L'intrigue abracadabrantesque qui sert de prétexte à cette soit-disant guerre du siècle, en l'occurrence "Batailler dans l'espoir de réécrire sa propre histoire", a au moins le mérite de justifier l'importance donnée ici à la littérature. Car les livres renferment à la fois les régions d'Imago à découvrir belliqueusement, tome après tome, ainsi que les différents chapitres de quêtes scénarisées narrant le périple des principaux personnages, sans oublier les cartes pour confectionner ses decks. Ceux-ci peuvent comporter divers sorts, des larbins de toutes sortes, et des héros, choisis parmi un florilège d'énergumènes tirés des contes traditionnels, que revisite non sans dérision IGA. Sa participation au character design, talentueuses illustrations de Ryota-H à l'appui, se montre d'ailleurs plus marquante que celle de Yasunori Mitsuda pour la bande son, majoritairement signée Shunsuke Tsuchiya et dans l'ensemble assez générique. Malgré tout, cette mixture au parfum japonisant prend plutôt bien, grâce à son gameplay efficace.

Cercles concentrés

Revolve8 s'inspire globalement des principes du tower defense, agrémentés de cartes évolutives pour gérer les combats, à terminer (théoriquement) en trois petites minutes. Évidemment ces ingrédients ne sont pas de toute première fraîcheur, pourtant la combinaison d'affrontements délibérément brefs, avec des ressources méticuleusement optimisées (huit cartes par deck), suscite une formule aussi limpide a priori que redoutablement élaborée à terme. Si l'aspect tactique joue bien entendu un rôle prépondérant lors de la composition des decks en fonction de la structure du terrain et de la teneur de l'adversité, le timing constitue l'élément fondamental durant les batailles, passées à scruter la jauge d'encre, a fortiori pour le déclenchement millimétré des pouvoirs spécifiques des héros, capables de retourner le cours des hostilités, y compris à la dernière seconde. Par conséquent, leur montée en niveau s'avère mathématiquement le nerf de la guerre pour éviter les situations de blocages, récurrentes le cas échéant.

Héroïques fantaisies

Inévitable contrepartie à la concision de cette recette, on se sent un peu à l'étroit dans ces arènes. De même, les personnages ne manquent pas de caractère, mais avec une quarantaine de cartes au total, dont la moitié de guerriers, les possibilités de formations d'équipes se révèlent limitées, du moins pour le moment. Naturellement le contenu devrait s'étoffer au fil du temps, et Sega fait preuve de générosité pendant cette période de lancement, en offrant chaque jour un grimoire - autrement dit une loot box. En outre les nombreuses missions garantissent déjà une solide durée de vie, en sus de l'ascension de onze ligues en PVP. Le modèle économique de Revolve8 ne paraît donc guère oppressant en l'état, même si l'ouverture des bouquins cadeaux nécessite d'y revenir régulièrement, afin de les déverrouiller un à un moyennant quelques heures d'attente. Un tribu raisonnable pour arriver au bout sans dépenser le moindre centime, cependant l'achat de montagnes de gemmes, proposées à un tarif relativement élevé, facilite considérablement la tâche. Il faut bien que les affaires tournent !