Episode 1

On n'y entend plus que nos longs soupirs
devant une X360 aussi froide que des testicules de phoque (à se les traîner
toute la journée sur la glace aussi...) et un Tuner TV Freebox aussi poussiéreux que
les parties intimes d'une octogénaire. Peu à peu la vie abandonne notre séjour,
tant et si bien qu'il en est même devenu propre.

Mais, les multiples conseils et commentaires qui m'ont été
donné (pour lesquels je suis très reconnaissant), ajoutés à l'aberration visuelle
que constitue ma table basse privée de ses habituelles manettes, cendriers
pleins et résidus de fast-food, m'ont fait finalement comprendre ce matin même que
le temps de la réflexion était désormais révolu. Prenant mon courage à deux
mains, je me jetais alors un grand verre d'eau chaude à la figure pour faire
disparaître l'abrutissement liée à la testa
croupionae
(terme scientifique désignant la maladie de la tête dans le cul).
Je pouvais alors envisager plus lucidement toutes les options qui s'offraient à
moi.

Me vint d'abord en tête ce que j'appellerai la solution "altermondialiste".
Elle aurait consisté à déboutonner mon pantalon, à le descendre jusqu'aux
chevilles et à afficher fièrement mes fesses rebondies au visage d'un monde
consumériste contrôlé des médias de masse, qui servent des heures et des heures
de purin audiovisuel à un public devenu fin scatophile. Cette solution, vous l'aurez
compris, consistait simplement à ne pas racheter de téléviseur. Ce choix,
quoique certainement utile au progrès philosophique de la race humaune, n'aurait
pas seulement impliqué une privation totale de programmes télévisés, mais
également la fin des duels vidéoludiques entre amis, la fin du découpage
industriel de locusts sur Gears of War 2 et la fin des chorégraphies en duo (à
la limite de la parade amoureuse) entre colocataires sur Just Dance. Bref, cette
option impliquait la disparition de ce qui faisait le sel de notre association
locative et ne pouvait donc en aucun cas se justifier (même pour répondre aux
imprécations de hippies bouddhistes sponsorisés par St Maclou). Même l'argument
pourtant fort de la gratuité de cette solution ne saurait contrebalancer l'absence
de toute activité vidéoludique.

J'envisageais alors une autre possibilité : celle de la
réparation. Certes payante, cette solution apparaissait cependant comme le bon
intermédiaire entre la gratuité du non-remplacement de mon écran et la vente d'un
rein à la mafia albanaise comme financement de l'acquisition d'une nouvelle
télévision. Le problème en était les réactions opposées que l'exposition de
cette option avait suscité chez nombre de mes interlocuteurs. Certains arguaient
qu'il s'agissait certainement d'un "petit composant de merde", ne
coûtant pas plus cher qu'une prostituée thaïlandaise et dont le remplacement aurait
pu être effectué par un singe alcoolique. D'autres au contraire soutenaient que
les réparateurs spécialisés avaient autant d'honneur qu'un joueur de Premier
League et que tous m'annonceraient avec une tristesse mal feinte que l'état de
la carte mère de l'écran était proche de celui du réacteur n°2 de la centre de
Fukushima. Je les imaginais donc déjà m'annonçant que la réparation me coûterait
exactement le prix de leurs prochaines vacances aux Seychelles. Puis, les
arguments de l'informaticien de ma société, m'expliquant que les boutiques d'électronique,
tout comme les grandes marques, changeaient et facturaient systématiquement les
cartes mères, achevaient de m'effrayer. Déchiré entre ma peur de la "sodomie
commerciale" (également appelée effet Darty) et l'espoir de retrouver mon
écran facilement et pour une somme modique, je décidais d'abandonner également
cette solution, dont toutes les issues me paraissaient hautement incertaines.

Ne me restait donc plus qu'une seule solution, qui apparût
soudain dans mon esprit, auréolée d'une lumière blanche aussi immaculée que la poitrine
d'une rousse. Cette solution qui au fond de mon âme, avait toujours été celle pour
laquelle je penchais, était désormais justifiée par l'absence d'autres option
acceptables. Son prix élevé n'était désormais plus une variable de la réflexion
mais une obligation à laquelle je devais me soumettre, un fait que je devais
accepter sans broncher. Ainsi débarrassé  de tout remord pécuniaire, j'annihilais mes
dernières capacités d'analyse par un bombardement nourri d'arguments aussi
fallacieux les uns que les autres : la nouvelle télévision paternelle qui surpasse
la mienne depuis peu, l'envie de passer au plasma, l'absence d'entrée
audio sur ma Philips, etc...

Vous me voyez donc devant vous avec la ferme intention d'acquérir
un nouveau téléviseur (ainsi que celle de me couper un bras pour pouvoir me le
payer). Je vous demande une nouvelle fois vos conseils éclairés, non pas sur la
bonne décision à prendre, mais sur la bonne télévision à acheter. Plasma, LED,
3D, 600Mhz, Jumbotron ?

Merci de votre aide une nouvelle fois,

Arthur

PS : Mon choix final sera bien entendu communiqué dans
un prochain article.

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