Alors, si la Contra Anniversary Collection vous a rappelé les meilleures heures du genre non sans vous ouvrir copieusement l'appétit, réjouissez-vous : The Arcade Crew a entendu votre appel. Voici en effet venir Blazing Chrome, nouveau fer de lance du jeune label, qui cache sous ses airs d'hommage respectueux un jeu nerveux et qui semble tout droit sorti des années 1990.

En terrain connu

Si vous avez un jour, même lointain, croisé le chemin de la série de Konami, alors vous connaissez déjà Blazing Chrome sur le bout des doigts : aux commandes de deux protagonistes armés jusqu'aux dents, vous traverserez des environnements urbains passablement post-apocalyptique, non sans au passage semer la mort et la désolation sur votre chemin. Véritable lettre d'amour enflammée à un genre au bord de l'extinction, le jeu de The Arcade Crew parvient à se montrer respectueux des aînés, tout en prenant assez de liberté pour ne pas tomber dans la simple redite.

Ne cherchez pas ici un véritable prétexte à décimer les vilaines bêtes qui se présentent à vous : malgré une cinématique d'introduction qui fleure bon le militarisme de la décennie suscitée, nous ne sommes pas là pour faire dans la dentelle : rapidement propulsé dans l'un des quatre niveaux de départ, le joueur retrouvera l'immédiateté et la nervosité d'un véritable jeu d'arcade, quand bien même il serait directement disponible sur consoles ! Bon, ne la zappez pas pour autant cette mise en bouche, ou vous louperiez une bonne blague sur notre rapport aux machines.

Le gastéropode métalleux

Que vous optiez pour Mavra l'humaine ou Doile la boîte de conserve repentie, votre sauveur de l'humanité répond au doigt et à l'oeil, en reprenant une palette de mouvements qui a eu tout le temps de faire ses preuves : les différents tirs disponibles se bloquent avec le bouton "R" pour conserver de la stabilité tout en s'offrant huit directions de visée, la roulade permet des esquives pixel perfect contre bon nombre de boss, et les grenades... Ah non : il n'y a pas de grenades ! Détendez-vous : l'une des armes à débloquer fera office de lance-roquette, histoire que tout le monde y trouve son compte.

La roulette des pétoires en question reste d'ailleurs l'un des seuls points discutables de Blazing Chrome : les deux boutons de façade non-utilisés vous serviront à avancer ou reculer dans le menu de sélection, une interface qui ne sied pas vraiment à l'action ininterrompue présente à l'écran. À vrai dire, il aurait sans doute été bien plus simple de les faire défiler avec les autres boutons de tranche. M'enfin... Et si le nom de Contra semble être présent à chaque écran, Blazing Chrome pioche également ses mécaniques du côté de l'ex-constructeur SNK et sa non moins légendaire série Metal Slug : en plus des quelques méchas armés jusqu'aux dents que vous croiserez sur votre chemin, une attaque au corps-à-corps vous sauvera également de bien fâcheuses situations. Dommage ici aussi que son déclenchement ne soit pas aussi souple et automatique, ce qui ne manquera pas de vous faire hurler, la vie étant si fragile, et votre compteur limité.

A l'aise Blaze

Car peu importe finalement la difficulté choisie en début de partie (Facile, Normal ou Hardcore) : Blazing Chrome proposera quel que soit votre niveau un véritable challenge. Bien dans son époque, le jeu offre tout de même de nombreux checkpoints qui vous permettront de relativiser sur vos nombreux échecs, même si leur espacement pourra filer quelques gouttes de sueur bien méritées vers la fin du jeu. Le mode Facile permettra aux petits nouveaux de se faire la main, mais également de tester les différentes armes et leurs effets sur les (nombreux) boss et mid-boss du jeu. Ah, et de débloquer les deux personnages cachés, accessoirement. Car passés quelques runs de chauffe, les réflexes s'affûtent, les automatismes pleuvent, et les faiblesses de chaque ennemi vous donnent l'impression de faire partie du décor. Quel bonheur.

Chaque stage (dont nous tairons le nombre histoire de vous laisser la surprise) propose en plus son lot de trouvailles, et témoigne une fois de plus de l'amour des sud-américains pour le jeu vidéo des années 1990 : entre les phases en deux roues qui lorgnent sur Battletoads, la séquence vue de dos qui rappellera immanquablement un certain StarFox ou encore les deux personnages cachés qui transforment parfois l'expérience en véritable partie de Strider, tout y passe, et avec brio. La patte graphique résolument orientée pixel art fait des merveilles, et l'écran fourmille de nombreux détails : entre les nombreux scrollings qui s'accumulent et les bons gros zooms des ennemis avant qu'ils ne soient à portée de tir, le respect est une fois de plus présent à tous les niveaux.

Le Saint chrôme

Seul ou à deux, Blazing Chrome réussit également à ne pas lasser malgré une certaine brièveté, grâce à des niveaux à parcourir dans l'ordre de son choix, deux gameplays différenciés, mais aussi un mode boss rush à débloquer, ou une option Miroir assez rare pour le genre. Et après tout, pourquoi n'aurait-on pas envie de courir de la droite vers la gauche, hein ? Les mordus trouveront avec le mode Hardcore (à débloquer, lui aussi) de quoi remplir quelques soirées à l'ancienne, les fesses vissées dans un canapé, sachant que ce dernier propose des continues limités. Gare à vos fesses, donc.. Vous ne serez d'ailleurs pas trop de deux pour tester les différentes combinaisons qui s'offrent à vous : en plus des armes à débloquer, de petits robots viendront parfois vous offrir un boost d'attaque, de défense ou de vitesse, ce qui pourra radicalement changer la donne une fois l'ensemble de la palette maîtrisée.

La variété des situations est telle que Blazing Chrome s'assure d'une bonne rejouabilité auprès de ceux qui espéreront en retirer tout le jus. L'ajout de Raijin et Suhaila offre d'ailleurs une toute autre lecture, puisque vous devrez alors vous contenter d'une arme de départ orientée corps-à-corps, mais dont le DPS hallucinant compense largement la prise de risque. De quoi rappeler aux vieux joueurs que nous sommes désormais les plus belles heures passées à rincer Contra III, les checkpoints en plus...