Les versions étant similaires, les tests le sont également.

Eugen System, vous les connaissez déjà, ils sont à l'origine du célèbre Act of War, qui a su se faire remarquer en 2005. Il leur a donc fallu 5 ans pour peaufiner leur plan et proposer, enfin, le très attendu R.U.S.E. L'idée est simple : rapprocher la stratégie en temps réel de ses origines avec l'espionnage, la duperie et la tromperie par l'intermédiaire d'un système de ruses. Ces pouvoirs à utiliser au bon moment servent à obtenir des informations, des boosts, ou encore à leurrer les forces ennemies. Les généraux en herbe en profiteront pour exploiter leur don de fourberie et frapper au bon moment afin de sortir le grand jeu. Et même si, au final, cela s'avère moins nerveux que ce dont on a l'habitude, il faut bien admettre que le système révèle des subtilités encore inédites dans le genre.

Assaut graphique

Pour avoir joué sur les trois supports, PC, Xbox 360 et PS3, il est clair que nos bonnes vieilles bécanes de bureau prennent largement le pas sur les consoles. Néanmoins, l'ensemble demeure très agréable à l'oeil quel que soit votre plate-forme de prédilection. A l'exception des moments où l'on est au coeur de la bataille, avec la fonction zoom au maximum. Si sur PC, le rendu au plus près tient largement la route, les consoles montrent vite leurs limites. La faute à des champs de bataille assez gigantesques et des dizaines de troupes à l'écran. Remarquons tout de même l'indéniable puissance de cette fameuse fonction zoom qui permet de passer des plus petites escarmouches à une vue générale, façon table de grand stratège, dans un centre de commandement des années 40. Une fonctionnalité bien utile pour avoir les yeux partout, tant les fronts sont nombreux dans R.U.S.E., et la stratégie d'ensemble nécessaire à la victoire.

Shifumi guerrier

Comme souvent dans le genre, on retrouve l'exploitation des ressources sous forme de bases collectant de l'argent, indispensables à la création de troupes. Mais R.U.S.E. reprend aussi le fameux système des unités qui dominent certains bataillons et s'inclinent face à d'autres dans une version poussée à l'extrême. Mais rappelez-vous qu'il est possible de cumuler les unités pour pallier les carences et parer à toutes les éventualités. Résumons simplement : l'infanterie massacre les canons qui pulvérisent les blindés qui ne valent rien face aux assauts aériens, etc. Une mécanique qu'il faudra apprendre à maitriser sur le bout des doigts, grâce à une jouabilité bien pensée (j'y reviens en fin de test), si vous souhaitez remporter la victoire. Si vous ne jouez pas le jeu, si j'ose dire, la plupart de vos troupes fuient temporairement le combat et sont en déroute. Lorsque le cas se reproduit trop souvent, c'est que vous n'avez rien compris (il faut alors repasser par le tutorial conséquent) et que la défaite est inévitable. C'est pourquoi il est largement préférable de jouer la carte de l'anticipation en préparant ses actions à l'avance afin d'éviter ce désagrément. Pour cela, vous devez étudier le champ de bataille, préparer vos assauts pour couper l'herbe sous le pied de vos adversaires. En scrutant la totalité de la carte, on remarque les troupes ennemies, des ronds rouges de différentes tailles qui précisent vaguement le nombre et le type d'unités engagées, infanteries, chars, avions, bombardiers, canons, etc. Des détails minimes qui suffisent tout de même à se faire une idée assez précise de ce qui vous attend afin d'échafauder votre contre-attaque. Mais le plus important demeure l'utilisation dynamique des ruses à bon escient, à la manière de bonus spéciaux capables de faire basculer le cours d'une bataille, et permettent de jouer des tactiques d'espionnage et de contre-espionnage.

La guerre rusée

Outre le côté anticipation à grande échelle, R.U.S.E propose des pouvoirs particuliers à déclencher sur une zone précise afin d'en profiter au maximum. Durant de quelques secondes à plus d'une minute, elles accélèrent la vitesse de déplacement, informent sur les mouvements ennemis au moyen de flèches précises, brouillent les communications pour ne pas être détecté, envoient des espions derrière les lignes ennemies, leurrent votre adversaire avec de fausses troupes, cachent la visibilité de certaines zones, obligent vos soldats à combattre jusqu'à ce que mort s'en suive, etc. Un panel extrêmement vaste, mais limité dans le temps et en quantité, qui apporte une véritable finesse et demande une intelligence de jeu toute particulière afin que chacun y trouve son style et l'applique au mieux à la stratégie appropriée. L'idée est pour le moins originale et assure de nombreux rebondissements en solo comme en ligne ou dans les différents challenges proposés.

Encore la seconde guerre mondiale

Oublions le contexte, 39-45, dont nous connaissons tous les tenants et aboutissants pour nous concentrer sur l'intérêt de la campagne solo à proprement parler. Vous baladant de l'Afrique du nord au débarquement de Normandie, en passant par l'Italie, l'Europe du nord, l'Angleterre, etc. la vingtaine de missions servent essentiellement d'entraînement avant de se jeter dans le vif du sujet : les challenges et le mode multijoueurs. Notons tout de même la lenteur du déroulement des missions qui s'accompagne trop souvent, lors des premiers niveaux, de commentaires qui viennent vous couper dans vos actions pour vous expliquer ce qu'il y a de mieux à faire. Soulignons aussi le manque de crédibilité du scénario, quelque peu tiré par les cheveux. Mais ne boudons pas notre plaisir puisque la seconde moitié de la campagne offre plus de liberté afin de mettre tranquillement nos stratégies à exécution. Vous l'aurez compris, malgré des premiers pas fastidieux, le jeu en vaut la chandelle en solo et c'est encore plus vrai si vous vous lancez dans les modes Batailles et Opérations. Le premier offre une I.A dévastatrice dans les modes de difficulté élevée, qui constituera le premier véritable challenge pour maîtriser R.U.S.E. Le second, lui, se résume à des cartes casse-tête aux ressources limitées et aux conditions de victoires spécifiques vraiment (mais alors vraiment) ardues. Bref, le rêve pour les grands stratéguerres que vous êtes malgré un nombre de cartes limitées -seulement six (dont deux en coop).

Une guerre d'un nouveau genre

Avec ses cartes très étudiées et ses troupes aux atouts et faiblesses spécifiques, R.U.S.E s'accompagne d'une ergonomie simplifiée à l'extrême qui fait des merveilles sur PC comme sur consoles. Notons tout de même un petit bémol concernant la Xbox 360 et la PS3 aux interfaces instinctives mais qui ne pardonnent pas les cafouillages dans les lieux exigus, à cause d'un système de ciblage contraignant, et ceci surtout au contact. Avec la pratique, on s'y fait et puis de toute façon, vous ne devriez pas vous retrouver dans ce genre de situations, à moins que la bataille ne soit déjà perdue depuis longtemps. Autre aspect important qui décevra les amateurs de RTS nerveux, R.U.S.E. est finalement assez lent. En effet, ce temps qui vous est donné lors des déplacements de troupes sert évidemment à observer la carte pour monter vos stratégies, vous informer, anticiper ou utiliser les ruses. Mais même si ces secondes sont utiles, le temps pourra paraître bien long à certains joueurs toujours trop pressés et habitués aux fameux rushs. La discipline, la rigueur, l'analyse et surtout la patience sont des vertus indispensables dans le titre d'Eugen System si vous désirez en maîtriser toutes les subtilités, et Dieu sait qu'elles sont nombreuses, notamment en multijoueurs en ligne.

Surprises guerrières

Durant certaines parties, j'ai été carrément été surpris de voir certaines troupes débarquer à des endroits inattendus. A contrario, il m'est arrivé d'étonner mes adversaires lorsque j'ai entamé un assaut au bluff, en plantant quelques leurres, tout en les contournant pour attaquer de côté ou par derrière. Un autre exemple, la dimension tactique et la concentration requises sont tellement élevées dans R.U.S.E. qu'il m'est arrivé d'en oublier les airs durant un match. Une erreur capitale dont j'ai pris conscience juste avant de voir débarquer, les yeux écarquillés, des bombardiers rasant mes installations à répétition. Bref, les parties en ligne, se déroulant jusqu'à huit joueurs sur les 23 cartes disponibles, ne manquent ni de surprises, ni de retournements de situations, et le système de ruses donne lieu à des "coups de pute" absolument mémorables.

Avec son rythme bien plus lent que ses concurrents, mais son approche réellement stratégique plutôt que tactique, R.U.S.E joue la carte des batailles à grande échelle subtiles pour une aventure en solo comme en multijoueurs pleine de rebondissements et de finesse. Notamment grâce à son système de ruses absolument jubilatoire qui s'agence parfaitement avec vos stratégies d'attaque et de défense. A vous d'ailleurs de tout faire pour dévoiler votre jeu au dernier moment et jouer la surprise pour remporter la victoire ! En gros, il s'agit d'un titre que l'on aborde comme un véritable général trois étoiles, avec recul et intelligence. Pour résumer, R.U.S.E. est une perle dans le monde de brutes du jeu de stratégie en temps réel, il offre une alternative réfléchie à StarCraft II et qui mérite le détour, ne serait ce que pour découvrir une autre manière de faire la guerre, finalement plus proche de la réalité... Bravo Eugène... Là, tu nous as sorti le grand jeu !