Succintement, votre but sera de sauver le Pays des Merveilles d'un train maléfique qui dévaste à la fois ce monde mais également l'esprit de la jeune fille. Vous mènerez votre quête sur 5 chapitres. Le chiffre peut paraître petit mais rassurez-vous, une quinzaine d'heures seront plus que nécessaires pour stopper la machine. Vous parcourerez notamment une forêt, des fonds-marins, une maison de poupée ou encore un château de cartes flottant dans les airs qui, personnellement, m'a donné le vertige.

Ce n'est pas un rêve, c'est un souvenir

L'histoire débute dans un Londres sâle, sombre. Une atmosphère qui ne correspond pas au premier abord à la jeune Alice, avec son air innocent, ses cheveux qui flottent dans le vent et sa tenue de bonne. En perpétuelle recherche de la vérité, elle ne trouve pas de mal à replonger dans un monde qu'elle connaît sur le bout des doigts. Un monde où tout est abomination. Et plus on avance, plus ce monde devient glauque, alternant dégout et fascination. A travers l'histoire, vous retrouverez tous ceux qui firent le charme de cette épopée, seulement ces derniers ont eu droit à quelques légères retouches. Le Chapelier Fou à la recherche de ses membres, les soldats de la Reine de Cœur qui ressemblent plus à des zombies qu'à des cartes, et que dire de notre guide, le chat du Cheshire toujours aussi squelettique que dans le premier épisode. Mais malgré cette bascule dans la démence et l'horreur, les souvenirs enfantins que l'on garde en mémoire ressurgissent. Les personnages, bien qu'hideux, deviennent très rapidement attachants. Et même si le jeu est bourré d'imperfections, l'ambiance à la fois macabre et fantastique est bien présente, et ne vous lâche plus jusqu'au générique de fin.

Place à l'action

Alice : Retour au Pays de la Folie reste dans la droite lignée du premier volet. Particulièrement dans l'aspect action du jeu. Dès les premières minutes, Alice retrouve son fameux glaive vorpalin avec lequel elle ne se privera pas de trancher les membres des ennemis qu'elle rencontrera. Rassurez-vous, la jeune fille bénéficiera de plus d'une flèche à son arc. Outre le glaive, Alice sera munie d'armes plus improbables les unes que les autres. Une théière-canon et un moulin à poivre comme armes à feu, mais également un cheval bâton à l'image d'une massue pour assomer ceux qui se mettront en travers de sa route. Mais ce n'est pas tout, Alice disposera, à volonté, de lapins explosifs, agissants comme bombe notamment pour briser des parois donnant accès à des endroits secrets. Mais dans ce monde déjanté, la pauvre Alice, seule contre tous, pourra se protéger en sortant une ombrelle, retournant à l'envoyeur les projectiles de ses adversaires. Autre méthode de défense, l'effet papillon. A la simple pression d'une gâchette, Alice se volatilisera en un nuage de papillons pour se téléporter quelques mètres plus loin. Encore une touche artistique, le mode Alice en folie. Lorsque votre barre de vie est sur le point de faner, une pression sur le joystick gauche et Alice se déchaîne, devenant, l'espace de plusieurs secondes, invincible. Tout cela dans une atmosphère encore plus démoniaque.

Privilégions le design

C'est bien l'environnement global du jeu qui incite le joueur à poursuivre l'aventure jusqu'à son dénouement. Le titre de Spicy Horse bénéficie d'une direction artistique de grande qualité. Des panoramas à perte de vue et des adversaires à la hauteur. Ruines, théières, guèpes samouraïs et autres soldats armés de fourchettes offrent une grande diversité et surtout chaque adversaire nécessite une technique différente pour être vaincu. Mais à côté de cela, le jeu souffre de nombreuses failles techniques. Vous devrez faire avec les bugs et les ralentissements tout au long du parcours. Les textures des décors manquent cruellement de détails et certaines parties sont quasiment nues - presque comme si elles n'avaient pas été finies. Mais le pire, c'est la caméra. Plus d'un s'en arrachera les cheveux. Les angles de vue proposés nuisent considérablement au bon déroulement du jeu. Il en devient difficile de bien juger les trajectoires entre les plateformes. Malgré les triples sauts ou triples vrilles et la possibilité de planer, vous finirez de nombreuses fois dans le vide, c'est garanti. Fort heureusement pas de game over et reprise à l'endroit où vous avez chuté limiteront les raisons de trop pester.

Routine quand tu nous tiens

L'alliance plateforme/combats est rapidement redontante mais Spicy Horse a eu la bonne initiative d'injecter plusieurs phases de gameplay alternatives, qui apportent une touche d'originalité et évitent la lassitude. En plus des missions secondaires, pour lesquelles Alice devra notamment récolter des souvenirs afin de rétablir la vérité, vous aurez ainsi droit à des séquences façon old-school, sur un plan en 2D. Shoot-em-up sous-marins, plate-forme, jeux musicaux, puzzles, échecs et autres toboggans viendront également alimenter, en diversité, le gameplay. Côté exploration, mis à part les souvenirs à récolter, il vous faudra engranger un maximum de dents qui auront pour unique but l'upgrade des armes (canon-théière, moulin à poivre, cheval bâton, glaive vorpalin). Vous pourrez vous faufiler dans des endroits plus secrets en vous saoûlant à l'alcool, ce qui vous fera rapetisser et vous permettra d'apercevoir des plateformes autrement invisibles. De nombreuses idées, mais des idées trop légères pour que le joueur ne tourne pas en rond. Les combats, bien que dynamiques, et la partie plateforme, fluide mais simpliste, ne sont pas au niveau de ce que l'on a pu voir ces dernières années. Mais est-ce vraiment ce que l'on attend d'un tel jeu ? Au final peut-être pas. Tout est question d'univers.

Alice : Retour au Pays de la Folie ne sera sans doute pas considéré comme l'un des jeux les plus aboutis de sa catégorie. Saccadé, routinier, voire lassant, le jeu s'avère en outre très juste techniquement. Difficile dans ces conditions d'obtenir une note élevée. Mais tout n'est pas raté non plus : l'empreinte d'American McGee vous embarque et vous transporte grâce à une ambiance démentielle tout au long de l'histoire et une direction artistique réussie. Et une fois le jeu lancé, pour peu que vous y accrochiez, vous n'aurez qu'une envie : le terminer.