C'est vrai, ni à l'époque ni aujourd'hui, Beyond Good & Evil ne brille par l'originalité de son gameplay. Mélange de Zelda, Pokémon Snap et d'autres titres d'action et d'infiltration à la troisième personne, si Beyond Good & Evil a tant marqué et plu à sa sortie en 2003, c'est parce que leur mariage fut harmonieux et renforcé par un univers unique. Y replonger aujourd'hui confirme l'excellence de ce mariage... d'autant que ce n'est pas sur la technique que cette réédition pourrait aujourd'hui briller.

Il y a remake et remake

Parlons d'abord des sujets qui fâchent. Pour ceux qui ont déjà profité de Beyond Good & Evil dans sa version d'origine, ce remake ne porte pas la révision technique bien loin. Certes c'est en HD, certes cela gomme certaines faiblesses de l'époque, mais on a vu des remakes - ou plutôt des "HDisations" - plus réussies. Avec les mêmes modèles 3D qu'à l'époque, des textures peu ou pas enrichies, il accuse un peu son âge. Pour les anciens donc, on chipotera sans doute là dessus. Et pour les nouveaux venus, qui n'ont pas eu l'occasion d'y goûter il y a 8 ans, il ne faudra pas s'attendre à une réactualisation poussée. Mais, une fois encore, ce n'est pas en ces termes que le jeu d'Ubisoft affirme sa valeur. Car au-delà des aspects purement techniques (qu'on aurait certes aimé voir plus poussés dans cette réédition), il y a un univers, des personnages et un mélange réussis.

Sus aux DomZ

Maintenant qu'on a évacué les reproches et autres, laissez-moi vous parler du coeur de BG&E... Dans la peau de Jade, une reporter au chômage, et de ses amis comme Pey'j et d'autres qu'on découvrira au fil de l'aventure (parfois en les jouant), il nous invite à enquêter et combattre l'invasion des DomZ, créatures envahissant par salves la planète d'Hyllis. Il ne faudra pas attendre longtemps avant de découvrir qu'il y a anguille sous roche avec les Sections Alpha, prétendument protectrices d'Hyllis... conspiration, collusion ?

L'aventure se déroulera ainsi par succession de donjons, répartis dans un monde quasiment ouvert, dont on explorera les sections au fur et à mesure de l'acquisition de divers bonus, à la manière de Zelda. On pourra gagner des sous pour acheter certains bonus, en prenant en photo toutes les espèces animales d'Hyllis par exemple, ou en gagnant des courses. Il faudra aussi récupérer des perles (il y en a 88 à acquérir), lesquelles permettront de débloquer de nouvelles capacités et de progresser comme d'avoir accès à de nouveaux recoins de l'univers... Et ce dernier s'avère varié et immersif, tendance enfantine certes, mais charmante. Les phases d'action, de course, d'infiltration, d'exploration de mini-jeux, se succèdent et se complètent, pour livrer un jeu d'une richesse et d'une profondeur toujours (même d'autant plus diront certains) impressionnante aujourd'hui. Aucune des mécaniques du jeu ne surpasse ses inspirations, c'est certain, mais elles tiennent toutes assez bien la route, et concourent à charmer le joueur qui ne s'ennuie jamais dans cette aventure.

En un mot comme en cent, l'occasion d'un remake de ce titre culte aurait pu être saisie pour aller plus loin, mais même dans cette version HD, replonger dans le monde d'Hyllis, appareil photo au poing, en compagnie de Jade et de ses amis, reste une possibilité qu'il ne faudrait surtout pas sous-estimer, que l'on soit profane de l'univers ou joueur désireux d'y revenir. Car à 800 points, c'est une expérience à part, bien narrée, dotée de doublages français de qualité, et dont la formule simple et accessible, mais riche et variée, n'est finalement guère présente dans les jeux d'aujourd'hui.