Le méchant Damian est de retour et, pour utiliser la formule consacrée, il n'est pas très content. Banni du royaume de Rivellon à l'issue du premier épisode, le fils du Démon entend bien retrouver sa place, aidé de ses fidèles dragons assoiffés de sang. Seul rempart face à cette armée des ténèbres : vous, aspirant chevalier-dragon. Dit comme ça, il faut bien avouer que le récit ne semble guère briller par son originalité. Pourtant, le scénario est sans conteste l'un des points forts du jeu. Sans vouloir vous ruiner son développement, sachez que dans l'univers d'Ego Draconis, tout n'est jamais véritablement blanc ou noir et que les retournements de situation seront légion.

Qui suis-je ? Ou vais-je ? Dans quel état j'ère ?

Premier bémol : l'aventure commence par une cinématique relativement incompréhensible pour le nouveau venu, une lecture du manuel de jeu sera donc nécessaire pour bien cerner les enjeux (complexes) qui motiveront votre croisade. Un peu dommage de devoir s'en remettre à un support papier pour un titre contemporain, il aurait été tellement plus simple de vous mettre dans le bain avec des images qui bougent et une narration plus travaillée. La première heure de jeu vous permettra néanmoins de vous familiariser aux différentes classes disponibles (prêtre, mage, ranger ou guerrier) ainsi qu'aux mécaniques de jeu. Mais cette relative opacité du background risque de rebuter le grand public, autant être prévenu.

Une progression simpliste

Le gameplay est quant à lui relativement facile à prendre en main. Clairement orienté "action RPG", Divinity II n'offre malheureusement pas une grande liberté dans la progression de votre personnage : les différences entres les classes disponibles sont assez peu subtiles et les arbres de talents très classiques et franchement trop limités. Là où le titre parvient à tirer son épingle du jeu, c'est dans la variété de ses quêtes et dans la panoplie d'armes et d'objets magiques disponibles. Et même si les combats sont parfois un peu brouillons, ils jouissent d'un dynamisme efficace et requièrent une certaine tactique qui vous obligera à faire chauffer vos neurones entre deux clics de souris frénétiques.

Joli mais confus

Graphiquement, Ego Draconis dans sa version PC est peut-être convaincant, mais sur 360, il faut bien avouer que c'est moins réussi. D'autant que l'animation ne tient pas particulièrement bien la cadence non plus. Les environnements riches et regorgeant de détails animés sur PC souffrent d'aliasing et d'un niveau de détails moindre sur console. Du coup, il est encore plus difficile de progresser dans une zone à forte concentration de vilains-pas-beaux, puisqu'on les discerne parfois avec difficulté. D'autant qu'avec une minimap relativement avare en informations pertinentes, couplée à une "distance d'aggro" assez grande, on peine souvent à s'infiltrer avec discrétion. Et il n'est pas rare qu'on se retrouve vite submergé par des vagues d'ennemis sans trop savoir pourquoi. Un conseil : sauvegardez souvent. Non seulement à cause du genre de mauvaise surprise dont je viens de faire état, mais aussi parce que certaines décisions aux conséquences désastreuses peuvent plomber votre progression. Sans compter les quelques bugs qui risquent à tout moment de vous bloquer irrémédiablement. Nul doute que les développeurs de Larian Studios, en général assez réactifs, corrigeront rapidement ces petits couacs avec un prochain patch. Mais mieux vaut opter pour la prudence si vous ne voulez pas vous arracher les cheveux à cause d'un événement crucial qui refuse de se déclencher.

Dragon, c'est plus ce que c'était

Si la promesse de pouvoir vous transformer en dragon est sans conteste une motivation pour se jeter sur le titre, je me dois de tempérer cette excitation. Cette possibilité ne sera disponible qu'après une bonne dizaine d'heures de jeu et au final, le résultat est un peu décevant. Inutile d'espérer pouvoir nettoyer des zones au sol avec votre animal volant, les phases de jeu en lance-flamme à écailles se révèlent n'être finalement que de grosses parties de "shoot 'em up" aérien. Cela amène certes un peu de fraîcheur au gameplay mais on est bien loin du sentiment de surpuissance annoncé.

Tour infernale

Bon point par contre pour la Tour de Guerre à laquelle vous aurez également accès au moment de découvrir vos pouvoirs métamorphes. Sorte de QG du héros, elle vous permettra d'engager nécromancien, alchimiste, entraineur et enchanteur à qui vous pourrez déléguer toute une série de menues tâches comme la collecte d'herbes et pierres précieuses ou la création d'enchantements ou de minions qui vous accompagneront sur le champ de bataille. De quoi éviter le pesant syndrome du "grinding" (massacre de monstres à la chaîne), véritable corvée dans bon nombre de RPG actuels.

Voix de garage

Dernier grief, la version française n'est pas loin d'être catastrophique. Les voix manquent cruellement de variété et on sent constamment que les comédiens (visiblement peu nombreux) peinent à jouer de tous leurs registres pour donner une identité à chacun des rôles. Encore une fois, rien de véritablement dommageable, mais soyons francs, ça flingue tout de même un peu l'immersion. Heureusement, ce manque de diversité est quelque peu compensé par un humour omniprésent et quelques références culturelles plutôt sympathiques. Mais cet écueil fait un peu tâche et tire sans conteste le score final du titre vers le bas.

Moins réussi visuellement que son aîné sur PC, et avec une prise en main également moins agréable à la manette face au duo clavier/souris, mais nanti d'un scénario riche en rebondissements, Ego Draconis souffre de défauts qu'il est difficile de passer sous silence : le mode dragon est une grosse déception, l'arbre de talents est assez limité et la version française est indigne d'un titre de cette envergure. Un jeu ambitieux, mais qui manque clairement de finition, surtout dans cette version 360. De quoi rebuter sans doute le grand public. Du coup, on le conseillera plutôt aux inconditionnels du genre, en sérieuse carence de leveling.