Pour qu'une nouvelle console s'impose sur le marché, il lui faut montrer d'emblée ce qu'elle a dans le ventre. Comme son nom l'indique, le créneau de la 3DS , hé ben... C'est la 3D ! Dans le sens cinématographique du terme, car, comme vous le savez, la console propose plutôt un effet de relief. Et pour montrer ce qu'elle sait faire dans le domaine, la petite dernière de Nintendo a choisi d'épingler Samurai Warriors, la série phare de Koei, à son line up de sortie. La 3DS transformera-t-elle les champs de batailles de ce beat'em all super bourrin en vastes décors dans lesquels le joueur se sentira immergé ? Allons-nous sentir les sabres nous frôler la carotide et les flèches nous siffler aux oreilles, comme le promet la campagne publicitaire de la console ? Euh... On se calme ! le futur est encore loin, très loin...

Le paradis des découpeurs

D'un point de vue purement ludique, ce Samurai Warriors Chronicles est une réussite pour qui aime la série. Plutôt que de nous servir un simple réchauffé des autres versions, cet opus propose un mode histoire retravaillé, plus entrainant, et des fonctions tactiles qui imposent un nouveau rythme aux batailles. Cette fois, il ne s'agit plus d'incarner toute une kyrielle de samurais et de suivre leurs aventures de manière décousue, mais de prendre le rôle d'un jeune combattant qui cherche sa voie et doit constituer son armée. Pour ce qui est de l'action pure, il s'agit toujours de combattre des hordes de soldats à grand renforts de combos dans de vastes environnements, mais quelques subtilités sont apparues. Tout d'abord au niveau du scénario. Vous progressez au gré de chapitres lors desquels vous êtes épaulé par d'autres seigneurs de guerre, dont quelques nouveaux, avec qui vous créerez des alliances ou entrerez en conflit... Ce qui aura une influence sur les batailles à venir. En effet, lors de certaines des nombreuses scènes de dialogue qui ponctuent le jeu, il vous faudra faire des choix qui influenceront vos relations avec les autres samurais. Derrière l'ami d'aujourd'hui se cache peut-être l'ennemi de demain...

Missions à réactions

La plus grosse nouveauté de ce nouvel épisode réside cependant dans la possibilité, et même l'obligation, de changer régulièrement de personnage durant les batailles. D'habitude dans un Samurai Warriors, on arpente le terrain en long en large et en travers, ce qui est l'un des gros défauts souvent reprochés au titre. Et bien c'est terminé ! Maintenant, vous disposez de plusieurs combattants postés aux quatre coins de la carte, et parfois dans des endroits inaccessibles aux autres, que l'on peut incarner en touchant simplement leur portrait sur l'écran tactile. Loin d'être un gadget, cette fonction est justifiée par un système de missions en temps réel qui vous demanderont d'intervenir à différents endroits dans un laps de temps très court. Qu'il s'agisse d'une escorte, ou au contraire de couper la route à un bataillon de renfort, de neutraliser un officier ou de protéger une garnison, vous devrez vous atteler à une grande variété de missions qui viendront s'ajouter aux objectifs principaux et dynamiseront les batailles en y apportant une bonne dose de stress et d'imprévu. Chaque mission facultative menée à bien vous rapportera des bonus qui s'additionneront à ceux remportés en fin de chapitre : expérience, armes, équipements...

La sauce Musô

Une fois un chapitre terminé, vous pourrez le rejouer librement avec les personnages alliés rencontrés et désormais disponibles. Avant de partir pour l'assaut suivant vous aurez la possibilité d'améliorer et de fusionner vos armes et objets, leur ajouter des compétences , changer votre équipement, acheter une monture, vendre les objets inutiles.. Bref la petite sauce habituelle des Musô. L'expérience acquise au combat permet quant à elle d'augmenter vos statistiques, mais aussi le nombre de vos soldats et généraux. N'oubliez pas qu'il s'agit de créer une véritable armée ! En montant de niveau, les samurais gagneront également de nouveaux combos et surtout de nouvelles aptitudes : les Battle Skills. Celles-ci vous permettront de donner des ordres simples à vos soldats comme de tenir une position pour défendre un bastion ou encore d'agir sur le moral des diverses factions. Une once de stratégie qui se révèlera indispensable pour mener à bien les nombreuses missions annexes qui interviennent lors des batailles.

De la 3D comme à l'époque

Si en tant que Musô, ce Samurai Warriors Chronicles est une bonne surprise, qu'en est-il d'un point de vue strictement technique et surtout qu'apporte la 3D ? Graphiquement, le jeu surpasse tous ses homologues sur consoles portables. La réalisation est claire, les personnages détaillés, rien à redire. Les maps sont simplistes mais vastes, ce qui induit des batailles étonnamment longues pour un format portable. Reste heureusement la possibilité de faire une sauvegarde rapide à tout moment. Pour l'effet 3D, c'est une autre histoire. Si l'on apprécie au début l'impression de distance entre le personnage (au centre), les ennemis (au fond) et les indications diverses (au premier plan), elle est vite remplacée par un sentiment de 3D un peu tronquée, artificielle. A l'écran, cela ressemble parfois aux livres en relief pour enfants. L'espace d'un instant, ça m'a même rappelé des titres comme Shadow of the Beast (Psygnosis, 1989) et l'arrivée des scrollings différentiels (aussi appelés Parallax), qui donnait déjà à l'époque un sacré coup de frais et de relief à un monde ancré dans la 2D. A mon sens, rien de bien révolutionnaire donc. D'autant que visuellement le confort est loin d'être optimal. Comme au cinéma, et bien que l'on n'ait pas besoin de lunettes, on sent que la vision est forcée et on perd parfois le point de focalisation, on louche, on frétille de la rétine, c'est pas super agréable pour tout le monde... Surtout qu'au rythme ou l'on martèle les boutons, on bouge régulièrement l'écran et là... On ne voit carrément plus rien. Du coup, on préférera diminuer l'effet 3D pour ne laisser qu'un léger décalage entre les plans, bien plus supportable.

Samurai Warriors Chronicles est donc un excellent épisode pour qui aime la série. Grâce à un rythme plus soutenu et une jouabilité nettement plus fun, il risque même de faire de l'oeil à ceux qui jusqu'ici ne voulaient même pas s'y essayer. La réalisation est agréable, la prise en main est instinctive, le format "portable" est plein de charme... En imaginant que l'on ait du temps à tuer, c'est le genre de jeu idéal pour avaler les minutes au goulot. Malheureusement l'effet 3D de la console apparait ici comme un gadget qui n'apporte pas grand chose de plus et que l'on utilisera avec modération.