Attention, ce jeu n'est pas un RPG à proprement parler. D'ailleurs l'ambiance a singulièrement changé depuis l'époque du premier opus sur GameCube. Autre entorse à la série : ici pas de multi-joueurs, mais une simple campagne solo. Si son nom nous a longtemps induits en erreur, sa prise en main a immédiatement levé le voile sur sa réelle identité. Un jeu d'action pur jus, bien qu'il hérite d'un univers fantastique riche et de quelques fonctionnalités typiques du RPG comme l'artisanat d'accessoires bien onéreux. Mais à part ça, Wiimote bien en main, Crystal Bearers nous entraine sur les chapeaux de roues dans l'aventure que va vivre son héros, le jeune et blond Layle. Cet insouciant mercenaire et son associé vont rencontrer une galerie de personnages plus ou moins bien brossés dans leur quête d'un mystérieux Yuke, et des éclats de cristaux. Sur fond d'intrigue politique et de mystère occulte, le scénario ne se démarque pas par son originalité.

Précieux cristal

La narration de Crystal Bearers ne s'encombre pas de détails. D'un lieu à un autre, Layle cogne quelques monstres, puis retrouve un de ses compagnons, discute brièvement avec lui et repart en courant. On croirait que l'équipe de développement a volontairement sacrifié la cohérence de son récit au rythme qu'elle tente d'imposer à son jeu. Comment un jeune homme recherché par le royaume Liltie peut-il se promener si librement à proximité des gardes, ou même remplir des contrats donnés par ce même royaume ? L'univers de Crystal Bearers est beau, coloré, baigné de lumière et peuplé d'habitants aux tenues chamarrées, pourtant on ne prend aucun plaisir à s'y promener. Peut-être parce que l'apparente liberté qui se dégage du titre cache en fait des personnages non jouables éternellement muets, des environnements prétextes dans lesquels il n'y a rien à faire, et l'impression constante de ne faire qu'effleurer la surface de son univers.

Le Mog aux trousses

On ne passe jamais plus de dix minutes au même endroit, et les scènes de cinématiques pourtant bien doublées et parfois amusantes sont systématiquement entrecoupées de mini-jeux. Dès lors que Layle a rempli son objectif principal, un mog surgit et lui remet une lettre qui lui indique sa prochaine destination. Si l'on croit naïvement après quelques heures de jeu que le gros de l'action va consister en l'utilisation des pouvoirs de Layle, le porteur du cristal, on est vite détrompé. Une multitude de petites phases prétextes (séquences de shoot, infiltration à la Wiimote, parcours façon course au stick, ou utilisation des capacités de télékinésie lors d'activités variées) s'imposent au joueur qui n'a d'autre choix que d'agiter la Wiimote lorsque c'est nécessaire et de s'y prêter, bon gré, mal gré. Certaines sont plutôt bien pensées, d'autres confuses et mal expliquées. Mais dans l'ensemble, le défi n'est pas au rendez-vous, car il est pratiquement impossible d'échouer dans Crystal Bearers.

Wiimote au poing

Les rares moments de liberté, dans des espaces ouverts infestés de monstres bariolés, et les phases de plateforme au principe pourtant entraînant se retrouvent plombés par un défaut technique impardonnable : la faiblesse de la caméra, qui non contente de peiner à suivre le joueur se révèle excessivement lente en manipulation manuelle, et incapable de se recentrer en cas d'attaque. Autant dire que même les joueurs les plus patients risquent de s'arracher les cheveux sur certains passages déjà maladroits, où l'action est encore desservie par les soucis techniques. C'est dommage parce que l'idée de départ était bonne. Utiliser la Wiimote pour pointer les objets et ainsi les déplacer comme par télékinésie, constituait pour une fois une proposition de gameplay avantageuse pour la console de Nintendo. Pas suffisamment mise en avant dans le jeu, ni suffisamment mise en valeur à cause des nombreux défauts de conception, elle ne suffit pas, au final, à raviver l'intérêt des joueurs pour le titre.

Décevant sur bien des points, Final Fantasy Crystal Chronicles : The Crystal Bearers avait pourtant une bonne idée de départ, des personnages réussis tant physiquement que psychologiquement, une énergie certaine et un univers féérique à sa disposition. Mais l'adaptation coup de poing du conte de fée rate sa cible et ce film à grand spectacle pour les ados peine à retrouver le souffle de la série d'origine.