Devil May Cry. Voilà un doux nom qui fait rêver une certaine frange de joueurs adeptes de bastonnades en 3D contre des armées d'adversaires tous plus moches les uns que les autres. Et si vous faites partie de cette catégorie, et que vous êtes en train de lire ce test, sachez qu'il se pourrait bien - spoiler - que le retour de la licence avec son cinquième épisode soit une réussite. Voyons cela tout de suite, je vous prie.

S'il est une chose dont vous avez dû vous rendre compte au premier regard, c'est que Devil May Cry 5 abandonne le design pourtant séduisant de DMC : Devil May Cry pour revenir à quelque chose de plus classique qui sera la suite directe... de Devil May Cry 4, évidemment ! On y retrouve les deux héros du quatrième épisode, Nero, mais aussi Dante qui récupère sa tignasse d'un blanc parmi les plus purs. Vient se greffer V, un petit nouveau qui fera office de troisième larron jouable. La formule demeure identique, on avance des les niveaux, on se retrouve coincé dans une zone définie et on latte des ennemis par palettes de 12 pour tenter de faire le plus gros combo possible avant d'avancer à la suivante ! Pour cela, il faudra toujours essayer de varier le plus possible ses attaques, tout en changeant d'armes ou de style.

Deal with the devils

Trois personnages jouables, cela signifie bien évidemment trois jouabilités différentes. Pour ce qui est de notre jeune chasseur de démons, Nero, on reste sur quelque chose d'assez classique même si la formule à un peu évolué : le Devil Breaker se brise si on se fait toucher pendant son utilisation ou qu'on le sacrifie pour en faire une bombe. Leur nombre est limité dans l'inventaire, on en trouve au sol et dans la boutique, et ils possèdent tous un coup spécial aux effets variés. Le design de certains est vraiment décalé, et ça s'intègre bien dans l'esprit un poil nanardesque du jeu. Pour le reste, Nero possède toujours un pistolet et une épée, tout comme la possibilité de se servir de son bras comme d'un grappin pour ramener les ennemis vers lui. Le concernant, tous les voyants sont au vert, on prend du plaisir à comboter ses ennemis.

Avec Dante, là encore, on reste sur quelque chose de très classique mais qui a fait ses preuves. Plusieurs armes de corps à corps sont disponibles, avec une épée, des nunchakus, des poings d'acier, et même une... moto ! L'attaque à distance n'est pas en reste avec là encore 4 slots d'armes ou l'on pourra retrouver des pétoires allant du pistolet au lance-roquettes. Et pour couronner le tout, Dante peut choisir 4 stances qui lui offrent autant de palettes de coups spéciaux différents : l'esquive pour le Trickster, des attaques de folies au corps-à-corps avec le Swordmaster, des tirs chargés avec le Gunslinger et cerise sur le gâteau, une défense impénétrable et intraitable avec la Royal Guard. On peut bien évidemment toujours se transformer en démon pour des attaques et des dégâts boostés. La jouabilité offerte par Dante est une franche réussite, il ne faut pas perdre ses nerfs et bien varier ses combos avec toutes les possibilités offertes par le système pour viser le combo SSS !

SSStylisssh !

Le SSS, le petit nouveau nommé V, il l'a facile. Il tombe toujours assez tranquillement sous les coups répétés et dévastateurs de ses 3 compagnons qui se battent pour lui, un aigle qui attaque à distance, un gros félin au corps à corps, et un énorme golem qui sème chaos et désolation sur son passage. Le petit est bien mobile pendant les phases d'exploration, mais bien moins dans les combats, et il faudra jongler avec l'esquive et les contrôles de ses camarades, tout en lisant son livre pour pouvoir appeler le golem plus vite. On appuie sur de multiples boutons un peu partout sur la manette, parfois de façon poulpesque, et on sent le pouvoir du contrôle de ses marionnettes au bout de ses doigts. On doit par contre soi-même exécuter les ennemis une fois leur jauge de vie brisée, ce qui s'avère franchement jouissif. La jouabilité de V est une franche réussite, on a vraiment pris pas mal de plaisir à défourailler tous nos ennemis avec lui.

En termes de beat'em all à l'ancienne, vous l'aurez compris, DMC 5 fonctionne à merveille et il fait ce qu'on attend de lui. Seule ombre au tableau : la caméra se montre - parfois - un peu capricieuse. Pour profiter de toutes les bonnes choses côté action, vous aurez à votre disposition une campagne composée de 20 missions, certaines étant rejouables avec un autre personnage, sur un autre chemin. D'ailleurs, fait amusant, ces séquences profitent d'un multi asynchrone où vous voyez un autre joueur combattre un peu plus loin. Certaines séquences, vers la fin du jeu, proposent même de la vraie coopération. Et à la fin du niveau, on peut envoyer un Stylish à son compagnon pour qu'il gagne une orbe dorée. Comptez environ une quinzaine d'heures pour en voir le bout sans trop mourir ni recommencer pour un premier run. En effet, je n'ai pas trouvé le jeu si difficile que ça en Normal - ma preview aidant très probablement - mais comme on dit par chez moi quand on parle de beat'em all : "ce n'est qu'à la fin de la première partie que le jeu commence vraiment". Et pour contenter les plus hardcores des gamers, plusieurs difficultés sont au programme, que l'on pourra vaincre en acquérant toutes les capacités de nos héros au fil des parties. A ce propos, en "post game", un des héros gagne un avantage significatif pour la suite...

Un final Dante-sque ?

Des missions secrètes aux objectifs variés sont aussi au programme, et si c'est pour l'instant "tout" ce que l'on aura à se mettre sous la dent question phases de gameplay, on sait déjà que comme pour RE7, RE2 ou Monster Hunter World, Capcom va refiler du contenu gratos à tous ceux qui auront acheté le jeu, via une mise à jour. Et ici, ce sera le palais sanglant qui devrait mettre votre skill à rude épreuve, même si le succès de ce mode et le plaisir d'y jouer nous sont pour le moment encore inconnus. Pour les joueurs du dimanche qui voudraient juste s'asseoir et profiter de combos de folie sans réfléchir, un mode automatique est disponible. Il suffira de presser les boutons un peu n'importe comment. Quand au bestiaire, ce dernier est au final assez diversifié, avec du classique et de la nouveauté, mais les Boss sont au final plutôt faciles en Normal, et pas si nombreux que ça.

Question scénario, il ne faudra pas non plus trop attendre de la part de DMC 5. L'histoire se montre déterminante dans la chronologie de la saga, ce qui devrait plaire aux fans. Mais elle est au final peu étendue et avance avec un faux rythme du à l'alternance des protagonistes et de la vision de leurs destinées en parallèle. Le tout s'accélère sur la fin, avec de bons gros twists des familles - votre serviteur n'avait rien vu venir - mais le final pourra en faire rager et frustrer plus d'un de par une certaine légèreté, des enjeux en chute libre et un goût d'inachevé. Le tout est narré via des cinématiques dans le moteur du jeu, qui sont légion, très décalées, et qui peuvent même être remplacées - si on à payé la version deluxe - par des versions avec de vrais acteurs dans des costumes en carton-pâte, le tout ayant probablement servi de "story board animé" pour les vraies. Question décors, là encore, pas de quoi s'enflammer. Deux types seront principalement au programme : une ville qui ressemble étrangement à Londres et ses environnements urbains, mais aussi une antre démoniaque fait de matières organiques dégueulasses.

Player May Cry

On notera tout de même l'exécution de quelques scripts qui changent le décor en mode jeu de baston, assez stylés. On pourra aussi couper quelques plus petits éléments bien nets, un peu comme dans Metal Gear Rising Revengeance, mais en moins impressionnant. Devil May Cry 5 est bien plus old school, décalé, mais moins spectaculaire qu'un Bayonetta 2, qui enchaînait les claques, mais on prend tout de même un pied fou en sa compagnie, avec ses trois héros à la jouabilité bien différente et prenante au possible. Et au final, ça fonctionne mieux que l'aller-retour de DMC4 ! Les trois protagonistes possèdent des forces inégales dans le scénario, en jeu il est plus difficile de les constater. Nero est plus beau dans la défaite, moins naïf et énervant ; Dante toujours égal à lui même et ça fait plaisir de le retrouver avec ses vannes ; V, le petit nouveau, ne manque pas de charisme malgré son look d'ado gothique. Avec ses héroïnes, le jeu n'est pas avare en fan service. Nico, qui tient la boutique, est un personnage charismatique avec son accent british si spécial, mais Lady et Trish sont là uniquement pour épater la galerie.

Dernière note : sachez que le jeu se comporte un peu moins bien sur les premières générations de nos consoles de... dernière génération. Sur Xbox One S, le jeu n'était pas si fluide que ça, notamment dans les cinématiques, ni très net. Un léger flou généralisé semble être de la partie, mais l'ensemble reste tout de même assez beau. En revanche, sur PS4 Pro, qui fait parfois un bruit d'avion de chasse au décollage, on est sur quelque chose de très proche par rapport à ce que l'on avait avait observé lors de notre preview sur un Devkit Xbox One X : le jeu bouge avec fluidité et se montre bien plus fin en termes de graphismes, et ça flatte vraiment la rétine, DMC 5 étant un beau jeu. Capcom continue de faire du bon boulot après le remake de Resident Evil 2.