Je conserve un excellent souvenir du premier Jak & Daxter. À l'époque, il apportait vraiment une bouffée d'oxygène au genre de la plate-forme. On sentait une véritable volonté chez Jason Rubin, son créateur, et Naughty Dog en général, d'en faire quelque chose de nouveau, de frais, aussi bien en terme de gameplay que graphiquement (à l'époque, il s'agissait d'un des plus beaux jeux de la PlayStation 2). Le tout était servi dans un univers plutôt cohérent, doté d'une mythologie un minimum recherchée et de personnages attachants. Pour résumer, tout ce qui fait qu'un jeu est intéressant et que l'on s'implique lorsque l'on a la manette entre les mains. Les épisodes suivants en revanche n'étaient plus autant inspirés. Bien que certaines idées étaient louables (le free roaming du deuxième épisode par exemple), elles s'avéraient en pratique moins réussies. Ne parvenant pas à retrouver l'étincelle du passé, Naughty Dog a visiblement préféré passer à autre chose en s'attelant à une nouvelle licence, Uncharted, avec le succès que l'on connait. Et c'est ainsi que la licence a atterri dans les bureaux d'High Impact Games pour ce quatrième volet dont, je dois bien l'avouer, je n'attendais de toute manière pas grand-chose.

Eco, tu manques !

L'aventure commence sur les chapeaux de roue avec nos deux compères, accompagnés de l'habituelle Keira, à bord d'un avion qui se fait aborder par des pirates. Après cette cinématique d'intro plutôt pêchue, on comprend que le monde dans lequel nos héros évoluent est en train de se désagréger, à cause d'un manque d'Eco, la fameuse matière vitale autour de laquelle l'intrigue tourne depuis les débuts de la saga. Il est donc nécessaire d'en trouver une nouvelle source pour sauver l'univers. Autant vous dire tout de suite que si vous n'êtes pas familier avec les précédents volets, vous risquez d'être un poil largué sur le scénario et les différents personnages du jeu. Cela dit, étant donné que l'histoire n'est pas très profonde, ce n'est pas vraiment dramatique.

Un jeu bi-goût

Pour ce qui est du gameplay, The Lost Frontier alterne entre des phases d'action/plate-forme et d'autres séquences à bord d'un avion avec lequel on enchaîne les dog-fights contre les pirates de l'air. Concernant les scènes de plate-forme, comme d'habitude, on dirige Jak qui a toujours sa panoplie de coups habituels. J'aimerai pouvoir vous raconter quelque chose de nouveau sur la jouabilité, mais c'est comme à l'accoutumée, il n'y a rien d'innovant. Si ce n'est qu'à présent, suite à une pirouette scénaristique un peu maladroite, on ne peut plus se transformer en "Dark Jak", et que l'on dispose de différentes armes pour éliminer ses ennemis, façon shooter, un peu à la manière de Ratchet & Clank. Hélas, pendant ces phases, des problèmes de caméra rendent les déplacements laborieux et le calcul de la distance des sauts super approximatif. Ajoutez à cela un système de visée automatique pas terrible qui fait que l'on se retrouve à ne pas savoir sur qui l'on tire et vous obtiendrez une jouabilité très bancale qui provoquera parfois des crises de nerf. À noter cependant que pendant de rares séquences, on dirigera aussi Daxter qui, après une chute dans de l'Eco noire, se transforme en une sorte de Diable de Tasmanie qui détruit tout sur son passage en tournoyant sur lui-même. Là encore, d'un point de vue plate-forme, il n'y a rien qui sorte de l'ordinaire. S'en est presque déprimant de classicisme.

Jak & Daxter s'envoient en l'air

Quant aux séquences de dog-fight, bien que l'on retrouve toutes les armes classiques et la palette de mouvements habituelle qui permettent d'effectuer des acrobaties, une fois de plus, on sombre rapidement dans l'ennui. Les missions sont tellement bateau et le maniement de l'avion si pénible que l'on en vient à souhaiter que cela s'arrête le plus vite possible, quitte à revenir dans les phases de plate-forme, qui pourtant, en termes de sensations, sont elles aussi bien pauvres. Dans une vaine tentative d'enrichir un peu tout cela, les développeurs ont bien intégré un système d'upgrade de l'avion et de son armement, ainsi que des capacités de Jak, mais cela tient plus du rajout qu'autre chose. Et, surtout, ça ne fait pas vraiment son effet.

En revanche c'est joli...

Heureusement que techniquement, le jeu n'est pas moche, loin de là. Surtout au niveau des cinématiques qui sont de très bonne qualité pour de la PSP. Les décors sont certes un peu pauvres, mais en revanche, les persos et différents ennemis sont plutôt bien modélisés. Pareil pour les doubleurs, qui ont fait un bon boulot pour donner un peu de vie aux dialogues.

Hélas, c'est loin d'être suffisant pour rendre le jeu intéressant et lui faire dépasser le stade de « simple » jeu de plafe-forme comme on a eu par centaines depuis que le jeu vidéo existe. J'aurai voulu retrouver la fibre des débuts de la série, mais c'est bien le contraire. Jak & Daxter : The Lost Frontier n'est qu'un produit, un jeu de commande sans âme qui, malgré certains efforts des développeurs pour le rendre intéressant, manque totalement d'identité propre. Il s'agit bien de Jak & Daxter, mais cela pourrait être Titi & Grosminet, Laurel & Hardy ou David & Jonathan : on ne ferait pas la différence.