Après les plutôt moyens Resident Evil : The Darkside Chronicles et Dead Space Extraction, c'est donc au tour de la célèbre franchise Ghost Recon de passer à la moulinette de l'adaptation sur Wii. Cela équivaut, pour la plupart des gros éditeurs, à une prise de risque minimum pour un budget qui l'est encore moins. Arrive donc la solution de facilité ultime, très en vogue à l'heure actuelle sur la console de Nintendo, qui consiste à adopter des mécaniques de jeu bien connues et maîtrisées, en l'occurrence celles du rail-shooter, pour les plier tant bien que mal, et de façon nécessairement artificielle, à des contraintes qui sont d'ordre narratives et scénaristiques pour l'essentiel. A propos de scénario, comme d'habitude chez le père Clancy, il s'agira d'aller débiter du communiste ultra-nationaliste en petits morceaux dans les rues d'un Moscou famélique, sur une musique digne des pires productions pompières du studio Media Venture. On se retrouve en terrain connu.

Jeux de guerre

On peut néanmoins reconnaître que ce nouveau Ghost Recon a la volonté de secouer un peu le genre, ce qui à défaut d'être pertinent, se révèle au moins original. Tout d'abord, il faut souligner l'effort du studio canadien Next Level Games (à l'origine de l'agréable revival Punch-Out!!) de vouloir casser la routine ronronnante des Time Crisis et autres House of the Dead, en optant - à contrario de ces derniers - pour une vue à la troisième personne, semblable à celle que l'on trouve habituellement dans les Third Person Shooters. Ça n'a l'air de rien en apparence, mais cela contribue astucieusement à renforcer l'aspect blockbuster actioner bourrin du titre, conférant alors à l'ensemble une certaine plus-value esthétique, qui n'est pas négligeable au regard des capacités limitées de la Wii. Ainsi, de ce choix singulier d'angle de vue découle un gameplay partiellement rénové, qui autorise des actions a priori étonnantes pour du rail-shooter, comme la liberté de courir d'un point A à un point B en pointant par exemple le zapper en direction de la prochaine couverture potentielle, tout en gardant la possibilité de tirer en ralentissant le mouvement avec le Nunchuk, ou au contraire de sprinter en secouant la Wiimote comme un dératé. De plus, l'aventure se parcourt obligatoirement à deux (avec un pote ou l'IA), ce qui occasionnera quelques moments de bravoure sympathiques, même si l'IA ne fait preuve d'aucun esprit d'initiative. On ne saurait trop vous conseiller, comme de coutume, de privilégier l'être de chair et de sang.

Un rail ça va, deux bonjour les dégâts

Mais malgré cette tentative de la part du studio d'apporter un peu d'audace et de variété à l'entreprise, avec par exemple des phases d'infiltration (très basiques) ou encore la possibilité de contrôler des véhicules - qui font presque sombrer le soft dans le shoot them up - l'action ne décolle jamais vraiment, comme si les prétentions ludiques de l'ouvrage étaient étouffées dans l'œuf par le trop plein d'ambitions artistiques. On s'ennuie, car le mélange des genres fonctionne mal, et le gameplay, pourtant suffisamment nerveux, reste souvent le cul coincé entre deux chaises. Sans compter une jouabilité approximative, ce qui n'aide en rien dans l'enchaînement des évènements scriptés dont on aimerait que la sauce prenne et que le rythme s'emballe. En vain.

Pour être honnête, on ne s'attendait pas vraiment à être surpris en insérant la galette de Tom Clancy's Ghost Recon dans la console, les notes d'intention ne prêtant guère à trop se réjouir. Si l'expérience reste tout de même appréciable le temps de quelques parties, c'est à la condition expresse de jouer à deux, et d'avoir épuisé les nombreux rail-shooters déjà présents sur la machine. Le cas échéant, investissez plutôt dans des valeurs sûres...