Alors qu'un terrifiant dragon ravage son village natal, un quidam se dresse vaillamment pour lui faire face. Hélas, son acte de bravoure lui vaut de se faire embrocher par le saurien, qui s'empresse de lui dévorer le coeur avant de s'éclipser. Notre martyr se relève toutefois et, prenant la direction de la capitale, se met en chasse de la créature.

Coeur de dragon

Sorti pour la première fois en 2012 sur Xbox 360 et PS3, avant une première réédition en 2013 avec l'extension Dark Arisen, Dragon's Dogma nous met donc dans la peau d'un élu appelé à débarrasser le monde de la menace d'un dragon. Une fois n'est pas coutume, il nous est demandé très tôt dans le jeu de façonner notre avatar, à l'aide d'outils de personnalisation particulièrement poussés, afin de l'incarner au mieux selon nos inclinations. Le joueur doit alors choisir parmi les trois classes de base : guerrier, rôdeur et mage. Chacune disposant de ses propres capacités et aptitudes en combat. Malheureusement, les autres classes ne sont que des dérivées des trois précitées, qu'elles soient des classes avancées ou hybrides, et on peut regretter que cette réédition du jeu ne soit pas l'occasion d'en proposer des nouvelles plus variées.

Dans ce RPG occidental mâtiné de hack'n slash (voir le test de Tiger rédigé à l'époque), nous ne contrôlons qu'un seul personnage mais d'autres, appelés "pions", vous prêteront main forte. Ainsi, ce ne sont pas moins de trois auxiliaires de combat, contrôlés par l'I.A., qui peuvent vous accompagner tout au long de l'aventure. L'un d'eux est créé par le joueur au tout début de l'aventure, au même titre que le personnage qu'il contrôle, et les deux autres sont recrutés ou échangés selon les rencontres ou grâce à la Pierre de Faille, véritable catalogue de compagnons d'armes. Il vous revient alors de constituer l'équipe la plus équilibrée possible avant de se lancer à l'aventure.

Et la lumière fuit

Le monde de Gransys est une terre hostile et inhospitalière, où chacun peut à tout moment se faire détrousser ou mettre en charpie par une cohorte de gobelins et de loups. Loin des panoramas chatoyants d'un Dragon Age par exemple, la direction artistique de Dragon's Dogma se veut donc plus réaliste, plus austère. Cela se ressent toujours sur cette version Switch, mais les plaines et les cités de Gransys n'en demeurent pas moins aussi agréables à parcourir et à admirer, du moins sur la télé, l'expérience étant similaire à la version PS360.

En mode portable, c'est une autre histoire. Outre le fait qu'il vous faut éviter toute source de lumière extérieure sous peine de ne plus rien voir sur votre écran, notamment si vous parcourez des donjons (même avec votre lanterne), le jeu est mal optimisé pour une expérience nomade : textures franchement laides, effets de popping, quelques bugs de collision et chutes de framerate... Les deux versions proposent tout de même de jolis effets de lumière, notamment en extérieur. Enfin, même si ce n'est pas très fréquent, la caméra tend parfois encore à vriller dans les espaces confinés.

En quête du grand saurien

Si la quête principale n'excède pas la quarantaine d'heures de jeu, vous aurez fort à faire avec la myriade de quêtes annexes et fortuites proposées ; d'autant qu'au mettre titre que les affrontements, elles vous permettent d'engranger de l'expérience et de gagner en affinité avec vos pions. Ces derniers étant particulièrement volubiles, à l'inverse de l'avatar muet du joueur, les répliques ont tendance à se télescoper un peu trop souvent. Déjà particulièrement ardu (santé max déclinante, peu de zones pour se soigner, encombrement très handicapant...), le jeu invite les amateurs de challenge à débuter une partie directement en mode difficile, depuis le menu principal.

Cette réédition du titre de Capcom propose en tous points ce dont disposaient déjà les versions précédentes, à savoir l'extension Dark Arisen, accessible dès le début de l'aventure si l'on se rend à Cassardis de nuit, ainsi que le mode Speedrun. Dommage que cette nouvelle mouture ne soit pas l'occasion de mettre en avant quelques innovations de gameplay ou du contenu supplémentaire (hormis le crossover incongru avec No More Heroes, le délirant Travis étant proposé comme pion) mais la longue durée de vie du titre et le fait de pouvoir y jouer n'importe où (même si c'est mal optimisé, voir ci-dessus) peuvent justifier le passage à la caisse, surtout si c'est la première fois que vous vous lancez dans l'aventure.