Le plus dommage dans tout ça, c'est le travail évident fourni sur Fairytales Fights. Le titre de Playlogic fourmille de détails et de bonnes idées. En témoignent ces contes parmi les plus célèbres d'Europe, qui se voient adaptés de façon systématique et parfois heureuse, avec en tête Boucle d'Or et les Trois Ours à qui les bucherons du Petit Chaperon Rouge ont volé la bouilloire à porridge. C'est d'ailleurs le petit Chaperon Rouge elle-même (ou au choix Blanche-Neige, l'Empereur Nu ou encore Jack sans son haricot) qui part à sa recherche, dans le but avoué de trucider autant de petits animaux et de personnages secondaires que possible.Grinçant à souhait, le pitch de départ faisait sourire. Qui n'aurait pas eu envie de taper sur un Pinnocchio transformé en toupie obèse et agaçante ? Ou de mettre une belle raclée au joueur de flûte de Hamelin, trop content de charmer les enfants pour les faire entrer dans le four de la sorcière de Hansel et Gretel ?

Blanche-Neige et les sept nains armes

Seulement voilà, trop c'est trop. Les couleurs d'abord... Oui à l'ambiance conte de fée, au contraste imaginaire enfantin et à la violence gore, aux détails amusants tels les nombreux livres de conte cachés dans les environnements. Mais les couleurs pétantes qui vous arrachent la rétine même après réglage du téléviseur, c'est non. Tous les environnements semblent baignés dans cette même lumière de scène d'introduction en dessin animé ; ces rayon de soleil jaunes, mais jaunes, sensés nous plonger dans une atmosphère chantante et rassurante. Le design des personnages, très caricatural et second degré, ne plaira pas à tous. Ses codes adultes mais son manque de subtilité criant risquent de lasser. L'Ours tenancier de taverne tatoué de rose ou les attitudes très effeminées du joueur de flûte viennent gonfler les rangs des fausses bonnes idées. Enfin, le sang rouge vif qui jaillit partout et tout le temps, ou encore les gros plans en incrustation sur les morts les plus sanglantes devienent vite génants. S'ils peuvent surprendre ou arracher un sourire les premières fois, leurs retombées catastrophique sur la jouabilité les rendent vite insuportables.

Le coup du lapin (blanc)

Parce que malheureusement, Fairytales Fights fait partie de ces titres qui charment sur le papier, mais beaucoup moins manette en mains. On l'a dit, ses décors de conte de fée sont très travaillés. Malheureusement, ils apparaissent beaucoup trop grands par rapport aux personnages que l'on incarne, si bien que le joueur a l'impression de se trainer dans ces villages démesurément grands. Les sauts permettent tout juste d'atteindre le bord d'un banc, c'est pour dire. A ce sentiment d'inertie, de lourdeur même, vient s'ajouter une terrible imprécision lors des combats. Ils sont pourtant l'élément principal de cette recette qui ne prend pas, ces massacres à la carotte, à la sucette ou à la scie de bucheron ! Quelle idée aussi d'avoir attribué les coups aux directions du stick droit ! Ils sortent sans rapport avec la direction donnée, d'ailleurs, si bien que les combos se lancent dans le vide, quasiment de leur propre initiative. Difficile dans ces conditions de faire face aux nombreux ennemis qui veulent notre peau. La mort dans Fairytales Fights est présente, mais on ne s'attendait pas à ce qu'elle nous frappe toutes les dix minutes environ. C'est bien simple, mourir est inévitable, et ressusciter à l'endroit même de sa mort ne coute qu'un peu d'or. Bien entendu, vos assassins n'ont pas bougé d'un pouce et vous attendent fermement là où vous les avez laissés. Vous imaginez probablement la difficulté à revenir dans le jeu dans ces conditions. Les quelques phases de plateforme sont à l'image du reste du jeu, hérissées de lames en tout genre qui n'attendent que votre petit corps chaud. Et l'on y progresse dans la douleur...

Au final, on ne sait plus très bien à qui s'adresse Fairytales Fights. Un look mignon-trash qui ne plaira qu'aux adolescents, mais un classement ESRB 16+ parfaitement compréhensible en raison de ses scènes gores très présentes. La difficulté est à l'image de cette grande question sans réponse : une volonté claire de faire simple en attachant le système de combat à un stick, mais une inégalité dans les challenges qui laisse pantois. Le premier boss par exemple est une tannée, alors qu'il suffit de quelques instants pour se débarrasser des suivants... Beaucoup d'interrogations au final, pour un jeu qui n'en vaut pas forcément la peine.