La célèbre équipe de SWAT surpuissante va débarquer à Las Vegas non pas pour empocher quelques dollars sur des tables de poker et autre black jack, mais pour s'adonner à leur hobby favori : traquer du terroriste anxiogène. Il est vrai que tenter de pondre Rainbow Six Vegas sur PSP peut sembler être un challenge un peu trop ambitieux. Cela reviendrait à essayer de caser Carlos dans une Twingo pour reprendre la comparaison fétiche d'Angel aka El Diablo Troncho. Et même si je n'aime pas donner raison à mon collègue gothique refoulé, pour une fois je dois concéder qu'il n'a pas vraiment tort le bougre. Du coup, ne vous attendez pas ici à bénéficier des mêmes réjouissances que sur les versions consoles de salon, mais à une mouture remaniée, light de chez light.

La tactique passe à la trappe

Allez hop, taillons dans le gras tout de suite : le soft n'a plus rien à voir avec la dénomination « action tactique ». En effet, toute la dimension stratégique légendaire de Rainbow Six est passée aux oubliettes puisque vous ne pourrez plus gérer une escouade entière de spartes simultanément. Les parties se dérouleront de manière linéaire avec un seul soldat à la fois à diriger selon les aléas du scénario. Donc, à la trappe les planifications d'assaut, les ordres en temps réel, les progressions en couvertures subtiles... R6 Vegas sur PSP n'est plus qu'un banal FPS des familles ! On comprends mieux alors pourquoi on ne retrouvera pas dans le casting des personnages le mythique Swat Chavez Ding dans cet opus, car il a dû déserter le projet en pressentant le gadin. En tous cas, il a eu du flair l'animal.

Une prise en main lourdingue

Etant un fan inconditionnel des R6 (j'ai même pu serrer la pince au créateur de Rogue Spear par le passé héhé !), j'ai été fortement déçu de ne pas retrouver la fameuse vue à la troisième personne de son perso. Tout se déroule en vue subjective avec l'arme, à la manière d'un Quake. Le seul affichage à la troisième personne s'effectuant uniquement lors des plaquages en fourbe contre un mur pour viser ses adversaires façon Splinter Cell. Premier constat : l'ergonomie du jeu laisse grandement à désirer. En mode de configuration alternative, il est parfois impossible de refermer une porte, de se plaquer convenablement contre un mur du premier coup ou d'activer la caméra serpent espion sans pousser un râle d'agacement. Les enchaînements d'actions les plus simples deviennent parfois un véritable casse-tête tant il est fréquent de se tromper dans les commandes du jeu. Bref, pour le côté intuitif du gameplay, il faudra repasser.

Un FPS pas très fin

Toutefois, avec de la ténacité, on arrive à dégoter des petites astuces toutes simples pour se faciliter la vie et tracer dans les nombreuses missions du jeu. Il faut juste se dire que si l'on essaie de jouer de manière sycophante et calculée, on se risque à mourir plus vite qu'en jouant de façon plus bourrine. Je m'explique : il est possible de verrouiller ses adversaires en pressant la touche "L", du coup il devient plus facile de se déplacer à toute berzingue et d'abattre ses ennemis directement, que de progresser lentement et de se retrouver pénalisé par la prise en main lourdingue et lente du jeu. Tiens, parlons-en des ennemis : leur intelligence artificielle laisse à désirer. Une fois "abolis" des pathfinding scriptés de leurs rondes, ils ne font pas preuve d'une grande mobilité. Je me rappelle avec émoi de mes parties de R6 Urban Operation sur PC dans lesquelles les terroristes pouvaient me prendre à revers (n'interprétez pas cette phrase de travers merci). Ici, vous ne pourrez observer ce type d'action révolutionnaire que sous LSD, à l'article de la mort.

Fire in the hole !

Pourtant le titre est graphiquement pas mal fichu même s'il peut arriver que les musiques se mettent à sauter, ou que votre soldat se heurte à de sévères problèmes de Z Buffer. On pourra lui reprocher avec véhémence de ne pas proposer des missions très captivantes (localisation d'otages, hackage d'ordinateur, assassinat...) en mode solo également. Finalement, seul le mode multikeums permettra à R6V de tirer son épingle du jeu, avec notamment la possibilité de jouer en versus ou en équipe de 4 potos, via un système d'ordres audio assez bien fichu. Sinon dans l'ensemble, vous l'aurez aisément compris, cette mouture destinée à la portable de Sony se révèle assez décevante, surtout si vous avez déjà mis la patte sur un épisode antérieur de Rainbow Six sur PC ou sur les machines de salon. En gros : quelle déception !