L'histoire débute de manière très classique : une fois de plus, Guybrush Threepwood a maille à partir avec sa Nemesis de toujours, l'infâme LeChuck, bien décidé à lui pourrir la vie en kidnappant sa tendre moitié, le gouverneur Elaine Marley. Armé d'une formule magique confiée par sa vieille amie Lady Vaudou, Guybrush va accidentellement rendre forme humaine à son redoutable ennemi, tout en déclenchant une improbable épidémie qui transforme peu à peu les flibustiers du globe en zombies. En commençant par lui-même...

Éjecté de son propre navire par une malencontreuse explosion, Guybrush échoue alors sur l'île de Flotsam, où des vents contraires empêchent toute tentative d'évasion. Bien décidé à retrouver sa chère femme et, tant qu'à faire, à enrayer l'infection, notre jeune pirate s'embarque alors dans une quête aux proportions épiques et au scénario inévitablement tarabiscoté.

Casting de rêve

Rassurez-vous, je n'en dirai pas plus sur l'intrigue, histoire de vous ménager les nombreuses surprises qui parsèment les cinq épisodes de cette nouvelle aventure. Je rassurerai simplement les fans en précisant qu'un grand nombre de personnages mythiques des précédents volets font une apparition remarquée dans ce nouvel opus. Si certains de ces seconds-rôles frisent parfois le fan-service un peu trop appuyé, cela fait tout de même rudement plaisir de les retrouver sur nos écrans après une si longue absence.

De nouveaux personnages font également leur apparition, tous très hauts en couleurs, comme le fantastique Marquis DeSinge ou la chasseuse de primes Morgan LeFlay, accessoirement fan-girl absolue de notre ami Threepwood, ce qui ne manquera pas de semer quelque peu la zizanie.

Je point ou je click ?

Si du point de vue de l'interface ToMI se démarque sensiblement de Sam & Max, le titre reste indéniablement du "point & click" dans ce qu'il a de plus classique. Hormis le système de déplacement, qui risque d'en décontenancer plus d'un au début, les interactions et la gestion de l'inventaire demeurent fidèles au genre. On retrouve donc ses marques après quelques minutes de glissement de souris.

Graphiquement, j'ai beau avoir fait partie de ceux qui ont quelque peu grogné à la vue des premiers screenshots, une fois tout ce beau monde animé, le scepticisme fait rapidement ses petites valises pour céder sa place à un large sourire version banane. Un gros travail a été fait au niveau du rendu des visages et même si l'ont peut regretter de grosses similarités entre certains personnages secondaires, les principaux instigateurs de l'histoire sont superbement animés, Guybrush se payant même le luxe de rivaliser avec l'acteur Leslie Nielsen lorsqu'il s'agit d'exprimer ses multiples émotions au travers d'expressions faciales très réussies.

Les voix et les dialogues sont à l'avenant avec des répliques qui font mouche, parsemées de moult clins d'œil aux précédents épisodes. Sans oublier les inévitables références culturelles et autres anachronismes, toujours aussi drôles et décalés.

Retour aux sources

Très proche de l'esprit des deux premiers épisodes (la présence de Ron Gilbert au générique n'y est sans doute pas étrangère), ce nouveau Monkey Island prouve une fois encore tout le savoir-faire de Telltale Games en matière de point & click délirants. Et même si les deux derniers volets sont un peu en deçà du reste, notamment à cause de phases de jeu un tantinet répétitives, ToMI n'a pas à rougir face à ses respectables aînés. D'autant qu'au final, l'intégralité du titre offre facilement pas loin d'une grosse dizaine d'heures de jeu (plus si on prend la peine d'éplucher tous les dialogues), pour un prix tout rikiki (environ 24€ sur le site officiel).

À moins d'être complètement insensible au charme de cette saga légendaire ou, pire, d'être totalement dénué d'humour, aucune raison de bouder son plaisir. Tales of Monkey Island est une grand réussite qui mérite sans conteste de trôner aux côtés des deux premiers épisodes (Secret of Monkey Island et LeChuck's Revenge) dans votre collection de jeux d'aventure. Seul bémol : le titre n'est pour l'instant disponible qu'en anglais, mais nul doute qu'une traduction (au moins partielle) devrait bientôt voir le jour, peut-être à l'occasion d'une sortie de ces 5 épisodes en version boîte (prévue, mais non datée pour l'instant). En attendant, j'invite ceux qui maîtrisent la langue de Shakespeare à se lancer à l'abordage. Et à accepter toutes mes excuses pour cette conclusion un peu bateau. Aaaaarh !