Dragon Ball Heroes (DBH) est apparu dans les salles d'arcade japonaises en 2010. Et s'il a déjà eu droit à plusieurs portages, Super Dragon Ball Heroes : World Mission représente la première apparition de la licence sur les machines occidentales. Plutôt que revenir sur l'histoire bien connue de Dragon Ball, DBH ajoute un nouveau monde au lore de la licence. Dans cet univers parallèle, l'histoire et les personnages de Dragon Ball sont des figures mythologiques avec lesquelles les citoyens jouent dans le très populaire jeu vidéo Dragon Ball Heroes.

Dans cette version Switch, le joueur incarne un jeune joueur/une jeune joueuse qui fait ses débuts dans Dragon Ball Heroes. Un personnage mal intentionné va cependant perturber le monde du jeu et créer des portails qui lient le monde du jeu au monde "réel" dans lequel vit le protagoniste. Comme "de" par hasard, il va rapidement apparaître que ce dernier a des capacités spéciales qui pourraient aider à faire rentrer les choses dans l'ordre. Le héros va donc être pris sous son aile par un grand champion de Dragon Ball Heroes, le non moins "mystérieux" Great Saiyaman 3, qui semble en savoir bien plus sur la situation qu'il ne le laisse entendre et qui va permettre au héros de se téléporter dans le jeu. Voilà dans les grandes lignes la base de l'intrigue de Super Dragon Ball Heroes : World Mission. Si elle ne gagnera certainement pas un BAFTA, elle a le mérite d'être inédite et de coller avec le gameplay du jeu.

À noter qu'en plus de ce mode Histoire qui demande plusieurs dizaines d'heures pour être bouclé à 100%, Super Dragon Ball Heroes : World Mission permet également de découvrir des versions résumées des intrigues des précédentes itérations de Dragon Ball Heroes via le mode Arcade. Si on ajoute à ça, le mode Tournoi et les modes Multijoueur, alors il apparaît que le jeu de Bandai Namco Entertainment donne largement de quoi faire.

Nouvelle façon de jouer

Super Dragon Ball Heroes : World Mission met le joueur occidental fan de Dragon Ball face à un type de gameplay différent de celui de toutes les adaptations de la licence sorties sur consoles et PC en Europe et en Amérique du Nord jusqu'à présent. Il est ici question de combats au tour par tour opposant deux équipes composées au maximum de sept personnages. Entre chaque tour (chaque combat se déroule en cinq tours maximum), le joueur déplace ses personnages, représentés sous forme de cartes, sur un plateau découpé en quatre zones. La zone la plus proche de l'équipe adverse permet de réaliser le plus de dégâts mais consomme plus d'endurance, tandis que la zone la plus éloignée, met les personnages au repos et leur permet de regagner de l'endurance. Un personnage à court d'endurance envoyé au combat sera beaucoup plus fragile. Sachant que la combinaison la plus puissante à un tour donné attaque en premier, et que l'équipe dont la barre de vie arrive à zéro perd le combat, il est important de jouer stratégiquement, de bien choisir son deck et de faire fréquemment bouger ses combattants.

Ici, choisir son personnage est presque moins important que de se pencher sur les capacités rattachées à chaque carte. Car s'il existe de nombreuses cartes pour Goku, elles n'ont pas toutes la même utilité. Certaines permettront par exemple au héros de se transformer en Super Saiyajin en cours de combat et ainsi gagner en puissance, tandis qu'une autre lui permettra de lancer un Genkidama après un round, de fusionner avec Vegeta, ou de réaliser une attaque en équipe avec un autre protagoniste. Et dans certains cas, les capacités associées à une carte permettent d'invoquer un autre personnage, de récupérer de l'énergie ou de demander à Shenron d'exaucer un voeu. Les possibilités sont extrêmement nombreuses et chaque carte dispose de ses propres techniques de combat et capacités. Il est donc nécessaire de faire des essais pour se constituer son deck idéal et optimiser son attaque. En termes de stratégie, Super Dragon Ball Heroes : World Mission ne se moque clairement pas du monde.

Akihabara dans son salon

En Arcade, les parties se déroulent sur des bornes composées d'un écran et d'un plateau connecté sur lequel les joueurs placent et déplacent leurs cartes. Sur une Switch utilisée en mode portable, les deux parties de la borne originales sont regroupées sur un seul et même écran. L'écran tactile peut être utilisé pour déplacer les cartes ou activer les événements au doigt. Pour les réfractaires au jeu tactile, il est également possible de jouer de manière traditionnelle en utilisant les Joy-Con ou une manette. Lorsque la console est reliée à un écran de télévision, le côté tactile disparaît logiquement et il devient nécessaire de jouer avec les Joy-Con ou avec une manette. Pour votre serviteur, le jeu en mode portable procure des sensations plus proches de l'Arcade que le jeu en mode console de salon de par l'utilisation de l'écran tactile que la Switch rend possible en mode portable. Le jeu est cependant agréable à jouer d'une façon comme de l'autre.

Comme indiqué précédemment, Dragon Ball Heroes est à la base une série venue des salles d'arcade japonaises. Dans les salles d'arcade, et plus particulièrement au Japon, il est important d'attirer et de conserver l'attention des joueurs. Il faut donc qu'il se passe toujours quelque chose à l'écran. Dans le jeu cela se traduit par des événements fréquents en cours de combat qui nécessitent de réagir rapidement et d'effectuer des actions bien précises. Le tout, bien évidemment accompagné de grosses annotations colorées. Pour transformer Goku enfant en Ôzaru par exemple, il est nécessaire de faire des mouvements circulaires avec un curseur pour remplir une jauge. Pour réaliser une fusion "manuelle" en revanche, il est nécessaire de faire une succession de déplacements de cartes sur la zone de jeu. Là ne sont que deux exemples. Toutes ces interruptions dans le gameplay "normal" du jeu contribuent à retranscrire les sensations ressenties par les joueurs japonais dans les salles d'arcade. De par sa mise en scène et son gameplay, cette version Switch de Super Dragon Ball Heroes : World Mission est authentique et même dépaysante pour un joueur occidental. Et on ne va pas s'en plaindre. Bien au contraire.

Dragon Ball de A à Zetto

Un élément de Super Dragon Ball Heroes : World Mission qui ne manquera pas d'attirer l'attention des fans de Dragon Ball est l'immense nombre de personnages présents dans le jeu. Avec plus de 1.100 cartes pouvant être obtenues au fur et à mesure dans le jeu, la possibilité de briller est également donnée aux personnages les plus obscurs. Bien évidemment, certains protagonistes, comme Goku et Vegeta, sont bien plus représentés que d'autres comme Akkuman ou le Général Blue. Mais le jeu donne de quoi sourire même aux fans les plus hardcore de Dragon Ball. En effet, la plupart des mythologies rattachées à la licence sont ici représentées (avec les impacts sur les tenues et les techniques que ces différentes époques et mythologie impliquent) : Dragon Ball, Dragon Ball Z, Dragon Ball GT, Dragon Ball Super, Dragon Ball Xenoverse et, of course, Dragon Ball Heroes.

Si certains fans risquent de grincer des dents en voyant certains personnages et transformations présents dans le jeu, il faut garder à l'esprit que Dragon Ball Heroes se déroule dans un monde séparé de la chronologie canonique dans lequel le fan service est totalement débridé et décomplexé. Si, comme votre serviteur, vous êtes plus intéressés par des personnages trop souvent délaissés comme Tenshinhan et Yamcha, libre à vous de composer des decks qui les mettent en avant. Mais si votre truc, c'est la débauche de puissance et de transformations, il est également possible de faire de vos decks la foire aux Saiyajin.

Carddass à volonté

Et, pour aller encore plus loin et rallonger une durée de vie déjà conséquente, le jeu permet également de créer ses propres cartes à l'aide d'un moteur à la fois complet et simple d'accès. Tout peut ici être personnalisé, qu'il s'agisse de la partie esthétique de la carte : personnage(s), décor, cadre, effets, etc., ou de la partie pratique (effets en cours de combat) : type de combattant, puissance, techniques de combat, compétences ou encore personnages associés. Même un joueur qui évite généralement les modes de création présents dans le jeux peut ici se laisser prendre au jeu (surtout quand la possibilité lui est donnée de créer des cartes mettant en scène ses héros ou méchants favoris). Logiquement, tous les éléments de création ne sont pas utilisables d'emblée. Il faudra donc les acheter avec la monnaie in-game gagnée au fil du temps. En parallèle à l'outil de création de cartes, le jeu donne également la possibilité de créer ses propres missions. Et comme partager, c'est bien, ces créations peuvent être partagées en ligne avec d'autres joueurs. De quoi donner une durée de vie illimitée au jeu en somme.

Pour terminer, un mot sur la réalisation de Super Dragon Ball Heroes : World Mission, ce qui est très certainement le point faible du jeu. À ses débuts, le jeu d'Arcade Dragon Ball Heroes utilisait une version modifiée du moteur de la série des Budokai. Et ce dernier est resté au coeur de la réalisation des jeux de la série pendant de nombreuses années. Cette série datant de l'ère PS2, ses graphismes paraissent logiquement dépassés aujourd'hui. Sur Switch, il apparaît que les graphismes ont été légèrement affinés. Mais le jeu reste malgré tout loin de ce qui se fait actuellement de mieux en matière de jeux tirés de mangas (certains plans sont affreusement aliasés). Même si ces graphismes choqueront certains joueurs, pour les personnes qui attendent de pouvoir s'essayer à la licence Dragon Ball Heroes depuis des années, cette désuétude contribue presque à l'authenticité de l'expérience.

Il pleut des chats et des chiens

Le vrai problème dont souffre Super Dragon Ball Heroes : World Mission se situe au niveau du travail de localisation effectué. Tout d'abord, les nombreux commentaires liés à l'interface du jeu effectués par Trunks ou Goku n'ont tout simplement pas été traduits. Au cours d'une partie par exemple, Trunks n'arrête pas de s'adresser au joueur en Japonais sans qu'il soit expliqué au joueur ce qu'il est en train de dire. Heureusement, les explications textuelles présentes à l'écran sont suffisamment nombreuses et explicites pour ne pas perdre le joueur lors des premières parties.

L'autre souci lié à la localisation se trouve dans la traduction des dialogues du mode Histoire. Il arrive en effet que les personnages sortent des phrases qui n'ont tout simplement aucun sens. Et ce n'est pas tout. Il apparaît également que la version française du jeu a été réalisée à partir de la traduction en Anglais du jeu original. Malheureusement, les personnes qui se sont occupée de ce travail ne maîtrisaient pas totalement l'Anglais parlé par les Américains. Certaines expressions et autres façons de parler typiquement américaines ont été traduites littéralement et insérées telles quelles dans les dialogues du jeu, pour un résultat parfois étrange.

Les puristes noteront également que les personnages emploient régulièrement une manière de parler qui ne correspond absolument pas à leur manière de s'exprimer dans le manga ou l'anime. Dans un jeu qui est une sorte de célébration de tout ce qui touche à Dragon Ball, c'est un peu de dommage. Proposer un titre comme Super Dragon Ball Heroes : World Mission en occident devait être un pari commercialement risqué pour Bandai Namco Entertainment et il semblerait que l'éditeur se soit contenté du minimum à ce niveau. Heureusement, le concept, le gameplay et l'ambiance du jeu permettent de passer outre ces problèmes. Si l'éditeur décide de retenter l'expérience à l'avenir, il lui faudra cependant améliorer sa copie à ce niveau.