Pas de surprise, Sin and Punishment : Sussessor of the Skies s'adresse donc avant tout à un public de "niche". Un public fait de core-gamers expérimentés, qui frissonnent rien qu'à l'idée de parcourir un jeu à l'ancienne préparé par un développeur culte, qui a signé quelques uns de leurs plus grands moments de shoot (Ikaruga, Bangai-O, Radiant Silvergun...) ou d'action (Guardian Heroes, Mischief Makers...) de ces 10 dernières années. S'il n'y a rien d'un joueur nostalgique ou d'un "otaku" en vous, alors je dois dire que vous risquez probablement de déchanter... Pourtant, dans son genre (un shoot sur rails), ce deuxième épisode est un vrai petit bijou !

Space Harrier sous amphétamines

Bon, puisqu'on parle entre vieux maintenant, Sin and Punishment : Successor of the Skies est donc la suite de Sin and Punishment tout court, sorti en import uniquement sur Nintendo 64 (il existe tout de même eu une version Virtual Console depuis) il y a quelques années maintenant, et il en reprend toutes les ficelles de gameplay, elles mêmes très inspirées par ce bon vieux Space Harrier... Concrètement donc, on dirige de haut en bas et de gauche à droite un personnage volant, qui avance automatiquement dans des niveaux remplis d'ennemis à dégommer. L'avantage de cet opus Wii, c'est évidemment la Wiimote, qui permet de viser directement à l'écran tout en déplaçant le personnage avec le stick du Nunchuk. La jouabilité est pour ainsi dire parfaite. On peut certes jouer "à l'ancienne", avec une manette classique (ou encore un Wii Zapper), mais le mode de base reste franchement le plus efficace, le plus précis et le plus agréable.

La course aux points

Sans vouloir vous refaire la notice, les commandes sont simples et complètes, avec un bouton qu'on maintient pour tirer en rafales et qui devient une attaque au corps-à-corps quand on le matraque, un autre pour verrouiller une cible et concentrer un énorme shoot (ou tirer sur de multiples ennemis, selon le personnage), un bouton d'esquive... le reste est une histoire de combos et autres subtilités. Jeu oldschool oblige, chaque ennemi dézingué fait en effet augmenter un multiplicateur de points, tandis que des médailles boostent le score global lorsqu'on effectue des actions précises (descendre une escadrille complète ou renvoyer un projectile sur l'ennemi par exemple). On peut également gratter des bonus en ne se faisant pas toucher par un boss, ou encore en le battant avant la limite de temps. Le but étant bien entendu d'engranger le plus gros score possible en fin de niveau, histoire de l'envoyer sur des serveurs en ligne et ainsi montrer au monde sa surpuissance... ou son incompétence, c'est selon. Une chose est sûre en tout cas : il faudra revenir des dizaines de fois sur chacun des 8 niveaux du jeu, de plus en plus difficiles, pour les apprendre par coeur et tenter petit à petit de se placer correctement dans le classement.

Mijoté aux petits oignons

Des principes de jeu tout bêtes certes, mais comme d'habitude une exécution extraordinairement léchée de la part de Treasure. Chacun des 8 (longs) niveaux regorge d'action non-stop, avec des situations qui se renouvellent toujours et ne laissent jamais place à l'ennui ou la répétition. L'angle de vue change souvent, parfois de manière audacieuse et intelligente, on traverse certains niveaux sur une moto... Et tout est réalisé avec brio. En outre, les tableaux regorgent de sous-boss et de big boss, pour lesquels il faut toujours trouver "le truc" et s'y reprendre à plusieurs fois. Côté design, le jeu se renouvelle en permanence également, avec parfois de superbes décors comme cette forêt japonaise, sombre et infestée de monstres un brin folkloriques. Les musiques enfin, classiques mais pêchues, accompagnent le tout à merveille.

Le nirvana du jeu d'action-shoot à l'ancienne ?

Si l'on accepte le parti pris rétrograde - ou tout du moins nostalgique - de cette formule, il y a bien peu de choses à reprocher à ce deuxième opus, aussi classe que nerveux, fun et jouable. Le seul véritable défaut dans ce contexte vient en réalité du mode 2 joueurs, puisque votre acolyte n'y verra pas son personnage à l'écran, mais simplement une cible supplémentaire, et n'aura même pas la possibilité d'utiliser son attaque chargée... Je comprend bien que le jeu, très beau, chargé et rapide, en aurait un peu souffert techniquement, mais il y avait certainement un meilleur compromis à trouver. Dommage.

Sin and Punishment : Successor of the Skies est clairement réservé aux fans de jeux à l'ancienne. Les autres le trouveront certainement trop décalé par rapport à ce qu'on peut attendre d'un titre d'action aujourd'hui (et ils enlèveront d'ailleurs volontiers une ou deux étoiles à la présente appréciation). Mais le public visé, à savoir les core-gamers qui aiment les formules old-school lorsqu'elles sont maîtrisées à ce point par un artisan bourré de talent comme Treasure, seront aux anges, c'est certain. C'est un Space Harrier des temps modernes, en quelque sorte, un shoot sur rails jouissif et parfaitement orchestré, mais réservé aux nostalgiques du jeu vidéo à l'ancienne !