Comme l'an passé, le PlayStation VR se dote de très bonnes exclusivités en cette fin d'année 2019. Si Oculus a sorti de sa botte deux jeux AAA de très grande qualité, Sony n'est pas en reste, notamment grâce au récent Golem... certes plus modeste que les mastodontes de Facebook, mais pas dénué de qualités ni d'intérêt. Stardust Odyssey complète quant à lui l'offre grandissante de jeux de qualité sur le casque du constructeur japonais.

Il était un petit navire

Dans Stardust Odyssey, vous incarnez une sorte de brigand en quête de 9 reliques permettant de combattre le mal, venu des Abysses. Celui-ci ayant été libéré en partie à cause de votre naïveté. Diantre ! Vous embarquez alors dans votre Ethercraft, un navire volant, et devez infiltrer 9 convois de marchands, chacun protégeant une relique. Ceux-ci sont surveillés par des « gardiens », des vaisseaux autonomes dotés de diverses capacités d'attaque et de défense qu'il faudra vaincre (ou esquiver) en usant de vos habilités magiques.

L'Ethercraft se pilote grâce à un système ingénieux. Il suffit d'attraper une petite sphère qui fait office de gouvernail et de déplacer son PlayStation Move pour se mouvoir au sein du convoi. Un cercle bleu matérialisant l'amplitude maximale du déplacement apparaît alors devant nous, sans trop gêner la visibilité. Déplacez le PS Move à gauche ou à droite dans ce cercle pour strafer ou vers l'avant et l'arrière pour avancer ou reculer. Ce système permet ainsi un déplacement analogique très précis, bien pratique lorsqu'il s'agit d'éviter les radars ennemis. A noter que le gouvernail peut être attrapé avec n'importe laquelle de vos deux mains et le cercle de positionnement est ingénieusement placé du côté de la main qui le contrôle.

Avec l'autre main, ou les deux en lâchant le gouvernail, on peut utiliser nos griffes de voleur pour piller les marchandises et les Ethers des navires marchands tout au long du convoi. Il suffit de pointer en direction de ceux-ci et de maintenir la gâchette enfoncée pour tout dérober à distance. Le butin est immédiatement converti en or que l'on peut ensuite dépenser chez... un marchand. Le seul qu'on ne peut pas voler, il a de la veine ! Il s'agit là du côté RPG de Stardust Odyssey, sur lequel on reviendra après. Les griffes permettent également de lancer divers sorts qu'on récupère tout au long de l'aventure, au rythme d'un par niveau. Les Ethers servent quant à eux à la progression en donnant accès à de nouvelles boussoles indiquant la position des convois.

Force jaune devant

C'est également en pillant les convois qu'on obtient nos pouvoirs... étrange philosophie que semble nous inculquer le jeu, puisque sans vol à l'étalage, nous ne serions rien ! Vous l'avez donc compris, s'il y a 9 convois principaux qui protègent 9 reliques, il y a forcément 9 sorts différents à « apprendre ». On commence notre périple avec un pouvoir d'attaque simple, un éclair permettant de détruire d'un seul coup les plus faibles des gardiens. Puis arrive le bouclier pour protéger le vaisseau des tirs ennemis, la sphère de magma explosive à retardement, ou encore le phénix que l'on invoque pour nous assister dans les combats mais qui sert aussi à détourner l'attention. Chacun des sorts consomme un type d'énergie qui se régénère progressivement. On a l'énergie jaune, permettant de déclencher la plupart des sorts d'attaque ; la bleue, particulièrement puisée par les sorts de défense ; et la verte pour les invocations telles que le phénix. Mais attention car cette dernière est également l'énergie de l'Ethercraft. Il faut donc l'utiliser avec parcimonie pour ne pas provoquer prématurément la destruction de notre navire.

Si vous pensez que tous ces sorts vont permettre à votre navire d'avancer aisément au milieu des convois, vous vous mettez la griffe dans l'oeil ! Comme dit précédemment, Stardust Odyssey se joue façon RPG et il est très difficile voire impossible d'avancer proprement dans l'aventure sans passer par la case « grind », afin d'accumuler un peu d'or et d'acheter les améliorations que vend notre ami commerçant. Il propose notamment des conteneurs permettant de stocker plus d'énergie à la fois, des réceptacles supplémentaires pour vos sorts, mais également des runes octroyant un effet passif, un peu comme les anneaux dans Dark Souls. Voyez ? Moi aussi je sais le citer ! En outre, le vendeur propose des boussoles permettant de trouver des convois secrets, au nombre de 4, chacun protégeant une rune très puissante. Les runes peuvent ensuite être activées à la volée, directement depuis le tableau de bord du vaisseau, mais une seule peut être active à la fois, à moins d'acheter les améliorations de l'Ethercraft qui permettent d'en activer jusqu'à trois en même temps.

Le dernier Gardien

Tout ce dont on vient de parler est essentiel car au niveau du bestiaire, on est relativement bien servis ! Chaque convoi propose un nouveau type d'ennemi, complexifiant peu à peu l'aventure. On a par exemple certains gardiens déclenchant une arène de combat obligatoire s'ils nous détectent, ceux qui se téléportent, d'autres qui génèrent des boucliers de protection aux gardiens proches, ou encore ceux qui se collent à votre pare-brise pour balancer des bombes à retardement directement à l'intérieur du cockpit. Il y a également les Bakalytes, de petits êtres ténébreux qui s'infiltrent dans le cockpit pour détruire le navire. Effet garanti en VR puisque ceux-ci doivent être attrapés et secoués pour être détruits, compliquant par la même occasion votre pilotage ou votre exécution des sorts. Ces petites bêtes sont d'ailleurs omniprésentes tout au long du jeu et peuvent être utiles pendant les combats. Elles peuvent s'attaquer aux gardiens pour les perturber et ainsi vous permettre de combattre ou de fuir plus facilement. Un sort permet même de les invoquer ! En outre, des brasiers permettent de s'en protéger en restant à proximité des flammes, et libre à vous d'éteindre ceux qui se trouvent près de vos ennemis pour leur tendre un piège...

Mo - Mo - Moebius

Stardust Odyssey est un jeu incroyablement bien conçu, que ce soit en termes de narration, de présentation, de contrôles, de direction artistique ou de game design. Tout est véritablement bien pensé, y compris les temps de chargements qui semblent inexistants tellement ils se font de manière transparente. Si l'on pouvait trouver un peu fouillis l'apparence du vaisseau et le gameplay dans les trailers du jeu, force est de constater qu'il n'en est rien une fois le PSVR sur la tête et tous ces éléments à portée de main. Déjà, on peut clairement dire qu'on tient là un des plus beaux jeux VR disponibles à ce jour, même sur PS4 standard. Celui-ci peut même se vanter de tourner à 90 images par seconde sur PS4 Pro (60 sur PS4), ce qui renforce considérablement l'immersion.

La direction artistique lorgne, elle, vers le steampunk avec des inspirations notables provenant de l'oeuvre de Moebius mais aussi du film d'animation de Disney « Atlantide, l'empire perdu ». Et tout cela au rythme d'une bande son d'excellente facture aux musiques qu'on croirait tout droit sorties d'un grand film d'aventure. Un vrai régal pour les yeux et les oreilles, jusque sous la tente qui fait à la fois office de hub central et de menu principal. Le seul vrai reproche qu'on pourrait faire au titre de Agharta Studio est l'apparente similitude entre les niveaux. Le jeu se déroule systématiquement dans une sorte de tunnel duquel on ne peut sortir, un peu comme un shoot'em-up moderne. On voit bien des environnements différents çà et là, comme un désert, une zone de lave, une forêt, mais il faut bien avouer que c'est assez répétitif au niveau visuel, malgré les changements de teintes réguliers. Par contre, des variations de jeu surviennent régulièrement comme des tempêtes de sable dans le désert, réduisant la visibilité, des tempêtes de glace gelant votre générateur d'énergie verte, empêchant ainsi tout rétablissement de la « santé » de l'Ethercraft, ou encore un kraken des ténèbres vous poursuivant sans relâche.

Les casseurs Flotteurs

Une des forces de Stardust Odyssey, c'est qu'il est intégralement jouable en coopération. C'est la raison pour laquelle il y a un second siège à votre droite. Chaque joueur peut alors décider d'attraper le gouvernail lui faisant face (celui de l'autre joueur disparaît alors), permettant ainsi à son coéquipier de se concentrer sur l'attaque et la défense. Libre à vous de traverser les 14 niveaux que composent le jeu de cette façon, d'autant plus qu'il n'y a pas d'ajustement de difficulté. Pas plus d'ennemis et votre force de frappe est doublée. Il est donc bien plus simple de progresser, surtout lors des affrontements contre les boss de fin de niveau. Ah oui, parce qu'il y a des boss, je ne vous ai pas dit ? Ceux-ci sont de longs vaisseaux composés de trois sections (hormis le boss final qui en possède le double) qu'il faut détruire progressivement. Mention spéciale à celui du convoi 4 qui allume ses réacteurs pour nous carboniser !

Seul, le jeu est vraiment difficile mais pas insurmontable pour autant. Chaque convoi que l'on remonte est découpé en quatre sections de longueur similaire, chacune débutée par une porte formée par deux phares qui font office de checkpoint. Il est alors possible de quitter le convoi pour revenir plus tard, en reprenant depuis le phare souhaité. Cela permet, par exemple, de commencer un niveau pour y récupérer un nouveau sort, qui va ensuite nous simplifier la vie dans les niveaux précédents. D'ailleurs, le jeu vous oblige un peu à retourner dans les convois déjà terminés pour récupérer des Ethers inaccessibles auparavant, que vous pouvez maintenant débloquer grâce aux nouveaux sorts que vous avez appris. Petite difficulté supplémentaire, les voix sont en anglais et il n'est pas souvent aisé de « capter » ce que nous dit le PNJ qui nous accompagne, malgré des sous-titres français bien implémentés. D'ailleurs, cela peut générer des incompréhensions face à de nouveaux ennemis qui nous attaquent, d'autant plus que le jeu ne se met jamais en pause pour vous apprendre les bases.

La grande Odyssée

Stardust Odyssey est une réussite. Mais difficile de tout dire dans ce test tant il regorge de petits détails... vous ai-je dit par exemple que des bonus vous rendant surpuissant se cachent à l'arrière de certains navires et qu'il faut révéler en jetant une bombe ? Que de vilaines bêtes remplacent parfois les marchandises qu'on vole ? Que les cinématiques sont projetées en totale immersion sur la fumée du feu de camp à côté de vous ? Ou que le système de mouvements du navire a été conçu pour ne provoquer aucun malaise ? Etc... Comme je l'ai dit précédemment, le jeu est incroyablement bien conçu et fourmille de petites choses qui rendent l'immersion vraiment jouissive, du début de l'aventure jusqu'au boss de fin plus qu'épique ! Le jeu d'Agharta Studio rejoint très logiquement la liste des meilleurs jeux du catalogue PlayStation VR, et nous sommes très impatients de découvrir leur prochain projet !