais le véritable point fort de ce titre provient de son contenu et des nouvelles possibilités qui sont offertes. L'objectif étant clairement de devenir le maître de la ville (à la façon de Tony Montana dans Scarface), le joueur peut désormais acquérir différents fonds de commerce et les faire fructifier pour s'enrichir encore et encore.
Avec son trip rétro 80's et son humour ravageur le titre fait un malheur, même s'il laisse toujours à désirer au niveau technique et au niveau de gameplay dans les phases de tir.
C'est en 2004 que débarque le titre qui est la raison d'être de cet article : GTA San Andreas. Dès les premières secondes de jeu, le constat est édifiant. La réalisation a fait un bond en avant impressionnant. Les textures se révèlent plus fines que par le passé, les véhicules sont superbement modélisés et les personnages ressemblent réellement à des êtres humains, autant au niveau de leurs visages que de leurs animations.
Surtout, le jeu propose enfin un système de fusillades digne de ce nom. Même s'il n'est pas encore parfait, on peut cette fois-ci prendre vraiment son pied à dézinguer tous ceux qui osent se trouver sur notre passage.
Ce nouvel opus décrit les guerres de gangs aux Etats-Unis, mais ce n'est pas de cet aspect là que provient toute la force du titre. La première partie qui se déroule dans la ville de CJ (le héros) se déroule d'une manière assez classique pour un GTA. On apprend à connaître les rues de la ville, on enchaîne les missions, on se fait de nouvelles connaissances...
Une fois cette partie du jeu achevée, CJ se retrouve embarqué de force par deux flics ripoux dans leur voiture. Ils finissent par l'abandonner dans un lieu totalement inconnu au joueur : en pleine forêt ! Retour en phase de gameplay. On découvre alors des environnements dont on n'aurait jamais soupçonné l'existence. La grande ville a disparu, on se balade désormais en pleine campagne et on peut traverser des champs et des paysages montagneux. Le choc de la surprise est d'autant plus fort que le délire guerre des gangs du début du jeu ne nous préparait absolument pas à ce changement brutal.
Dès lors, la carte offerte au joueur ne va faire que s'agrandir au fur et à mesure de sa progression. Il va finir par découvrir une nouvelle ville, mais aussi un décor désertique tel que celui que l'on peut admirer sur la mythique route 66 !
Et comme si tout cela ne suffisait pas le jeu s'achève dans une dernière ville, une sœur jumelle de Las Vegas dans laquelle se succèdent les casinos. Evidemment, il est possible d'entrer dans ces casinos et de s'essayer à de nombreux jeux pour gagner de l'argent.
D'ailleurs, le nombre d'activités proposées par le titre au joueur est juste hallucinant. De manière non exhaustive, citons en vrac : danse, jeux vidéo, billard, tags, cambriolages, BMX, basketball, musculation, paris sportifs, photographies, sauts en parachute, pilotage de trains d'avions et d'hélicos,... C'est du jamais vu dans un jeu vidéo !
Les missions ne sont pas en reste et n'ont jamais été aussi spectaculaires. On retiendra à titre d'exemple une course poursuite façon Bad boys 2 ou une séquence d'infiltration dans une base militaire à la Splinter cell.
La dernière grande ligne droite du jeu se veut héritée du film Ocean's eleven puisque CJ va préparer le casse du siècle en envisageant d'aller braquer un casino avec ses potes ! Une série de missions aura pour but d'effectuer les différents préparatifs nécessaires à cette opération d'envergure. Quel bonheur que de sentir qu'on est en train de mettre en place un coup aussi énorme ! Autant dire que lorsque le jour J arrive enfin, c'est avec les mains moites que l'on saisit notre pad.
On pourrait croire que le jeu s'achèverait sur cette dernière aventure, et bien non. GTA San Andreas se conclut là où il a débuté. CJ retourne chez lui pour découvrir que suite à une bavure policière, sa ville est à feu et à sang. C'est l'anarchie la plus totale qui règne, rien à voir avec la ville que l'on avait arpentée au début du jeu. La dernière mission consistera logiquement à remettre de l'ordre dans ce beau foutoir.
On pourrait encore écrire des pages et des pages sur l'incroyable expérience offerte par ce titre et par son hallucinante profondeur. Autant dire qu'après un tel monument, j'attendais comme le messie l'épisode suivant !
Etant prévue sur les consoles nouvelle génération (PS3 et Xbox 360), il me semblait évident que la carte du nouveau GTA allait être encore plus grande que celle de San Andreas, du fait de la puissance de calcul largement supérieure de ces machines.
GTA IV sort en 2008 et première déception, la carte n'est même pas aussi grande que celle de l'opus précédent. Pire, elle est plus petite ! Plus fâcheux encore, le seul environnement proposé est la ville. Terminées les balades à la montagne, à la campagne où dans le désert... A partir de là, difficile de voir une évolution positive dans ce nouveau GTA.
Certes la réalisation est fantastique, les décors n'ont jamais été aussi bien modélisés et les animations sont splendides. Le système de tir / couverture est parfaitement au point et permet des séquences de fusillades assez mémorables. Le nombre de missions est énorme et permet des dizaines d'heures de jeu.
Mais tout ce qui faisait le charme de GTA San Andreas a disparu. Le nombre d'activités annexes a considérablement diminué et l'ambiance de délire total façon jeu bac à sable a presque disparu. Niko Bellic ne fera rien de vraiment insensé comme se jeter du haut d'un building en parachute ou piloter un avion de chasse comme c'était le cas dans GTA San Andreas. L'humour, bien que toujours présent se fait plus discret. Les gars de chez Rockstar ont manifestement voulu d'abord raconter une histoire et se focaliser sur une approche plus réaliste du concept GTA.
Objectivement, GTA IV est un très grand jeu. La carte proposée est d'une grande richesse et la jouabilité quasi parfaite procure un plaisir de tous les instants. Mais le grain de folie qui m'avait fait adorer GTA San Andreas n'est plus là. Quel dommage...
Heureusement, le DLC The Ballad of Gay Tony propose des moments assez dingues comme une course poursuite sur le toit du métro avec flingages d'hélicos. Un moyen pour Rockstar de nous rappeler qu'il reste une place pour le délire dans Liberty City.
GTA V pourrait arriver sur nos machines en 2012. Espérons que les développeurs auront su écouter les joueurs qui comme moi, n'ont pas pu s'empêcher d'être déçu par l'orientation choisie par GTA IV et nous proposer enfin des environnements qui sortent de la sempiternelle ville en modélisant une carte aussi riche qu'un état entier et dans lequel le joueur pourra vaquer à toutes sortes d'activités ! Wait and see...