Kratos a toujours de bons prétextes pour revenir à la charge ! Ainsi, Ghost of Sparta sera l'occasion de découvrir son enfance aux côtés de son frère Deimos, un peu parachuté dans la saga pour les besoins de cet opus, que l'on croyait mort et enterré. Mais après les dernières déclarations de la mère du tueur de dieux, ce dernier n'a d'autre choix que de retrouver son frangin en proie aux tourments infligés par Thanatos, la personnification de la mort. Bon, soyons clair, si le scénario semble bien débuter, il faut avouer que Deimos ne remplit pas vraiment le rôle que l'on aurait espéré de lui et que la conclusion du titre s'avère pour le moins abrupte... Sans être totalement à côté de la plaque, l'histoire de Ghost of Sparta est donc clairement en retrait comparée à celle des autres opus de la saga et peine à s'intégrer dans la mythologie de la série. Ce n'est donc pas du côté du scénario qu'il faut chercher votre bonheur mais plutôt du côté de ce qui fonctionne encore et toujours, la réalisation d'enfer et le gameplay parfaitement huilé que l'on connaît à la série.

Un paradis visuel

La PSP n'a de cesse de nous surprendre sur le plan technique en proposant toujours des jeux de plus en plus réussis visuellement. Je vais donc vous la faire courte dans le cas de Ghost of Sparta : il est sans conteste le plus beau jeu de la machine de Sony à l'heure actuelle. Une 3D hyper détaillée, des décors grandioses et très inspirés aux effets de lumières, d'ombres, de pluie, de glace et de feu ou de lave somptueux et souvent accompagnés de particules fines par centaines, offrent une réalisation graphique sans précédent sur la portable. La beauté de la plupart des environnements m'a fait pleurer des larmes de sang tant les équipes de Ready At Dawn frisent la perfection côté direction artistique et réalisation. Bref, c'est magnifique d'un bout à l'autre de l'aventure !

Innover dans la continuité ?

La jouabilité de God of War, tout le monde la connaît. Des combos par dizaines qui s'enchaînent à la perfection avec un temps de réponse ultra rapide pour des affrontements dantesques et super dynamiques. Rien de cela n'a changé et les habitués retrouveront facilement leurs marques, tant dans les phases de plate-formes, les énigmes, les QTE ou encore les affrontements. Notons l'arrivée de nouveaux artefacts et d'une arme inédite pour tenter de renouveler la panoplie de coups disponibles. La lance et le bouclier de spartiate amusent donc un temps et aident dans certaines situations ou contre les ennemis à distance. Malheureusement (ou heureusement pour les fans), rien n'y fait, les lames d'Athéna demeurent encore la meilleure arme que Kratos possède à l'heure actuelle. De même, les artefacts qui viennent compléter l'arsenal sous forme de pouvoirs spéciaux tentent aussi d'innover mais la plupart de ces impressionnantes attaques sentent quoi qu'il en soit le réchauffé. On s'en accommodera tout de même tant leur rendu visuel dépote à l'écran. Remarquons aussi l'arrivée du Fléau de Théra qui enflamme les lames d'Athéna pendant un temps limité (une nouvelle jauge rythme son utilisation apportant une petite donnée stratégique aux rixes) afin de massacrer certains ennemis sans cela intouchables. Ces tentatives pour étoffer le gameplay sont les bienvenues mais au final, on enchaîne encore les mêmes combos tant elles s'avèrent jouissives et efficaces... Même problème pour la plupart des ennemis, certes agréables à affronter mais qui, eux aussi, laissent souvent un arrière-goût de déjà vu. Tant pis, la recette fonctionne encore sans mal et les luttes gagnent en intensité avec des effets spéciaux vraiment impressionnants accompagnés d'une animation sans faille.

Mise en scène divine

Même si Ghost of Sparta est une tuerie graphique et demeure tout aussi jouissif durant les rixes que ses ainés, on sent bien que la série peine à se renouveler... Pourtant, c'est dans les séquences de plate-formes et de QTE que la persévérance de Ready at Dawn a offrir un peu de nouveautés a payé. En effet, l'introduction de la glissade dans certaines parties du jeu ou les enchaînements de boutons inédits suivis de sauts dans tous les sens, parfaitement illustrés par des caméras toujours placées avec talent réussissent finalement à surprendre et même à impressionner. De nombreuses mises en scène et autres séquences spécifiques sont d'ailleurs reprises de God of War III et suffisent à nous faire vibrer. On pense notamment à la traversée de Spartes en marchant ou à la manière dont Kratos achève certains boss avec violence. Du tout bon même si, là encore, il paraît clair que changer la recette était risqué et difficile.

Un tour de force rapide

Côté durée de vie, j'ai terminé le titre en mode normal en un peu moins de 6 heures de jeu. A peu de choses près, le même temps que Chains of Olympus sauf que la difficulté m'a paru nettement moins ardue. Je vous recommande donc d'aller taper dans le niveau difficile tout de suite pour corser l'aventure et ne pas céder au bourrinage massif. D'autant que les scènes d'action s'enchaînent assez vite dans un rythme effréné qui procure finalement un étrange sentiment de fuite en avant perpétuelle jusqu'à la toute fin de Ghost of Sparta... Comme toujours, des arènes fermées vous permettent de relever des challenges de survie une fois l'aventure bouclée. Ceci afin d'accumuler les orbes de pouvoirs (comme dans tous les autres épisodes) et d'acheter de nouveaux personnages, dont Deimos, ainsi que quelques bonus bien sentis aux prix absolument ahurissants. Une manière de vous faire revenir dans les arènes ou de refaire l'aventure pour bénéficier d'un semblant de nouveauté...

Ne vous fiez pas à mon ton quelque peu désabusé, Ghost of Sparta est une démonstration technique qui colle au tapis toutes les autres productions sur PSP. Ses combats sont d'une puissance et d'une jouissance inégalée et la mise en scène grandiose de la saga est bien présente pour une aventure superbe et impressionnante de bout en bout. Bref, ce volet est un incontournable pour les fans de beat them all sanglants et les accros à la rage de Kratos. Mais malgré tout, un scénario pas forcément convaincant et les tentatives pas toujours réussies des développeurs pour offrir des nouveautés de gameplay montrent que la série peine à se renouveler. Si la recette fonctionne encore ici, on espère que les prochains épisodes prendront un peu de plus de risques pour réellement innover mais il est clair que sur une licence de poids comme God of War, l'exercice est très périlleux...