Si vous avez des consoles HD ou un PC en état de jeu à la maison, passez directement votre chemin, Conduit 2 ne vaut guère que 2 étoiles pour vous. Si vous avez juste une Wii et un appétit logiquement peu satisfait pour le genre, il reste des arguments pour considérer son acquisition.

Minute, papillon

Avec une Wii, difficile donc de proposer une immersion aussi travaillée qu'avec les supports HD. Mais de là à balancer le joueur directement dans l'intrigue, sur les rails d'une aventure alambiquée avec des personnages qu'il n'a peut-être pas connus (s'il n'a pas joué au premier), ou dont il ne se souvient plus... c'est pourtant bien ce qui se passe quand on commence Conduit 2. Dans la peau du même héros, Michael Ford, à la poursuite de John Adams, on reprend directement à la fin du premier jeu. Fort heureusement, le scénario lui-même n'est que prétexte à jouer, puisqu'il ne se prend pas trop au sérieux et n'a pas fait, visiblement, l'objet d'un soin particulier. Mais c'est déjà un premier progrès à porter à cette suite : en effet, le second degré plus présent qu'auparavant n'est pas un mal, et on navigue ainsi de niveaux "réalistes" en maps alien, tout en découvrant de nouveaux personnages curieux, portés par la voix grave de doubleur des années 80 du héros (par Jon St John, voix de Duke Nukem, en V.O., d'ailleurs, la qualité des one-liners en moins). Le coeur de la proposition Conduit 2, ça reste le jeu lui-même. L'action.

Classico-basique

De ce point de vue, c'est de l'ultra classique. Pas d'idées de génie dans le level design, juste un peu plus de variété visuelle (et un goût plus sûr que dans le premier, sans pour autant qu'il y ait de quoi s'affoler), quelques combats de boss, et ce côté exploration par l'intermédiaire de l'oeil alien qu'on peut appeler à tout moment en pressant "-" pour scanner les alentours et découvrir quelques éléments cachés. Dans l'ensemble, c'est du FPS pour ainsi dire Old-School. Linéaire dans sa progression, il s'agit toujours d'aller d'un endroit à un autre par un seul chemin, sur lequel on liquide des vagues d'ennemis prédéfinies. Reste que ces adversaires n'ont vraiment rien de très surprenant. Soldats ou aliens semblent se comporter peu ou prou de la même façon. Il y a les petites bestioles qui vous foncent dessus en groupe, les plus évoluées qui vous tirent dessus derrière une couverture sans trop bouger ou chercher à manoeuvrer... bref, on empile les frags comme on le faisait il y a déjà 10 ans sans avoir la sensation que l'opposition pourrait se montrer plus futée.

No brain, no gain

L'aventure Solo n'a donc rien d'exaltant, mais fait son boulot au minimum syndical, et sur une durée de vie standard - même si la fin s'avère abrupte et décevante. Les armes alternent toujours classique humains (mitraillettes, fusil à pompe, etc.) et bidules aliens (fusil qui tire à travers les murs, balles insectes à tête chercheuse, lasers divers), offrant ainsi leur lot de variété. Chacune a deux utilisations : soit un tir alternatif, soit un scope, soit quelque chose qui complète le tir principal... Mais malheureusement, ce n'est expliqué nulle part en dehors du manuel... et succinctement. Mais comme le précédent, c'est finalement dans le multi que tout cela s'exprime le mieux. Jouable en ligne avec oreillette, ou en local jusqu'à 4, il propose 14 modes différents, du très classique au plus rigolo (comme le mode balloons à la Mario Kart), certains pouvant faire l'objet de parties jusqu'à 12 joueurs, le tout avec les éléments de progression désormais classiques dans le genre. Il y a aussi un mode similaire au Horde de Gears of War, appelé "Invasion". C'est d'autant mieux d'ailleurs, que cette suite jouit de contrôles nettement plus précis (ce qui vaut pour le solo comme le multi, évidemment), sans Wii MotionPlus mais encore plus avec, bien entendu. Il est toujours possible de configurer aux petits oignons la sensibilité de l'ensemble la zone morte, etc. pour un contrôle optimal, ce qui est important surtout pour le multi. Mais si d'aventure vous souhaitiez jouer avec une manette Classic ou Classic Pro, ça marche aussi !

Bugland

Donc pour résumer, Conduit 2 offre un solo sans grande ampleur, et un multi plus soigné. En revanche, les bugs sont partout. En solo, ça va des corps flottants, trous de balles dans le vide, et adversaires qui ne réagissent pas, aux freezes de la console (j'ai joué sur une version commerciale). En multi, il arrive que les votes pour jouer dans certains modes et sur certaines cartes ne soient pas pris en compte, ou encore que des interactions en capture de drapeau ne se déclenchent pas comme prévu. Il y a aussi le bug de la partie infinie en multi : la voix déclare une victoire ou une défaite, puis plus rien ne se passe. Même s'ils sont toujours contournables et pas si courants que ne le laisse penser cette énumération, il se dégage immanquablement une sensation de mal fini dans tout ça. Visiblement, je ne suis pas le seul à avoir rencontré de curieux soucis en y jouant...

Au final, Conduit 2 ne parvient pas à améliorer assez sensiblement la formule du premier, auquel on a passé certains défauts car il jouissait d'une certaine qualité technique sinon artistique, de contrôles agréables et précis, et d'un multi riche. Pour cette suite, des efforts ont été faits dans certains domaines, mais ce n'est pas l'aventure tiédasse, la science-fiction de série Z et les nombreux bugs qui l'aideront à conquérir les coeurs. En revanche, son multi assez riche et l'absence d'une masse de concurrents jouent en sa faveur... si vous n'avez vraiment rien d'autre à jouer dans le genre.