Car oui, il est définitivement plus facile de débourser ses deniers dans un jeu dont on connait, ou croit connaitre, les tenants et les aboutissants. C'est sans doute l'une des causes des succès commerciaux parfois gigantesques de jeux à licence parfois à peine bon à servir d'épouvantails à pigeon. La connaissance supposée rassure, nous conforte dans notre position. Les suites réveillent des attentes insoupçonnées, parfois des questions sans réponses. C'est le double combo fatal de la muerte qui va te faire acheter Metal Gear Solid 4 et Resident Evil 5, des rêves plein tes yeux fermés, et il sera trop tard au moment de les rouvrir. J'exagère, car j'ai malgré tout pris mon pied sur ses deux jeux, certainement grâce à leur patronyme d'ailleurs, mais force est de constater que c'est le souvenir de leurs ainés respectifs qui restera. A côté de cela, combien sommes-nous à avoir boudé Mirror's Edge ou LittleBigPlanet, apeurés par le renouveau qu'ils pouvaient symboliser ? Pourtant, les frissons durant la première course-poursuite aux commandes de Faith et l'émerveillement face au monde inédit en carton-pâte des sackboys resteront, eux. Mais comme l'histoire est un éternel recommencement, qu'en sera-t-il au moment des suites probables de ces deux titres en question ? Je n'aurai jamais pensé être déçu au générique de fin de Modern Warfare 2, après la baffe du premier  je me disais « t'inquiètes, t'as le temps de voir venir, tu vas pouvoir kiffer encore un ou deux épisodes avant de te manger le syndrome trop de craquage de corde craque la corde dans ta face ». Mais le retour de bâton fut violent, et l'impression de voir le même jeu en moins bien à refroidi mon gros AK-47 et mes deux grenades de façon radicale.

Quelle peut donc être la solution à ce problème ? Metal Gear Solid et Resident Evil sont deux séries qui ont pourtant tenu la barre haute quelques épisodes avant de craquer. Sont-elles allées trop loin ? Pas assez ? Savoir s'arrêter à peu près bien et au bon moment, peu l'ont fait. Là, comme ça, je pense à du Naughty Dog (Jak & Daxter, Crash Bandicoot) et à du Ubisoft ( Splinter Cell, la trilogie Prince of Persia en espérant que le futur proche ne me fasse pas mentir), aux Ratchet & Clank, à Oddwolrd, à quelques vieilleries comme Parasite Eve ou Syphon Filter. Des séries aux épisodes certes parfois semblables, quand ils n'étaient pas faux-jumeaux, mais qui gardaient toujours un certain niveau d'exigence, de qualité. A côté de ça, des séries aussi cultes que Silent Hill et Metal Gear Solid pour y revenir, ont sensiblement déçus au bout de quelques épisodes, quand d'autres comme Devil May Cry Et Resident Evil  sont trop inconstantes pour postuler au rang serré des séries au CV parfait, et surtout, chose rare, à la qualité qui va crescendo sans jamais redescendre. A ce jeu là, indéniablement, les séries aux épisodes sans liens scénaristiques, ou si oui sous-jacents,  s'en sortent mieux. Grand Theft Auto, la série « Team Ico », Mario, Zelda ou encore Final Fantasy, dont le seul vrai faux-pas reste à mon sens la tentative de suite au dixième épisode. Le renouvellement scénaristique ou thématique constant empêche les licences de s'embourber. Cela ne résout pas certains problèmes de gameplay ou de mise en scène (après tout, la série des Silent Hill était aussi de cette branche), mais limite la casse dans l'absolu. Dans d'autres cas, c'est la notion de suite elle-même qui semble aller à l'encontre de la nature d'un « premier » épisode. Okami, Braid, Flower, ne m'ont jamais donné envie de voir plus loin. Ils se suffisent à eux même. Et restent.

Et nous, joueurs, dans cette affaire, que devenons-nous ? En regardant et regroupant les listes précédentes, certes plus ou moins subjectives et liées à mon passé de joueur, on remarquera  que les jeux sans suites sont réservés à une « élite » de connaisseurs et passionnés. Que les séries imparfaites mais reconnues commencent souvent par un ou deux épisodes très marquants réputés auprès des gamers pour ensuite continuer au travers de suites moins bien calibrées. Et que les séries parfaites ou presque touchent souvent (Team Ico out) un public extrêmement large. Réalité ou simple rapprochement personnel inconscient, les développeurs/éditeurs semblent aussi avoir leur propre leitmotiv ou degré d'exigence concernant les suites : Konami loupe le final pour SH et MGS, Capcom rate DMC et RE en cours de route mais sait se reprendre quand il faut, Naughty Dog arrête Jak & Crash au bon moment, Ubi ne se foule pas trop pour PoP et SC, Nintendo assure avec Mario et Zelda. A partir de ces observations, peu de solutions s'offrent à nous pour changer les choses. Car ne nous leurrons pas. Même mis au courant par divers tests et critiques des soucis liés à RE5 et MGS4, pouvait-on vraiment leur dire non au vu du passif de ces séries, des attentes soulevées ? Peut-on d'un autre côté se forcer à aller vers la créativité et la nouveauté quand une déception à plus ou moins 70€ (bon ok, 45€) risque de se faire sentir (Bayonetta et DarkSiders, sortez de mon corps ! Okami, Amateratsu merci tu existes !) ? A-t-on suffisamment d'impact auprès des joueurs moins expérimentés pour les diriger vers ces jeux cultes mais inconnus et sans suite aucune ? Peut-on d'une quelconque manière changer la politique d'un éditeur sur sa façon de concevoir des suites à ses jeux à succès ? Rien n'est moins sûr. Une chose l'est en revanche : la veille de la sortie de la suite de Bioshock, jeu qui se suffit à lui-même, et qui à mes yeux fait parti de ceux qui restent plus que n'importe quel autre, je n'ai jamais eu aussi peur... du connu.