Y'a-t-il encore un pilote pour sauver le rugby sur consoles ? A l'image du XV de France, qui a misé sur Fabien Galthié pour redresser la barre, Bigben Interactive s'est attribué le rôle du chevalier des causes désespérées en souhaitant redonner à l'Ovalie ses lettres de noblesse vidéoludiques. Une cure de jouvence et un assainissement des fondamentaux étaient alors nécessaires, tant les derniers épisodes se sont fait raffûter par la presse, Jonah Lomu Rugby, sorti en 1995 sur PSone, restant la référence du genre. Plusieurs paramètres peuvent expliquer cette adaptation douloureuse, comme des séquences de jeu compliquées à reproduire, un règlement peu accessible ou encore un marché faiblard et donc des moyens financiers limités. Sans surprise, on retrouvera tous ces désagréments dans Rugby 20, malgré les efforts d'Eko Software et toute la passion qui anime cette équipe.

A l'aile, la vie est belle

Cela dit, cet opus a gagné du terrain sur de nombreux points. Le dernier Mondial, achevé sur le couronnement des Springboks, au style minimaliste, a donné des idées aux développeurs pour offrir une profondeur tactique sans précédent. Ainsi, Rugby 20 fourmille de nouvelles combinaisons pour ajuster sa stratégie et développer une vraie identité de jeu. Que vous soyez adeptes du redoublement de passes, façon Stade Toulousain, des crochets dévastateurs au coeur de la défense ou du petit jeu au pied bien fourbe, vous devriez être comblés par cette farandole d'options. D'autant que ces actions restent assez simples à exécuter après un bon entraînement des familles.

Cela se traduit sur le terrain par des phases moins répétitives, une alternance jeu au large et au près réaliste, accentuées par une intelligence artificielle enfin crédible, surtout au niveau du placement des joueurs. Mais parfois, cette application d'élève modèle rend les actions stéréotypées et écarte ce brin de folie qui nous fait lever de notre siège. Les phases arrêtées (touches, mêlées) sont toutes aussi plaisantes grâce à des actions contextuelles plutôt bien senties. Alors, tout n'est pas parfait, le rugby restant un sport de contact par nature, cela reste chétif au niveau des impacts, mais l'ADN de ce sport est respecté. Là où le bât blesse, c'est qu'il aurait été agréable de voir ces mêmes efforts portés sur l'aspect graphique. Sans atteindre la démonstration technique des simulations référence (NBA 2K, Madden NFL), vu les moyens limités de l'équipe, on était en droit d'attendre à une réalisation digne de cette génération.

Une carrière qui frise l'amateurisme

Or, si les mouvements ont gagné en réalisme grâce à l'utilisation de la motion capture, c'est toujours aussi pauvre au niveau des collisions avec des bugs désarmants. Et si l'on distingue enfin les ailiers et les gros en termes de gabarits, les protagonistes restent méconnaissables (une succession de gueules amochées), comme si l'on s'était trop attardé à la troisième mi-temps. Pareil pour les commentaires du binôme de Canal+ Bayle-Lombard, incohérents et jamais dans le bon tempo.

Concernant les modes de jeux, les joueurs auront le droit au strict minimum. Il n'y a pas de mode carrière à proprement parler mais un championnat avec son lot d'aberrations (recrutement de joueurs aléatoire, matches amicaux en pleine saison, aucune statistique à exploiter) qui empêche toute forme d'immersion. Cela reste une succession de rencontres à jouer pour permettre à son club de ramener la coupe à la maison. On note une initiative pertinente lors des temps de chargement : la possibilité de gagner de l'argent virtuel pour acheter de nouveaux éléments en répondant à une question d'ordre rugbystique. De la thune monnayable pour établir son équipe "MySquad", le mode Ultimate Team de Rugby 20. Du classique, rien que du classique ! Du coup, on craignait pour le roster mais il demeure tout à fait correct pour les moyens du bord avec la présence du Top 14, de la Pro D2, de la Premiership, du Pro 14 et d'une partie des équipes nationales...complétées par des formations fictives (Nouvelle-Zélande, Afrique du Sud, Angleterre).

Arf... Le symbole d'un titre qui frôle le hors-jeu à chaque tentative mais qui s'en sort grâce à ses bonnes intentions.