Stela, la fille de Daniel a fugué. Il décide de partir à sa recherche, seul. Son ex-femme est contre et voudrait qu'il appelles les flics. Il s'entête. L'ado rebelle, dont il suit les déplacements grâce à son téléphone, a fui dans un coin de la République Tchèque qu'il connait bien. Une forêt qu'il a fréquenté pendant plusieurs années en tant que moniteur pour camp de vacances. Il s'était juré de ne jamais y retourner. Mais pas le choix. Et à peine arrivé, ça sent déjà le sapin, au sens figuré. Alors que la nuit s'apprête à tomber, un arbre s'abat sur la voiture. Plus question de faire demi-tour. C'est l'entame d'un voyage des plus étranges en Moravie. Nous a-t-il, en un mot, ravis ?

Un jour, en stage d'été

On peut dire que Someday You'll Return débute aussi bien que les différentes bandes-annonces partagées par CBE Software le laissaient entendre. Ce thriller psychologique tient d'abord sa promesse d'un cadre splendide et dépaysant qui va régulièrement se transformer en cauchemar et nous laisser comme deux ronds de flans. Le joli labyrinthe de verdure, qui offre quelques points de vue pas affreux, se laisse arpenter jusqu'à ce que, à la façon d'un Silent Hill, le béton, la rouille et les armatures tordues ne remplacent l'écrin de verdure. Cauchemar ? Réalité ? Sorcellerie ? Aucun doute, on est vite intrigués par ces basculements surnaturels et horrifiques, comme par les rares rencontres avec des personnages mystérieux, ou carrément flippants, comme ce colosse déguisé qui semble vouloir démembrer tout ce qui traîne. Les multiples éléments à lire, les bouts de passé à recomposer, les histoires secrètes d'un journal retrouvé... Sans vraiment faire crier, cela aide à vouloir avancer. Reste qu' au terme d'une grosse quinzaine d'heures menant à un dénouement convenable mais prévisible, on aura eu l'impression de souffrir physiquement et psychologiquement aux côtés du héros dans son long calvaire. Pas exactement comme l'avait prévu les développeurs.

Ça partait pourtant bien

Someday You'll Return, à l'instar de son héros, enchaîne gadin sur gadin après avoir été cru à l'illusion d'une éclaircie. Commençons par le plus triste. Walking Simulator de souche, il présente un nombre conséquent d'énigmes à résoudre pour progresser. Certaines, un peu vicieuses, vraiment bien pensées. D'autres, la majorité en fait, irritantes au possible. La raison à cela est qu'à la manière d'un vieux point and click, il faut trouver un objet. Parfois, vous l'aviez aperçu auparavant mais ne pouviez pas interagir avec. Forcément, comment savoir que vous en auriez besoin avant qu'on vous le dise à voix haute. Il faut donc se souvenir de son emplacement. Et cela nécessite parfois, comme pour d'autres interactions un balayage non pas d'un écran pixelisé avec sa souris, mais d'une ou plusieurs zones entières que l'on traverse à une allure un peu mollassonne. Surtout lorsque cela demande à faire un peu de varappe, qui exige un bon placement des mains sinon on revient au début, franchir des ponts de fortune ou essayer d'éviter le regard de créatures menaçantes dans des phases d'infiltration sans grande tension et un peu erratiques. Et on ne vous parle pas de l'emploi des outils ou du mini-atelier d'herboriste, qui laissaient entrevoir quelques belles prises de tête.

Au final, c'est simpliste au possible, laborieux, et on se lasse, dans la deuxième moitié de l'aventure, de devoir courir après un champignon pour des potions qu'on aurait préféré voir se créer automatiquement après avoir expérimenté la recette une première fois. Notamment parce que les contrôles ont une fâcheuse tendance à mal répondre à la manette. Ah, oui, concernant le jeu au clavier et à la souris, l'impossibilité de remapper les touches se montre assez contraignante pour qui ne vit pas sa vie à fond en QWERTY. Et que dire des joyeux bugs qui forcent à redémarrer fréquemment.

Merci V12 Simulator

Tout ces écueils techniques et ludiques pourraient être pardonnables. Vraiment. Après tout, dans ce genre d'expérience, l'important demeure l'ambiance, la façon dont l'histoire est racontée, transmise... Sauf que je vous arrête tout de suite : c'est non. Joué en anglais (parce qu'il n'y a pas de localisation française), Someday You'll Return a un problème de mise en scène et d'acting monstrueux. La lose a un prénom. Daniel. Le "héros", c'est ce collègue d'open space qui raconte tout ce qui lui arrive en direct, avec un ton monocorde et une fâcheuse tendance à se répéter de manière assommante. Certes pas aidé par les personnes en charge des dialogues, peu inspirés, et une atmosphère musicale rarement en accord avec le ton d'une scène, Daniel exaspère par son côté Captain Obvious et manque total d'implication et de conviction. Vous voulez quelqu'un qui vous empêche de connaître l'urgence qu'il y a à ouvrir une porte alors que tout crame autour, n'arrive jamais à laisser s'exprimer sa colère ou son désarroi, quelqu'un qui achève de rendre un jeu pénible ? Si vous avez l'intention de ne rien ressentir, Daniel est votre homme.