Dans cette adaptation, on se retrouve dans la peau du détective David Tapp. Un personnage que l'on a déjà vu dans le premier Saw, incarné par Danny Glover, chargé d'enquêter et de découvrir l'identité du tueur en série. Alors que dans le film il finit mal en point avec une balle dans le ventre, on le retrouve cette fois dans la chambre d'un asile psychiatrique à l'abandon, paradoxalement guéri par Jigsaw lui-même, qui comme d'habitude veut lui faire passer un de ses fameux tests dont il a le secret. Pas la pleine d'aller plus loin dans le scénario, ce dernier est assez tarabiscoté pour que même les habitués de la saga s'y perdent par moments.

Un jeu vieux-jeu

Cela dit, il permet toutefois de justifier le gameplay du titre, à savoir un jeu d'action vu à la troisième personne, dans lequel on explore l'asile à la recherche du Jigsaw, le tout en sauvant des personnages connus de la série, dont le retour a été plus ou moins finement intégré à l'histoire. Hélas, derrière cette adaptation de film se cache en réalité un titre pseudo-horrifique dont la jouabilité, plus que classique, est arriérée. En gros, le jeu, divisé en chapitres, se contente de nous demander d'aller d'un point A à un point B, avec entre les deux, tout un tas de détours pour récupérer des fusibles, des clefs, des valves et tous les objets habituels que l'on a vu mille fois depuis que le jeu vidéo existe et qui permettront de débloquer le passage.

Les puzzles du pauvre

Bien heureusement, le tout est aussi entrecoupé de puzzles et énigmes à résoudre, sous peine de mourir très violemment. Ces derniers, qui représentent la pierre angulaire de la série au cinéma, s'avèrent très ennuyeux dans le jeu. Pour commencer, dans leur mécanique pure, il n'y a jamais rien de bien compliqué et encore moins d'original. La plupart du temps, il s'agit de simples casse-têtes à peine élaborés. Et d'un point de vue esthétique, on est loin de ce que l'on trouve dans les films. On a beau retrouver certains classiques qui ont fait le succès de la série, comme le briseur de mâchoire ou le couperet vertical, la mise en scène est tellement pauvre que cela ne fonctionne tout simplement pas.

Les combats de la honte

Un autre élément dénature la série : les combats contre de pauvres erres kidnappés par le Jigsaw, qui pensent qu'en vous tuant ils auront la vie sauve. Un seul mot me vient pour les qualifier : surpourris. Matraquez un bouton et vous viendrez à bout de n'importe qui. Il y a bien des objets que l'on peut utiliser pour les frapper, mais autant y aller à mains nues, ça ne change rien, on gagne à tout les coups. Et puis, quoiqu'il arrive, quelle idée débile d'intégrer des combats... cela va à l'encontre même de la base des films qui sont, toute proportion gardée, relativement cérébraux. Par ailleurs, je constate aussi que ce bon vieux Jigsaw a visiblement laissé tomber l'artisanat pour se lancer dans la production industrielle puisqu'il y a kidnappé et enfermé dans l'asile l'équivalent d'une petite ville de province.

Une adaptation bâclée

Le fait est que si le jeu est raté, en dehors du fait qu'il soit moche, mal animé, et encombré d'un level design d'une pauvreté ahurissante, c'est surtout parce que l'on ne retrouve pas l'esprit de la série. Pendant mes heures de jeu, je n'ai pas ressenti un seul moment de tension, une seule seconde de dégoût ou de sentiment d'oppression. En gros, la sauce n'a jamais pris. Au lieu de cela, je me suis demandé pourquoi ce con de personnage principal continuait de déambuler pieds nus à devoir éviter les bris de verre (superbe idée de gameplay au passage...), alors qu'il pourrait facilement récupérer une paire de pompes sur un des nombreux cadavres qu'il croise. À moins qu'il n'ait vraiment des pieds énormes ou que ce soit un esthète psychorigide de la chaussure qui n'accepte que les Weston, je n'y vois pas de logique. Je n'ai pas plus compris comment il s'y prenait pour sortir vivant des portes piégées juste en appuyant sur un bouton au bon moment, sans que la séquence soit montrée ni que la dite porte soit ne serait-ce qu'entrouverte. À moins d'être télékinésiste, il n'y a pas d'explication rationnelle. Des exemples comme ceux-là, il y en a à la pelle et montrent le manque de cohérence du jeu. Résultat : on n'y croit pas, on ne rentre pas dans le jeu, et donc on ne s'amuse pas. On se contente d'enfiler les chapitres nonchalamment, sans porter aucune attention à ce qui nous entoure, ni au scénario.

Saw est donc un mauvais jeu, cela ne sert à rien d'y aller par quatre chemins. Il n'a rien pour lui, si ce n'est la voix du Jigsaw, assurée par l'acteur original des films. Pour tout le reste, c'est laid, mal pensé et graphiquement bâclé. Bref, autant passer son chemin et attendre Saw 7, avec lequel on prendra sûrement plus notre pied.