Dès les premières minutes, l'ambiance est posée : humoristique, cynique, décalée, tous les traits d'une dictature sont ici amplifiés jusqu'à la caricature pour nous rappeler qu'après tout, il ne s'agit que d'un jeu. On est donc loin des velléités réalistes d'autres titres de gestion estampillés "historiques". Vous incarnez El Presidente, gouvernant d'une petite île paradisiaque et votre objectif est simple : vous accrocher au pouvoir comme RaHaN à ses cheveux longs, c'est-à-dire plus que de raison (NdRaHaN : je suis guéri !).

La population qui déambule dans votre giron est grossièrement répartie dans plusieurs groupes politiques et sociaux (intellectuels, communistes, nationalistes, etc.), souvent plusieurs à la fois. Et pour rester sur le trône (celui en or, pas celui où vous lisez Voici), il vous faudra satisfaire en permanence leurs différentes demandes tout en jonglant avec l'économie de votre République. Une tâche qui s'avère finalement aisée une fois qu'on a compris les mécanismes du jeu.

Ensemble, tout devient possible

En gros, comme dans la vraie vie, la règle d'or est de penser au court terme. On garde un œil sur les sondages, on pointe les sujets qui fâchent et on réagit immédiatement en conséquence. Ça gueule parce que la nourriture manque ? Il suffit de produire plus pour calmer les appétits. Ça chouine parce que la pollution noie vos citoyens dans un brouillard infect ? Forcez vos usines à virer écolo et tout rentre dans l'ordre. Les gens ont peur de la racaille qui rôde ? Construisez un commissariat de police. Quand je vous disais que c'était caricatural, je ne mentais pas.

Et pour les finances, rien de bien complexe non plus : quelques exportations lucratives, un peu de lèche-bottes aux grandes puissances (USA et URSS) pour leur soutirer des subventions, des attractions pour attirer quelques touristes fortunés et vous ne devriez jamais être à court de billets verts. Et si malgré tout, vous ne parvenez pas à maintenir l'équilibre, vous pourrez toujours essayer de sauver votre peau avec un beau discours démagogique ou en achetant les élections.

Au moins c'est joli

Techniquement, Tropico 3 n'a pas à rougir face à la concurrence : les graphismes sont soignés et les nombreuses animations rendent votre île vivante, à tel point qu'on pourrait presque se croire au beau milieu d'un GTA III une fois la caméra zoomée à fond. Mais malheureusement, cela ne suffit pas à le rendre véritablement intéressant. Je n'irais pas jusqu'à dire qu'on s'y ennuie, mais les défis à relever sont finalement très accessibles et toujours un peu les mêmes. On aurait apprécié un peu plus de subtilité dans le déroulement des parties, plutôt qu'un processus simpliste d'action/réaction assez binaire.

En sus du sentiment de répétitivité des missions, Tropico 3 souffre aussi d'un manque de contenu. Peu de bâtiments à construire, peu de stratégies à envisager pour garder la tête hors de l'eau, en gros, peu d'innovations par rapport au premier épisode. Du coup, ça tourne rapidement en rond et on décroche d'ennui après quatre ou cinq heures de jeu. Même le mode "Jeu Libre" ne fait pas illusion longtemps, dès lors qu'on constate que sans objectifs définis, comme c'est le cas dans le mode "Campagne", la finalité reste pile poil la même : engranger le plus de mandats possibles, jusqu'à ce que mort s'en suive.

Si Tropico 3 constitue un titre honnête et idéal pour se familiariser avec les jeux de gestion, il risque néanmoins de lasser rapidement les vieux briscards du genre. Trop simple, trop répétitif, il n'apporte rien de vraiment neuf et ressemble plus à un "remix" du titre original qu'à une avancée ludique. Si vous avez envie de vous essayer aux jeux de gestion, mais que la série des Anno vous fait peur, chopez celui-ci quand il sortira en version budget. Pour les autres, trouvez-vous une île plus paradisiaque, celle-ci ne vous fera pas rêver.