Alors que vous vous relevez à peine d'une gestion de crise à New-York, voici que c'est la capitale des Etats-Unis elle même qui est en proie à une épidémie qui sème le chaos. On retrouve donc un virus dont l'origine reste incertaine, trois factions (Les Hyènes, les Parias et les True Sons) qui se disputent des territoires divers et une organisation de la ville sous forme de zones capées en levels que ne renierait pas un bon vieux MMO des familles. En tant que membre de la Division, c'est vous qui allez devoir rebâtir une structure permettant de rétablir un semblant d'ordre dans la ville. La JTF est bien sûr toujours sur les rotules, mais heureusement, les gentils savent s'organiser.

C'est l'histoire de ma guerre

The Division 2 dispose toujours d'un background solide pour qui souhaite profiter d'un scénario très dense en événements. Toute la partie solo qui s'offre au joueur sert à camper le décor d'une aventure qui se poursuivra sans aucun doute en ligne avec des amis. En attendant, c'est un périple de 20 à 30 heures qui s'articule autour de missions principales, explorations et autres rencontres secondaires (vous serez obligé de les compléter pour arriver au niveau max). Outre vous immerger dans l'ambiance du jeu, cette histoire sert à déterminer votre style de jeu et à comprendre tous les mécanismes de gameplay. Les dialogues sont nombreux, les lignes de scénario multiples, c'est du travail propre et soigné, même si le manque de cohérence classique du jeu vidéo reste présent (on arrive dans une zone ravagée par une attaque chimique et encore fumante, tranquille, sans tousser le moins du monde par exemple).

The Division 2 c'est toujours un monde "ouvert", mais qui sera malgré tout cloisonné. Si vous n'avez pas de barrières physiques entre les zones, le niveau des adversaires qui se promènent sert naturellement de garde-fou. Allez vous balader dans une zone avec des mobs qui vous surclassent et c'est la fessée assurée. Une dizaine de districts avec des ambiances variables sont proposés. Ainsi, si vous avez l'impression d'être libre de vos mouvements, votre progression est guidée sur le chemin qu'ont tracé les développeurs. Vous aurez de toute manière besoin de cela pour ne pas être un boulet en équipe.

Les planques sont toujours autant de points de ralliement qui servent aussi bien à réapparaître en cas de décès inopiné, qu'à faire le plein de munitions (automatiquement désormais), ou à réorganiser l'inventaire. Ils sont maintenant alternés avec des refuges. Un refuge, c'est une organisation qu'il faut améliorer en y ramenant des objets, des matériaux et en réussissant des missions qui sont relatives à son district. Ces refuges évoluent graphiquement et vous apportent plus de choses une fois que vous aurez aidé leurs occupants. C'est bien vu, car cela casse le côté automatique et FedEx, des quêtes qu'on vous propose habituellement. Ce que vous faites ne change pas qu'une statistique sur votre feuille de personnage, mais aussi le monde qui vous entoure.

Suivez le guide !

D'ailleurs ce monde, parlons-en un peu. Il est magnifiquement déprimant. Comprenez qu'il est très réussi dans la vision que l'on pourrait avoir d'une ville soumise à une guerre civile. De nombreuses astuces sont utilisées pour maintenir l'attention du joueur tout au long des déplacements. On garde toujours l'oeil ouvert pour récupérer des ressources nécessaires au ravitaillement. En route pour une destination définie, on s'arrête pour venir en aide à des civils sur le point de se faire exécuter. On repère un magasin, ou un restaurant qui pourrait regorger de choses intéressantes. Cet autre immeuble a l'air très intéressant à explorer aussi... Sans cesse, des éléments attirent l'oeil et si le bond graphique n'est pas délirant entre le premier et le second volet, le moteur Snowdrop fait parfaitement le boulot. Le souci du détail est poussé encore plus avant avec une localisation des dégâts qui a une incidence réelle sur l'aspect des protagonistes. On change de plaque de blindage, plutôt que de s'injecter une seringue pour gagner de la "vie", on voit clairement les casques, les masques et le blindage des adversaires se briser lorsque leur jauge arrive à zéro.

On peut cependant reprocher à The Division 2 de perdre un petit peu en charisme par rapport à son prédécesseur. L'ambiance générale ressentie pendant les premières heures de jeu est plus à la baston et s'il y a effectivement des zones nimbées de brouillard, on est moins transcendé par les jeux de lumière qui sont proposés ici.

En attendant et à propos des ambiances, les 10 districts de Washington ont tous des thématiques principales. La Maison Blanche, Le Musée de l'Air et de l'Espace, le Lincoln Memorial sont autant de lieux historiques qui permettent de jouer avec des atmosphères de batailles. On se retrouve par exemple aussi bien à mitrailler dans une rue jonchée de détritus, que sur une reproduction spatiale lunaire ou carrément dans un planétarium. On peut aussi avoir une ambiance très Viêt-Nam dans un musée qui en reproduit l'environnement. Cela apporte assez de variété dans un jeu au gameplay plus que répétitif.

Cache-cache tactique

Concernant les affrontements, on se retrouve en terrain archi-connu. L'IA des trois factions est globalement la même et la gestion des menaces similaire. En solo, le but principal est toujours de ne pas se faire déborder et de tenter soi-même de prendre les adversaires par les flancs en visant la tête. Avant de faire feu, s'assurer que les abrutis qui foncent tête baissée avec un fusil à pompe ou une hache pour taper au corps à corps soient soignés comme il se doit. Puis, il faut se déplacer de couverture en couverture pour trouver le meilleur angle et le meilleur support.

Selon votre style de jeu, vous pourrez faire appel à divers bonus aux cooldowns variables (et modulables en fonction de votre avancée). Dans un premier temps, ils seront principalement offensifs avec les déjà connues tourelles et mines guidées, puis ils passeront sans doute dans un domaine plus lié au support et aux améliorations d'équipe si vous jouez entre amis.

Globalement, vous n'aurez pas trop de difficulté à gérer l'adversité en gardant toujours à l'esprit qu'il faut se protéger et protéger à la fois ses arrières et ses flancs. L'IA ne cesse de vouloir vous déborder, mais le fait de façon très stéréotypée. Seuls quelques boss nécessitent plus de finesse pour atteindre leurs poins faibles et taper là ou cela fait le plus mal (souvent la tête). Mais la différence notable concerne le blindage localisé des boss qui une fois détruits les rend très vulnérable. Ces phase sont donc plus tactiques et il ne s'agit plus seulement d'infliger un maximum de dommages.

Votre style de jeu sera également affecté par le type d'arme que vous aurez choisi. Cherchez-vous le corps à corps avec du fusil à pompe, ou au contraire de la distance avec du snipe ? Ce sera fonction du terrain de jeu que vous aurez en face de vous, car The Division 2 propose un très joli panel de situations tactiques sans oublier la notion de verticalité. Il faut jouer avec le terrain et c'est ce dernier qui commandera vos déplacements. Non, on ne se balade pas avec une lunette X12 en intérieur...

Plus agréable et plus fluide

Les équipes de Massive ont bien entendu profité des retours du premier volet pour ajuster le tir et faire quelques modifications. La prise en main des personnages et le côté TPS n'ont pas changé. Il y a toujours cet aspect pataud qu'il faut gérer et qui rappelle un peu les déplacements de Gears of War. Cela peut donner lieu à des situations pénibles où on tourne le dos à l'adversaire au lieu de lui faire face. Rien n'a changé de ce côté.

En revanche, on note tout de même de nombreux petits points qui fluidifient l'expérience, comme les ravitaillements de groupe par exemple. Il n'est plus nécessaire que chacun passe sur la caisse pour faire le plein de munitions. Quand c'est fait, c'est fait pour tout le monde. Plus besoin de faire la queue bêtement.

Concernant l'équipement vous avez maintenant la possibilité d'avoir plusieurs configurations de combat. Ceci vous permet de vous adapter lorsque vous décidez de donner la priorité à vos capacités offensives, de prendre l'aggro, de faire du soutien ou, par exemple, de vous équiper d'un max d'éléments pour faire mal spécifiquement aux Boss. Les longues séances de reconfiguration, c'est terminé.

La Dark Zone est maintenant bien moins frustrante, car le nombre de joueurs autorisés dans une instance est moins important et les malus de passage en mode renégat plus pénalisants. La tension est toujours élevée, mais il y a moins (pour le moment) de séquences passées à se faire démonter systématiquement lors d'une incursion dans ces espaces. Si vous avez vraiment envie de vous fritter en PVP sans préavis, il y le mode conflit, qui répond sans doute à la demande d'une frange de joueurs, mais qui dénature quelque peu la philosophie globale, en proposant des affrontements 4vs4 en arènes fermées. Toujours est-il que la Dark Zone est maintenant plus accessible et bénéficie même de petites missions d'introduction en PVE.

Dans la pénombre, on ne peut compter que sur ses amis

The Division 2 est pensé comme un jeu/service. Si la campagne principale peut évidement se jouer en équipe de 4 personnes (pratique aussi pour aider des camarades à gagner rapidement des niveaux), c'est après le endgame que la partie commence vraiment. Une nouvelle faction arrive, encore plus forte et avec de nouveaux challenges qu'il faut relever à plusieurs pour en venir à bout. A vous les soirées à partager l'aggro d'un boss pour laisser vos partenaires lui défoncer ses points faibles. Il y a de la tactique dans l'air et c'est tant mieux.

Et la course à l'échalote commence. C'est le matériel, le stuff, l'équipement, qui va motiver vos pérégrinations pour dropper la meilleure arme, le meilleur mod ou les meilleurs éléments pour fabriquer vous même votre matos. Cappé pour le moment au level 30, le personnage se voit attribuer un niveau d'équipement en fonction de la qualité de ce qu'il porte. On peut d'ailleurs noter à ce propos que les commerciaux d'Ubisoft n'ont pas perdu le nord en proposant du matériel qui existe réellement dans le domaine des affrontements armés et dans le secours en situation tactique. On retrouve ainsi des marques phare comme 5.11 ou des sets d'armes spécifiques. Vous pourrez cumuler des bonus en vous équipant en mono-marque ou en réunissant un set complet.

Pour gérer ce matériel, il faut toujours passer un temps non négligeable entre la réserve et l'inventaire du personnage afin d'en optimiser les performances, choisir de le vendre ou le démanteler pour récupérer des matériaux. Comme chaque joueur peut avoir des objectifs différents, il y aura moult façons de voir comment en tirer le meilleur. La navigation dans ces éléments est agréable et bien fichue. Prévoyez quelques discussions enflammées avec vos amis pour savoir quelle sera la meilleure arme et le meilleur équipement pour une situation donnée.

C'est ici que The Division 2 sera jugé sur le moyen et le long terme pour durer dans le temps. Trois DLC (gratuits) sont à venir avant la fin de l'année et il sera intéressant de voir de quelle manière cela fera évoluer l'ambiance et le gameplay. On peut sans doute lui reprocher de trop ressembler au premier et d'user de mécanismes déjà éculés en ne faisant que les raffiner. Sauf que malgré quelques bugs sans doute imputables à sa complexité (oui, vous pouvez encore rester bloqué dans des détritus), il entre dans la catégorie des classiques culinaires qu'on aimera toujours... On ne va pas reprocher à une pizza d'être bonne ou à des pâtes d'être cuites al dente. C'est pareil avec The Division 2, qui habille très bien des concepts classiques du RPG et du TPS pour proposer des moments épiques entre potes. Est-ce que ce n'est pas ça finalement prendre plaisir avec du jeu vidéo ?